Le tribunal de Daloa vient de mettre sous l'éteignoir certains auteurs des actes de vol à main armée en réunion et de tuerie perpétrés dans le département de Zoukougbeu. Les nommés Bakayoko Mamadou, 40 ans, chauffeur de taxi à Guessabo, et Konaté Tchima, 39 ans, maçon de son état, ne pourront plus écumer leurs victimes. Ces deux dangereux individus, après leurs activités professionnelles du jour, se déguisaient en chasseurs traditionnels communément appelés ''dozo'' pour opérer la nuit. C’est dans cette mission indélicate qu’ils ont été reconnus par l’une de leurs victimes, qui les a dénoncés auprès des éléments de la brigade-ville de Daloa. Lesquels n'ont pas eu du mal à les repérer et à les arrêter pour les conduire devant le tribunal de 1ère Instance de Daloa, chef-lieu de Région. Le mardi 10 avril dernier, Bakayoko Mamadou et son comparse Konaté Tchima, ces deux faux dozos, ont été jugés et condamnés chacun à purger une peine de 20 ans d'emprisonnement pour les délits commis et avérés. Comme sur Bleu Emmanuel, l’une de leurs victimes. Un père de famille de 8 enfants originaire de Man que nous avons rencontré le jour du jugement à Daloa, portant encore aux poignets les traces des cordes avec lesquelles il a été ligoté par ses bourreaux et de larges entailles au dos, témoignant clairement du supplice qu'il avait subi, indique avoir échappé à la mort à Guessabo où il vit avec sa femme et ses enfants. Contrairement au jeune Gbagba Nounoudé, tué récemment et dont les parties intimes avaient été enlevées, ce natif de Gotongouiné (dans le département de Man), a pu sortir des griffes de ses tueurs le 29 mars 2012 pour témoigner aujourd'hui. «Je devrais mourir comme Nounoudé mais Dieu ma sauvé. Quand Bakayoko et Konaté sont arrivés en tenues de dozo chez moi, le 29 mars 2012 entre minuit et 1h30 du matin, ils m’ont menacé et m'ont dépouillé de la somme de 251.000 F.CFA; l’argent de tontine que j’avais gardé dans ma maison, avant de m’intimer l’ordre de les suivre pour aller me tuer. C’est ma femme qui depuis la chambre, communiquait avec le chef Sanogo des FRCI pour l’informer de ce que j'étais en danger de mort. En même temps que Gbagba Nounoudé, qui a été le premier à être exécuté en ma présence, au carrefour de Guessabo, les deux hommes se sont acharnés sur moi. J’avais les deux mains fortement ligotées. J'’étais impuissant et incapable de me défendre, totalement à leur merci. Pendant ce temps, ma femme continuait d'insister auprès du patron des FRCI pour voler à mon secours. Le chef Sanogo, sur insistance de ma femme, a lancé la recherche et est arrivé à temps sur le lieu où j'étais tenu en maître, pour intervenir et me libérer. J'étais couvert de sang à la suite des coups portés dans mon dos. Ils ont tenté sans succès de me découper. Je connais bien Bakayoko. C’est un ami, il est chauffeur de taxi ''wôrô-wôrô'' (sic). Il fait la ligne de Guessabo au pont du fleuve Sassandra. Lui et Konaté ont tout fait pour me tuer mais ils n’ont pas pu». Ainsi, la victime ayant reconnu ses bourreaux, n'hésitera pas à les dénoncer auprès de la gendarmerie. Les deux malfrats ont été aussitôt arrêtés. Leur forfait établi devant la justice, ils iront justifier de ces crimes entre les quatre murs de la maison d'arrêt de Daloa d'où, écroués par le tribunal de ladite ville, ils ne sortiront qu'à une âge de sagesse. L'un pour couronner ses 60 ans, l'autre pour jouir de sa 59ème année. En leur absence, les fins limiers de la gendarmerie de Daloa sont toujours à l’œuvre pour démanteler le réseau des malfaiteurs, qui sèment la mort sans pitié dans la région.
Marcel ZEPRE
Marcel ZEPRE