Ambiance, émotion et peur étaient au rendez-vous le mardi 10 avril à Gomon, situé à 13 Km de Sikensi et environ 85 Km d’Abidjan. La raison : la population de ce village a célébré la fête de ‘’Dipri’’. Cérémonie traditionnelle, religieuse, mystique, faite de danses et de chants, qui représente pour le peuple Abidji l'essence de son existence.
Les allergiques au sang n’avaient pas leur place dans la longue ruelle du village de Gomon. Théâtre de la grande démonstration de force mystique effectuée par les initiés du Dipri. Une importante fête traditionnelle pour le peuple Abidji. Sous la conduite du chef de terre, Mandoh Pascal et avec la bénédiction et la direction du vieux Sahin N’Guessan dit ‘’Président des affaires bizarres’’, les différents groupes d'initiés ont fait vibrer les visiteurs. Surtout ceux qui y étaient pour la première fois. « C’est une cérémonie de purification et de renaissance, de remise en cause et de dépassement de soi, de renoncement et de recommencement, marquée par une réconciliation avec soi-même et avec les autres », nous a confié Mel Koffi Sabié Athanase, neveu du vieux Sahin N’Guessan. Pour ce natif de Gomon, « c'est le reflet d'un cycle qui s'achève et d'un autre qui commence. La fête symbolise la fin d'une année et le début d'une autre. C'est pourquoi, la manifestation se situe à la fin de la grande saison sèche et au début de la grande saison des pluies (Avril) ».
La rivière sacrée, un passage obligé
C’est d’ailleurs tôt le matin que les choses sérieuses ont débuté, avec le bain rituel que prend la population à la rivière sacrée. Une rivière qui a vu défiler plusieurs cadres du pays à la recherche de leur protection et de mieux-être. Mais, avant le départ pour la source d’eau aux vertus protectrices, les fils et les filles de Gomon se badigeonnent le corps de sang de poulet, boivent des potions et se mettent des jus de feuilles aux propriétés, dit-on, mystiques, afin d’avoir une vue spirituelle. A tour de rôle, les habitants des différents quartiers se succèdent à la rivière.
Revenant avec des cris de joie, des chants et autres danses. C'est seulement de retour du bain magique que les adeptes du culte du ‘’Dipri’’ entrent dans des transes collectives et spectaculaires, avec dans la main des œufs blancs pour atténuer l’ardeur des transes. Des coups de feu retentissent également pour traduire la fin de l’initiation à la rivière. S’ensuivent les grands moments de démonstration de force et de puissance. On assiste à la célébration du ‘’culte’’. Culte fait d'invocations, de libations et de dons. L’on voit alors des hommes s’embrasser à pleine bouche. De même que les femmes. « Signe de la transmission de la puissance mystique », nous fait remarquer un ressortissant de Gomon, venu de Lakota pour la circonstance. Ils se perforent l'abdomen au couteau et referment ces profondes blessures sur-le-champ. Des scènes de pratiques mystiques sont exécutées entre les différents groupes d'initiés sur la place publique du village.
L’après-midi de tous les dangers
Si dans la matinée les visiteurs et nombreux touristes ont droit à de simples démonstrations, l’après-midi lui a été réservé aux attaques entre les initiés. Chacun des quartiers que sont Oyôrôkpô, Okomianbra, Djidjabosso, Ohoudji, Anoumanbou et Okoudjè est appelé à déjouer les pièges mystiques tendus par son adversaire.
Et c’est cette partie de la fête appelée ‘’Seke’’ qui désigne le pouvoir et la force qui rendent possibles ces manifestations, et qui est d’ailleurs prisée par les curieux. Tout se passe sans accroc. Ce ne sont que les initiés qui peuvent savoir et voir ce qui se déroule au sens d’une véritable bataille ésotérique, sous le voile de l’apparente banalité de la procession qui traverse le village; laquelle est marquée par différentes haltes. Et c’est vers 18 heures qu’avec des chants, les populations épuisées regagnent leurs différents domiciles, de même que les visiteurs. En somme, « le ‘’Dipri’’, en même temps qu'il réconcilie les vivants avec les morts et les génies, contribue à recréer au sein de toute la communauté l'unité et la cohésion nécessaires à sa sécurité et à sa survie », a soutenu un initié. L’on peut aisément comprendre pourquoi le peuple de Gomon tient à son ‘’Dipri’’ et pérennise ainsi son culte de générations en génération.
JULES CESAR
Les allergiques au sang n’avaient pas leur place dans la longue ruelle du village de Gomon. Théâtre de la grande démonstration de force mystique effectuée par les initiés du Dipri. Une importante fête traditionnelle pour le peuple Abidji. Sous la conduite du chef de terre, Mandoh Pascal et avec la bénédiction et la direction du vieux Sahin N’Guessan dit ‘’Président des affaires bizarres’’, les différents groupes d'initiés ont fait vibrer les visiteurs. Surtout ceux qui y étaient pour la première fois. « C’est une cérémonie de purification et de renaissance, de remise en cause et de dépassement de soi, de renoncement et de recommencement, marquée par une réconciliation avec soi-même et avec les autres », nous a confié Mel Koffi Sabié Athanase, neveu du vieux Sahin N’Guessan. Pour ce natif de Gomon, « c'est le reflet d'un cycle qui s'achève et d'un autre qui commence. La fête symbolise la fin d'une année et le début d'une autre. C'est pourquoi, la manifestation se situe à la fin de la grande saison sèche et au début de la grande saison des pluies (Avril) ».
La rivière sacrée, un passage obligé
C’est d’ailleurs tôt le matin que les choses sérieuses ont débuté, avec le bain rituel que prend la population à la rivière sacrée. Une rivière qui a vu défiler plusieurs cadres du pays à la recherche de leur protection et de mieux-être. Mais, avant le départ pour la source d’eau aux vertus protectrices, les fils et les filles de Gomon se badigeonnent le corps de sang de poulet, boivent des potions et se mettent des jus de feuilles aux propriétés, dit-on, mystiques, afin d’avoir une vue spirituelle. A tour de rôle, les habitants des différents quartiers se succèdent à la rivière.
Revenant avec des cris de joie, des chants et autres danses. C'est seulement de retour du bain magique que les adeptes du culte du ‘’Dipri’’ entrent dans des transes collectives et spectaculaires, avec dans la main des œufs blancs pour atténuer l’ardeur des transes. Des coups de feu retentissent également pour traduire la fin de l’initiation à la rivière. S’ensuivent les grands moments de démonstration de force et de puissance. On assiste à la célébration du ‘’culte’’. Culte fait d'invocations, de libations et de dons. L’on voit alors des hommes s’embrasser à pleine bouche. De même que les femmes. « Signe de la transmission de la puissance mystique », nous fait remarquer un ressortissant de Gomon, venu de Lakota pour la circonstance. Ils se perforent l'abdomen au couteau et referment ces profondes blessures sur-le-champ. Des scènes de pratiques mystiques sont exécutées entre les différents groupes d'initiés sur la place publique du village.
L’après-midi de tous les dangers
Si dans la matinée les visiteurs et nombreux touristes ont droit à de simples démonstrations, l’après-midi lui a été réservé aux attaques entre les initiés. Chacun des quartiers que sont Oyôrôkpô, Okomianbra, Djidjabosso, Ohoudji, Anoumanbou et Okoudjè est appelé à déjouer les pièges mystiques tendus par son adversaire.
Et c’est cette partie de la fête appelée ‘’Seke’’ qui désigne le pouvoir et la force qui rendent possibles ces manifestations, et qui est d’ailleurs prisée par les curieux. Tout se passe sans accroc. Ce ne sont que les initiés qui peuvent savoir et voir ce qui se déroule au sens d’une véritable bataille ésotérique, sous le voile de l’apparente banalité de la procession qui traverse le village; laquelle est marquée par différentes haltes. Et c’est vers 18 heures qu’avec des chants, les populations épuisées regagnent leurs différents domiciles, de même que les visiteurs. En somme, « le ‘’Dipri’’, en même temps qu'il réconcilie les vivants avec les morts et les génies, contribue à recréer au sein de toute la communauté l'unité et la cohésion nécessaires à sa sécurité et à sa survie », a soutenu un initié. L’on peut aisément comprendre pourquoi le peuple de Gomon tient à son ‘’Dipri’’ et pérennise ainsi son culte de générations en génération.
JULES CESAR