Le procès de la filière café-cacao a commencé avec les débats dans le fond, depuis le 8 mars dernier. Sur la base des audits non contradictoires réalisés par les spécialistes désignés par la justice ivoirienne en 2008, les acquisitions faites par les anciens dirigeants de la filière ont été qualifiées « d’acquisitions faites dans des conditions douteuses ». La liste de ces acquisitions a été rendue publique. Elle comporte plusieurs biens meubles et immeubles. Mais, on se demande bien pourquoi, tout le monde a oublié d’y mentionner le siège actuel du RDR. Qui est une maison acquise par les producteurs et qui est occupée par ce parti depuis maintenant dix-sept ans. Avec la dissolution de toutes les anciennes structures de la filière café-cacao, à qui revient cette maison ? A l’Etat, au RDR ou aux paysans ?
Ça alors ! Le RDR « dort » dans une maison qui appartient aux producteurs de café-cacao et dont il ne paye pas le loyer depuis maintenant dix années pleines.
Le RDR et la SCI LEPIC
Faisons un peu d’histoire. Le RDR, parti du président Alassane Ouattara, a été créé, comme chacun le sait, depuis le 27 septembre 1994 par feu Georges Djéni Kobina, après que Bédié et Fologo eurent réussi l’exploit de lui refuser la parole au congrès extraordinaire du Pdci. Le parti créé, il lui faut trouver un siège digne de ce nom. Le 1er octobre 1994, le RDR et « L’Union Immobilière », agissant pour le compte de la « S.C.I. LEPIC », signent un contrat de bail pour la location de bureaux de « 400M2 en rez-de-jardin avec parkings en sous-sol sis à Cocody Rue LEPIC ». A cette époque, les conditions de location d’une maison n’étaient pas un casse-tête comme de nos jours. Le RDR a donc versé, à la signature du contrat de bail, la somme de neuf cent mille (900.000) FCFA « correspondant à un mois de loyer représentant la caution », selon les termes du contrat de bail dont une copie est malencontreusement tombée entre les pattes de « L’Eléphant » (voir nos documents). En 1995, Djéni Kobina demande au Premier ministre Alassane Ouattara, devenu depuis juillet 1994 Directeur général adjoint du FMI, de briguer la magistrature suprême lors de l’élection présidentielle. Mais Alassane Ouattara déclinera l’offre, « préférant laisser du temps au président Henri Konan Bédié », selon les explications qu’on peut lire sur le site Internet du RDR. Mais le 1er août 1999, alors que Djéni Kobina est décédé depuis près d’un an, Alassane Ouattara est porté à la tête du RDR lors d’un congrès tenu au palais des sports de Treichville. A partir de cette date, c’est ce dernier qui s’occupera de la vie du parti.
Pas d’argent pour s’offrir le siège?
En Octobre 2001, la « Société Civile Immobilière Lepic » décide de vendre la maison qui sert de siège au RDR depuis 1994. Le parti de Ouattara étant le locataire depuis sept ans, un droit de préemption de six mois lui est accordé. C’est-à-dire un droit légal accordé au RDR (en tant que locataire) d’acquérir la maison mise en vente en priorité à tout autre éventuel acquéreur. La concession mise en vente est bâtie sur une superficie globale de 3170 mètres carrés et comprend un « ensemble de bureaux en rez-de-chaussée sur sous-sol de parking d’une superficie de 400 mètres carrés ; une villa en rez-de-chaussée d’une superficie de 11O mètres carrés à usage de bureaux, une villa en rez-de-chaussée d’une superficie de 90 mètres carrés à usage de bureaux ; et un studio en rez-de-chaussée d’une superficie de 26 mètres carrés à usage de bureau. Le prix de vente de la maison est fixé à 364 millions de FCFA. Mais pendant six mois, le RDR, impécunieux, n’arrivera pas (que faisait Ouattara ?) à réunir cet argent. Fin du droit de préemption.
Pardonnez, ne nous expulsez pas !
En octobre 2010, Sansan Kouao, le grand planteur de Niablé et grand ami de Gbagbo devant l’éternel, avait accompagné ce dernier à Adzopé pour tenir un meeting dans le cadre de la campagne pour l’élection présidentielle. Le riche planteur avait accusé, à la surprise générale, le RDR de dormir dans l’une de ses maisons dont il ne payait pas le loyer depuis des années, alors que son président promettait des milliards aux populations dans toutes les régions où il passait. C’est que le vieil homme savait de quoi il parlait. Le RDR n’ayant pas réussi à réunir l’argent pour acheter la maison d’octobre 2001 à mars 2002, les producteurs de café-cacao qui cherchaient à acquérir une maison pour en faire le siège du fonds de développement et de promotion des activités de café et de cacao (FDPCC), vont jeter leur dévolu sur le siège du RDR. Le 6 mars 2002, le contrat de vente est conclu entre la SCI LEPIC et le FDPCC, devant notaire (voir notre document). Les 364 millions de FCFA sont intégralement versés par les producteurs. Dès qu’ils sont en possession des documents afférant à la maison, les producteurs informent les responsables du RDR du changement de propriétaire de la maison et leur signifient leur volonté d’utiliser les locaux pour le siège du FDPCC. Mais les responsables du RDR vont supplier les producteurs de leur laisser le temps de se trouver un autre siège et promettent de continuer à payer le loyer, entre temps. Proposition acceptée ! Les producteurs décident d’attendre que le RDR se trouve un autre siège. C’est dans cette attente que surviendra la rébellion du 19 septembre 2002. Avec la formation du gouvernement de réconciliation nationale en mars 2003, gouvernement issu de l’Accord de Linas Marcoussis, Amadou Gon Coulibaly sera désigné ministre de l’Agriculture et deviendra du coup, le ministre assurant la tutelle technique de la filière café-cacao. Dès qu’il prend possession des clés du ministère en remplacement de Dano Djédjé (FPI), il nomme immédiatement dans le conseil de gestion du FDPCC, Adama Bictogo (actuel ministre de l’Intégration africaine), comme le représentant du ministère de l’Agriculture. Lequel sera remplacé plus tard pour des « raisons d’intendance », par Gaoussou Touré (l’actuel ministre des transports). A partir de cette date, de force, le RDR se maintiendra dans la maison des producteurs de café-cacao. Et, bénéficiant du parapluie d’Amadou Gon, il ne s’acquittera pas non plus des loyers (un million de FCFA par mois), jusqu’en 2008. Ça alors ! Le mardi 16 janvier 2007, à une réunion du conseil de gestion du FDPCC, à laquelle assiste Gaoussou Touré au titre du ministère de l’Agriculture, la résolution a été prise, devant la mauvaise foi du Rdr qui se maintenait dans les locaux sans verser le moindre loyer, que : «des diligences devront être accomplies auprès des responsables du RDR pour permettre l’encaissement des loyers du siège. A défaut de paiement, le FDPCC serait contraint d’envisager une procédure judiciaire de recouvrement». Cette résolution mise au vote a été adoptée à l’unanimité des membres présents dont «L’Eléphant» a pu consulter la liste. Mais elle ne connaîtra aucun début d’exécution. Comme quoi, avoir un ministre de l’Agriculture dans un parti peut servir à beaucoup de choses.
Le scandale de la filière café-cacao
En fin d’année 2007, sur la base de rumeurs faisant état de détournements massifs dans la filière café-cacao, l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, ordonne au procureur de la République, un certain Tchimou Raymond, d’ouvrir une enquête pour situer les responsabilités et de conduire devant la justice, tous les dirigeants qui se seraient rendus coupables de détournements à leurs propres fins, de l’argent des producteurs de café et de cacao. Après environ huit mois d’enquête, en juin 2008, l’ancien procureur de la République, au cours d’une conférence de presse, rend publique la liste des ex-dirigeants qui d’après lui, se seraient rendus coupables de détournements de fonds. Quelques jours plus tard, par vagues successives, ces derniers vont être placés sous mandats de dépôt et conduits à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Débuteront alors, en l’absence des ex-dirigeants emprisonnés, plusieurs audits commandités par le juge d’instruction, pour faire le point sur leur gestion. La lumière sera notamment mise sur les acquisitions de biens meubles et immeubles faites par les anciens dirigeants. Acquisitions faites dans «des conditions douteuses », selon les enquêteurs. Lesquels prendront cependant le soin, on ne sait trop pourquoi, de réaliser les audits sans interroger les concernés qui se trouvaient en prison. Du jamais vu dans l’histoire.
Le RDR doit 484 millions de FCFA aux producteurs
Pour une explication que « L’Eléphant » n’a pu obtenir auprès des responsables actuels du RDR (voir encadré), jamais les auditeurs ne se sont intéressés au siège du RDR qui fait pourtant partie des acquisitions du FDPCC, cependant qualifiées de « douteuses » par les enquêteurs. Gon Coulibaly aurait-il usé de son pouvoir pour que les auditeurs ne s’intéressent pas à cette maison ? Question sans réponse ! Toujours est-il qu’au jour d’aujourd’hui, le RDR doit comme arriérés de loyer, selon nos sources, la somme de 12O millions de FCFA aux paysans de Côte d’Ivoire. Et avec la dissolution du FDPCC intervenue sans bruits (les travailleurs ont perçu six mois de salaire et ont été priés de rentrer chez eux), le 30 mars 2012, la question qui se pose aujourd’hui est de savoir à qui revient désormais la maison qui sert de siège au RDR ? Est-elle tombée dans le patrimoine du RDR sans que ce parti n’ait déboursé le moindre sou pour l’acquérir ? Assurément il y a de bonnes nouvelles pour le RDR puisque le siège est en ce moment en pleine réfection (voir article publié par LE PATRIOTE le 21 mars dernier). Le bien des producteurs de café-cacao est subitement devenu celui du RDR. Y aurait-il, à tout hasard, un lien entre le démarrage de ces grands travaux de réfection et la dissolution du FDPCC ? Les responsables du RDR approchés n’ont pas daigné répondre aux interrogations de « L’Eléphant », (voir encadré).
5 heures chronos dans les locaux du RDR
Le vendredi 8 mars 2012, dans l’objectif de recueillir la réaction des responsables du Rdr sur les informations glanées par «L’Eléphant» au sujet du siège de ce parti, nous nous sommes rendus à Cocody, Rue Lepic. La première personne que nous voulions rencontrer n’est autre que le tout puissant secrétaire général par intérim du Rdr, Amadou Soumahoro. Mais de 13h15 minutes à 18, nous avons attendu dans la salle d’attente, sans qu’aucun responsable n’ose nous recevoir, alors que nous avions bien décliné la raison de notre présence dans leurs locaux. Au secrétariat où nous nous sommes rendus directement à notre arrivée, une jeune dame, la secrétaire particulière, à qui nous avons dit que nous voulions rencontrer le secrétaire général nous a répondu : «Avez-vous pris un rendez-vous avec lui ?» Notre réponse, «Non!» Réaction de la secrétaire, sans daigner nous regarder : « le Secrétaire général ne reçoit que le mardi et c’est sur RDV ». Qu’à cela ne tienne. Nous lui expliquons alors que vu l’urgence, à défaut du Secrétaire général, nous serions ravis de pouvoir échanger avec tout autre collaborateur de ce dernier, ayant une voix autorisée. Réaction de la secrétaire particulière : «Aujourd’hui est vendredi, tous les responsables sont allés à la mosquée. Ce n’est pas sûr qu’ils reviennent ici parce qu’aujourd’hui (ndlr : vendredi 8/4) c’est la demi-journée. Vous pouvez attendre pour voir si vous voulez». «Ok ! Nous allons attendre dans la salle d’attende. Pourriez-vous nous ternir informés dès qu’un responsable revient au siège ? ». Il est 13h30 lorsque nous nous installons dans la salle d’attente. A 14h45, un homme qui nous avait vus échanger avec la secrétaire, sans doute étonné de nous voir encore dans leurs locaux, nous demande : « qui voulez-vous voir ? » -Nous voulons voir un responsable du parti qui pourrait répondre à nos questions. Et l’homme de nous faire savoir que le Chef de Cabinet et le Directeur de Cabinet sont là depuis le début de l’après midi. Du doigt, il nous montre le chef de Cabinet Tiens, mais il était aussi au secrétariat au moment où on échangeait avec la secrétaire ! Pourquoi ne nous a-t-il rien dit ? Et pourquoi la secrétaire nous a dit que tous les responsables étaient à la mosquée ? Il est 15h10 lorsque nous abordons le chef de Cabinet : « Nous souhaitons échanger avec vous », tels sont nos premiers mots. Réponse du chef de Cabinet : «Mais vous êtes là depuis non ? Vous m’avez trouvé dans le bureau de la secrétaire et depuis là, c’est maintenant que vous venez ?». Nous accusons le coup. Ah, cette secrétaire particulière. Le chef de Cabinet ne nous ayant pas invité à le suivre dans son bureau, nous retournons à notre place d’où nous voyons tout ce qu’il fait. Quand nous réalisons qu’il s’apprête à fermer son bureau, nous l’approchons de nouveau : « Bon monsieur, moi je vais à une levée de corps, dites-moi un peu, je n’étais même pas informé, mais est-ce qu’il y a une urgence ? C’est quoi, c’est quel organe ? C’est quelle structure ?». «Nous sommes des journalistes de «L’Eléphant Déchaîné ». Réaction du chef de Cabinet : « C’est quoi, c’est un organe de presse ? Qu’est-ce que vous voulez parce que là, je vais à une levée de corps ». Nous insistons : «Nous souhaitons juste nous entretenir un peu avec vous, même pour cinq minutes !». Réponse du chef de Cabinet : «Vous savez tout se prépare, ici là c’est un parti politique. Les événements comme les levées de corps, sont des évènements importants. Quand vous perdez un militant et si c’est pour aller représenter le Secrétaire général, au plus haut niveau, vous comprenez que ça devient (…), sinon voilà, c’est le Député de San pedro (l’honorable Silué) qui vient de partir. Si je n’ai pas pu le recevoir, vous comprenez que... ». Nous complétons la phrase pour lui «ce ne sont pas les journalistes de «L’Eléphant déchainé» que je peux recevoir ». Cependant, avant de s’en aller, le chef de Cabinet nous a dit : «le DirCab est là, il s’appelle Touré Vamé, il est au dessus de moi, il peut résoudre tous vos problèmes». Pouvez-vous nous donner votre contact, au cas où ? « Tout est avec elle, c’est la secrétaire particulière… ». Le directeur de Cabinet non plus ne pourra pas nous recevoir quand bien même la secrétaire particulière est allée lui porter un mémo de visite sur lequel nous avons expliqué les raisons pour lesquelles nous souhaitions le rencontrer. Nous avons attendu jusqu’à 18 heures, sans que personne ne nous dise quoi que ce soit. La secrétaire est rentrée chez elle, sans même nous dire au revoir. Cinq heures de présence dans les locaux du RDR sans pouvoir échanger avec qui que ce soit au sujet du siège de ce grand parti. C’est sûr qu’ils vont réagir pour nous clouer le bec dans les heures qui arrivent…
ASSALE TIEMOKO
Ça alors ! Le RDR « dort » dans une maison qui appartient aux producteurs de café-cacao et dont il ne paye pas le loyer depuis maintenant dix années pleines.
Le RDR et la SCI LEPIC
Faisons un peu d’histoire. Le RDR, parti du président Alassane Ouattara, a été créé, comme chacun le sait, depuis le 27 septembre 1994 par feu Georges Djéni Kobina, après que Bédié et Fologo eurent réussi l’exploit de lui refuser la parole au congrès extraordinaire du Pdci. Le parti créé, il lui faut trouver un siège digne de ce nom. Le 1er octobre 1994, le RDR et « L’Union Immobilière », agissant pour le compte de la « S.C.I. LEPIC », signent un contrat de bail pour la location de bureaux de « 400M2 en rez-de-jardin avec parkings en sous-sol sis à Cocody Rue LEPIC ». A cette époque, les conditions de location d’une maison n’étaient pas un casse-tête comme de nos jours. Le RDR a donc versé, à la signature du contrat de bail, la somme de neuf cent mille (900.000) FCFA « correspondant à un mois de loyer représentant la caution », selon les termes du contrat de bail dont une copie est malencontreusement tombée entre les pattes de « L’Eléphant » (voir nos documents). En 1995, Djéni Kobina demande au Premier ministre Alassane Ouattara, devenu depuis juillet 1994 Directeur général adjoint du FMI, de briguer la magistrature suprême lors de l’élection présidentielle. Mais Alassane Ouattara déclinera l’offre, « préférant laisser du temps au président Henri Konan Bédié », selon les explications qu’on peut lire sur le site Internet du RDR. Mais le 1er août 1999, alors que Djéni Kobina est décédé depuis près d’un an, Alassane Ouattara est porté à la tête du RDR lors d’un congrès tenu au palais des sports de Treichville. A partir de cette date, c’est ce dernier qui s’occupera de la vie du parti.
Pas d’argent pour s’offrir le siège?
En Octobre 2001, la « Société Civile Immobilière Lepic » décide de vendre la maison qui sert de siège au RDR depuis 1994. Le parti de Ouattara étant le locataire depuis sept ans, un droit de préemption de six mois lui est accordé. C’est-à-dire un droit légal accordé au RDR (en tant que locataire) d’acquérir la maison mise en vente en priorité à tout autre éventuel acquéreur. La concession mise en vente est bâtie sur une superficie globale de 3170 mètres carrés et comprend un « ensemble de bureaux en rez-de-chaussée sur sous-sol de parking d’une superficie de 400 mètres carrés ; une villa en rez-de-chaussée d’une superficie de 11O mètres carrés à usage de bureaux, une villa en rez-de-chaussée d’une superficie de 90 mètres carrés à usage de bureaux ; et un studio en rez-de-chaussée d’une superficie de 26 mètres carrés à usage de bureau. Le prix de vente de la maison est fixé à 364 millions de FCFA. Mais pendant six mois, le RDR, impécunieux, n’arrivera pas (que faisait Ouattara ?) à réunir cet argent. Fin du droit de préemption.
Pardonnez, ne nous expulsez pas !
En octobre 2010, Sansan Kouao, le grand planteur de Niablé et grand ami de Gbagbo devant l’éternel, avait accompagné ce dernier à Adzopé pour tenir un meeting dans le cadre de la campagne pour l’élection présidentielle. Le riche planteur avait accusé, à la surprise générale, le RDR de dormir dans l’une de ses maisons dont il ne payait pas le loyer depuis des années, alors que son président promettait des milliards aux populations dans toutes les régions où il passait. C’est que le vieil homme savait de quoi il parlait. Le RDR n’ayant pas réussi à réunir l’argent pour acheter la maison d’octobre 2001 à mars 2002, les producteurs de café-cacao qui cherchaient à acquérir une maison pour en faire le siège du fonds de développement et de promotion des activités de café et de cacao (FDPCC), vont jeter leur dévolu sur le siège du RDR. Le 6 mars 2002, le contrat de vente est conclu entre la SCI LEPIC et le FDPCC, devant notaire (voir notre document). Les 364 millions de FCFA sont intégralement versés par les producteurs. Dès qu’ils sont en possession des documents afférant à la maison, les producteurs informent les responsables du RDR du changement de propriétaire de la maison et leur signifient leur volonté d’utiliser les locaux pour le siège du FDPCC. Mais les responsables du RDR vont supplier les producteurs de leur laisser le temps de se trouver un autre siège et promettent de continuer à payer le loyer, entre temps. Proposition acceptée ! Les producteurs décident d’attendre que le RDR se trouve un autre siège. C’est dans cette attente que surviendra la rébellion du 19 septembre 2002. Avec la formation du gouvernement de réconciliation nationale en mars 2003, gouvernement issu de l’Accord de Linas Marcoussis, Amadou Gon Coulibaly sera désigné ministre de l’Agriculture et deviendra du coup, le ministre assurant la tutelle technique de la filière café-cacao. Dès qu’il prend possession des clés du ministère en remplacement de Dano Djédjé (FPI), il nomme immédiatement dans le conseil de gestion du FDPCC, Adama Bictogo (actuel ministre de l’Intégration africaine), comme le représentant du ministère de l’Agriculture. Lequel sera remplacé plus tard pour des « raisons d’intendance », par Gaoussou Touré (l’actuel ministre des transports). A partir de cette date, de force, le RDR se maintiendra dans la maison des producteurs de café-cacao. Et, bénéficiant du parapluie d’Amadou Gon, il ne s’acquittera pas non plus des loyers (un million de FCFA par mois), jusqu’en 2008. Ça alors ! Le mardi 16 janvier 2007, à une réunion du conseil de gestion du FDPCC, à laquelle assiste Gaoussou Touré au titre du ministère de l’Agriculture, la résolution a été prise, devant la mauvaise foi du Rdr qui se maintenait dans les locaux sans verser le moindre loyer, que : «des diligences devront être accomplies auprès des responsables du RDR pour permettre l’encaissement des loyers du siège. A défaut de paiement, le FDPCC serait contraint d’envisager une procédure judiciaire de recouvrement». Cette résolution mise au vote a été adoptée à l’unanimité des membres présents dont «L’Eléphant» a pu consulter la liste. Mais elle ne connaîtra aucun début d’exécution. Comme quoi, avoir un ministre de l’Agriculture dans un parti peut servir à beaucoup de choses.
Le scandale de la filière café-cacao
En fin d’année 2007, sur la base de rumeurs faisant état de détournements massifs dans la filière café-cacao, l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, ordonne au procureur de la République, un certain Tchimou Raymond, d’ouvrir une enquête pour situer les responsabilités et de conduire devant la justice, tous les dirigeants qui se seraient rendus coupables de détournements à leurs propres fins, de l’argent des producteurs de café et de cacao. Après environ huit mois d’enquête, en juin 2008, l’ancien procureur de la République, au cours d’une conférence de presse, rend publique la liste des ex-dirigeants qui d’après lui, se seraient rendus coupables de détournements de fonds. Quelques jours plus tard, par vagues successives, ces derniers vont être placés sous mandats de dépôt et conduits à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Débuteront alors, en l’absence des ex-dirigeants emprisonnés, plusieurs audits commandités par le juge d’instruction, pour faire le point sur leur gestion. La lumière sera notamment mise sur les acquisitions de biens meubles et immeubles faites par les anciens dirigeants. Acquisitions faites dans «des conditions douteuses », selon les enquêteurs. Lesquels prendront cependant le soin, on ne sait trop pourquoi, de réaliser les audits sans interroger les concernés qui se trouvaient en prison. Du jamais vu dans l’histoire.
Le RDR doit 484 millions de FCFA aux producteurs
Pour une explication que « L’Eléphant » n’a pu obtenir auprès des responsables actuels du RDR (voir encadré), jamais les auditeurs ne se sont intéressés au siège du RDR qui fait pourtant partie des acquisitions du FDPCC, cependant qualifiées de « douteuses » par les enquêteurs. Gon Coulibaly aurait-il usé de son pouvoir pour que les auditeurs ne s’intéressent pas à cette maison ? Question sans réponse ! Toujours est-il qu’au jour d’aujourd’hui, le RDR doit comme arriérés de loyer, selon nos sources, la somme de 12O millions de FCFA aux paysans de Côte d’Ivoire. Et avec la dissolution du FDPCC intervenue sans bruits (les travailleurs ont perçu six mois de salaire et ont été priés de rentrer chez eux), le 30 mars 2012, la question qui se pose aujourd’hui est de savoir à qui revient désormais la maison qui sert de siège au RDR ? Est-elle tombée dans le patrimoine du RDR sans que ce parti n’ait déboursé le moindre sou pour l’acquérir ? Assurément il y a de bonnes nouvelles pour le RDR puisque le siège est en ce moment en pleine réfection (voir article publié par LE PATRIOTE le 21 mars dernier). Le bien des producteurs de café-cacao est subitement devenu celui du RDR. Y aurait-il, à tout hasard, un lien entre le démarrage de ces grands travaux de réfection et la dissolution du FDPCC ? Les responsables du RDR approchés n’ont pas daigné répondre aux interrogations de « L’Eléphant », (voir encadré).
5 heures chronos dans les locaux du RDR
Le vendredi 8 mars 2012, dans l’objectif de recueillir la réaction des responsables du Rdr sur les informations glanées par «L’Eléphant» au sujet du siège de ce parti, nous nous sommes rendus à Cocody, Rue Lepic. La première personne que nous voulions rencontrer n’est autre que le tout puissant secrétaire général par intérim du Rdr, Amadou Soumahoro. Mais de 13h15 minutes à 18, nous avons attendu dans la salle d’attente, sans qu’aucun responsable n’ose nous recevoir, alors que nous avions bien décliné la raison de notre présence dans leurs locaux. Au secrétariat où nous nous sommes rendus directement à notre arrivée, une jeune dame, la secrétaire particulière, à qui nous avons dit que nous voulions rencontrer le secrétaire général nous a répondu : «Avez-vous pris un rendez-vous avec lui ?» Notre réponse, «Non!» Réaction de la secrétaire, sans daigner nous regarder : « le Secrétaire général ne reçoit que le mardi et c’est sur RDV ». Qu’à cela ne tienne. Nous lui expliquons alors que vu l’urgence, à défaut du Secrétaire général, nous serions ravis de pouvoir échanger avec tout autre collaborateur de ce dernier, ayant une voix autorisée. Réaction de la secrétaire particulière : «Aujourd’hui est vendredi, tous les responsables sont allés à la mosquée. Ce n’est pas sûr qu’ils reviennent ici parce qu’aujourd’hui (ndlr : vendredi 8/4) c’est la demi-journée. Vous pouvez attendre pour voir si vous voulez». «Ok ! Nous allons attendre dans la salle d’attende. Pourriez-vous nous ternir informés dès qu’un responsable revient au siège ? ». Il est 13h30 lorsque nous nous installons dans la salle d’attente. A 14h45, un homme qui nous avait vus échanger avec la secrétaire, sans doute étonné de nous voir encore dans leurs locaux, nous demande : « qui voulez-vous voir ? » -Nous voulons voir un responsable du parti qui pourrait répondre à nos questions. Et l’homme de nous faire savoir que le Chef de Cabinet et le Directeur de Cabinet sont là depuis le début de l’après midi. Du doigt, il nous montre le chef de Cabinet Tiens, mais il était aussi au secrétariat au moment où on échangeait avec la secrétaire ! Pourquoi ne nous a-t-il rien dit ? Et pourquoi la secrétaire nous a dit que tous les responsables étaient à la mosquée ? Il est 15h10 lorsque nous abordons le chef de Cabinet : « Nous souhaitons échanger avec vous », tels sont nos premiers mots. Réponse du chef de Cabinet : «Mais vous êtes là depuis non ? Vous m’avez trouvé dans le bureau de la secrétaire et depuis là, c’est maintenant que vous venez ?». Nous accusons le coup. Ah, cette secrétaire particulière. Le chef de Cabinet ne nous ayant pas invité à le suivre dans son bureau, nous retournons à notre place d’où nous voyons tout ce qu’il fait. Quand nous réalisons qu’il s’apprête à fermer son bureau, nous l’approchons de nouveau : « Bon monsieur, moi je vais à une levée de corps, dites-moi un peu, je n’étais même pas informé, mais est-ce qu’il y a une urgence ? C’est quoi, c’est quel organe ? C’est quelle structure ?». «Nous sommes des journalistes de «L’Eléphant Déchaîné ». Réaction du chef de Cabinet : « C’est quoi, c’est un organe de presse ? Qu’est-ce que vous voulez parce que là, je vais à une levée de corps ». Nous insistons : «Nous souhaitons juste nous entretenir un peu avec vous, même pour cinq minutes !». Réponse du chef de Cabinet : «Vous savez tout se prépare, ici là c’est un parti politique. Les événements comme les levées de corps, sont des évènements importants. Quand vous perdez un militant et si c’est pour aller représenter le Secrétaire général, au plus haut niveau, vous comprenez que ça devient (…), sinon voilà, c’est le Député de San pedro (l’honorable Silué) qui vient de partir. Si je n’ai pas pu le recevoir, vous comprenez que... ». Nous complétons la phrase pour lui «ce ne sont pas les journalistes de «L’Eléphant déchainé» que je peux recevoir ». Cependant, avant de s’en aller, le chef de Cabinet nous a dit : «le DirCab est là, il s’appelle Touré Vamé, il est au dessus de moi, il peut résoudre tous vos problèmes». Pouvez-vous nous donner votre contact, au cas où ? « Tout est avec elle, c’est la secrétaire particulière… ». Le directeur de Cabinet non plus ne pourra pas nous recevoir quand bien même la secrétaire particulière est allée lui porter un mémo de visite sur lequel nous avons expliqué les raisons pour lesquelles nous souhaitions le rencontrer. Nous avons attendu jusqu’à 18 heures, sans que personne ne nous dise quoi que ce soit. La secrétaire est rentrée chez elle, sans même nous dire au revoir. Cinq heures de présence dans les locaux du RDR sans pouvoir échanger avec qui que ce soit au sujet du siège de ce grand parti. C’est sûr qu’ils vont réagir pour nous clouer le bec dans les heures qui arrivent…
ASSALE TIEMOKO