Qui l’eût cru ! Par des micmacs et des complicités, les ex-dirigeants de la filière café-cacao ont mouvementé leurs comptes respectifs malgré le gel de leurs avoirs. C’est l’information majeure qui s’est dégagée hier, de l’audition des témoins (administrateurs sequestres) du procès qui se tient au Tribunal de Première instance d’Abidjan, Plateau. Le Tribunal, le Parquet, la Partie civile, la Défense et même l’auditoire, se sont rendu compte que l’ordonnance du juge d’instruction, en date du 16 juillet 2008 et demandant la mise sous séquestre des biens meubles et immeubles des prévenus n’a jamais été exécutée. Constat : tous les prévenus ont, à plusieurs reprises, effectué des retraits de leurs comptes bancaires. «Aucun compte à ce jour dans les livres des différentes banques, selon les expressions des établissements banquiers que nous avons sollicité, n’a été mis sous séquestre », a confirmé le Procureur Oulaye Fernand. Il a révélé que Théophile Kouassi, ex-secrétaire exécutif du FDPPC a mouvementé son compte ouvert à Bank of Africa (Boa), plus de cent fois, entre le 30 juin 2008 et le 30 mars 2012. A la Société générale de banques en Côte d’ivoire (Sgbci), indique le parquet, Henri Amouzou (2 comptes), Firmin Kouakou (6 comptes), Tapé Do (1 compte) et autres, ont mouvementé, plus d’une fois, leurs compte. Idem au niveau de la Biao, Bhci, Ecobank, où des prévenus ont domicilié leurs comptes. Irrité, Ahmed Coulibaly, président du Tribunal, estime que cette information constatée en pleine audience est la faute des mandataires judiciaires qui n’ont pas fait leur travail. « Nous avons connu des difficultés pendant notre mandat », se sont-ils défendus. Mais cela a été battu en brèche par la partie civile conduite par Me Essis. «L’audition des experts a révélé quelque chose d’inacceptable. Toutes les mesures conservatoires prises par le juge d’instruction n’ont pas été exécutées. Alors, je demande au Tribunal de prendre une mesure provisoire pour la poursuite de la mesure. Car nous avons subi assez de préjudice », a-t-elle asséné. Quant à Oulaye Fernand, Procureur, il a demandé que l’exécution de l’ordonnance du juge d’instruction soit poursuivie. Mais les avocats de la Défense n’ont pas voulu s’en laisser conter. Faisant savoir au président du Tribunal qu’il ne saurait se substituer au juge d’instruction. «Cette demande formulée en plein débat est irrecevable. On ne peut pas en pleine audience changer les règles du jeu », a relevé Me Koné Mamadou. Le jugement du Tribunal pour la poursuite ou non de l’ordonnance du juge d’instruction et bien d’autres aspects ont été mis en délibéré pour le 23 avril prochain.
Jean Eric ADINGRA
Jean Eric ADINGRA