Ils sont plusieurs entrepreneurs qui ont répondu à l’appel du gouvernement dans un contexte d’insécurité totale, en avril 2011, dans le cadre du « Programme d’urgence », pour réhabiliter les commissariats de Police de Côte d’Ivoire. Lesquels, comme on le sait, avaient tous été pillés et vandalisés à la faveur de la crise post-électorale qui a débouché sur une guerre meurtrière qui a emporté officiellement trois mille personnes. Mais, après s’être exécutés, pour la plupart à leurs propres frais, près d’un an plus tard, ces entrepreneurs qui ont accompli ce travail citoyen, n’ont rien perçu encore de la part du gouvernement. Dans un premier temps, les factures qu’ils ont déposées ont été considérées par le ministère de l’Intérieur comme comportant des montants qui avaient fait l’objet de surfacturation. Une situation qui va conduire à l’arrestation de certains d’entre-eux. S’en suivront alors plusieurs négociations et évaluations par les services de la Police économique (est-elle compétente pour cela ?), sur le terrain, de l’effectivité des travaux dits effectués et la qualité des matériels utilisés. La facture globale des travaux effectués qui s’élevait à près de 7 milliards de FCFA, va être finalement ramenée à trois milliards. Mais depuis, plus rien. Toutes les démarches effectuées auprès du ministère de l’Intérieur par ces entrepreneurs dont certains ne sont même plus en mesure de payer la nouvelle patente pour leur entreprise en raison des sous injectés à titre personnel (en attendant la réaction de l’Etat) dans les travaux, n’ont produit aucun résultat. Les trois milliards restent impayés. Interrogé hier sur le sujet par une journaliste de « L’Eléphant Déchaîné » à l’occasion de la 3ème édition de la Tribune du Gepci (Groupement des Editeurs de presse) dont il était l’invité, le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko a répondu : « Lors de notre première rencontre du 14 avril, il y a pratiquement trois jours, mes bureaux étaient encore ouverts pour lancer un appel aux entrepreneurs afin de nous aider à urgemment réhabiliter les services de police. Je vous assure qu’à cette époque j’étais traumatisé par le niveau d’insécurité. Il y avait une centaine d’interpellation dans la journée, il faillait aussi rapidement régler les contradictions très chaudes qui existaient déjà entre les FRCI et les forces de police à travers la réhabilitation d’un minimum d’infrastructures pour pallier ce problème. Par un processus simplifié, nous avons donné des marchés aux entrepreneurs. Et puis un jour j’apprends que les opérateurs veulent entrer en grève parce qu’ils ne sont pas payés et que l’Etat leur doit près de 6 ou 7 milliards de F CFA. Etant surpris, on m’informe que «monsieur le ministre c’est quand vous avez lancé l’appel que ces gens ont fait ces travaux». Je regarde, je vois des factures de 200, 150 et 80 millions de F CFA. Je demande donc rapidement à la police économique de regarder ces factures et ensemble nous allons vérifier sur le terrain ; il n’y a même pas une fenêtre qui a été changée. Après ce constat, ils ont commencé à demander pardon. Donc après une évaluation du travail qui a été fait, nous sommes revenus à 3 milliards et nous avons demandé au Premier ministre de l’incorporer aux frais de l’Etat. Il ne faut pas plomber l’efficacité du travail avec ce genre de situation. Et si vous avez demandé 6 ou 7 milliards et que l’Etat n’a pas, ça ne sera pas payé et vous allez tourner en rond. Ce n’est pas le cas pour tous les entrepreneurs concernés, seulement quelques-uns. Nous avons négocié, ils seront payés ». Si c’est Hamed Bakayoko qui le dit…
Daniel Sovy
Daniel Sovy