Secrétaire général adjoint de l`ONU chargé des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous est en Côte d`Ivoire depuis quelques jours. Hier, sur RFI, il a indiqué les raisons de la présence de Casques bleus.
Un an après la fin de la guerre, pourquoi les casques bleus restent-ils encore en Côte d`Ivoire?
Hervé Ladsous: Parce que nous étions en train de passer de réinstallation de la paix, de maintien de la paix à une phase de construction de la paix. Il y a le rétablissement de la paix, surtout de la sécurité. Les Nations-unies considèrent, avec l`accord du gouvernement ivoirien, qu`il y a encore du travail à faire pour accompagner la Côte d`Ivoire dans sa reconstruction.
Mais l`ONUCI reste à effectif constant par rapport à l`an dernier ?
HL : L`effectif a été réduit depuis la fin de la crise. Mais, il y a encore des tâches à assurer.
Donc nous ajusterons le moment venu les effectifs. Mais dans l`ensemble, les moyens parce qu`ils sont encore nécessaires.
Est-à-dire qu`il y a toujours un risque sérieux de déstabiliser de la Côte d`Ivoire ?
HL : Non ce n`est pas cela. Mais on le constate tous les jours, il y a des vrais risques de sécurité intérieure avec les bandes armées, la criminalité plus ou moins organisée. Quand je dis les bandes armées, je dis qu`il y a en encore de nombreuses armes qui circulent dans le pays. Il y a encore beaucoup de factions non contrôlées. Je suis entré en Côte d`Ivoire pas la frontière. L`on sait à quel point les défis sont importants en termes de porosité de la frontière, de trafic en tout genre. L`objectif étant que se soient les autorités ivoiriennes qui soient en mesure d`assurer toutes ces tâches. Mais ça viendra.
Ce qui est inhabituel, c`est que vous êtes arrivés en Côte d`Ivoire par la route en provenance du Libéria. Est-à-dire que, comme par le passé, il y a des bandes armées qui pourraient entrer en Côte d`Ivoire à partir du Libéria ?
HL : Il y a cela, il y a des mouvements de refugiés. J`ai vu des mouvements de refugiés ivoiriens dans un camp au Libéria, j`ai vu le lendemain à Toulépleu, d`anciens réfugiés ivoiriens qui sont retournés au pays. C`est très intéressant de pouvoir les faire parler, de sentir la profondeur des problèmes qu`il y a à avoir avec les problèmes de sécurité, les problèmes fonciers, les problèmes économiques.
Q : En octobre dernier, on se souvient que l`un des chefs de la sécurité, le commandant de gendarmerie, Seka Yapo a été arrêté à bord d`un avion qui allait en Guinée Conakry. Est-ce qu`une menace peut venir de la frontière guinéenne ?
HL : Non, je ne le pense pas spécialement. Mais simplement, le problème majeur, c`est celui de la porosité des frontières. Elles ne sont pas suffisamment contrôlées et donc c`est un facteur de risque.
Vous parlez de sécurité intérieure, à Abidjan des casques bleus et des blindés de l`ONUCI participent à la protection du palais présidentiel au Plateau, est-ce que c`est le signe que les forces de l`ordre ivoiriennes ne sont pas en mesure de le faire ?
HL : Ecoutez, je crois que cela répond à une demande des autorités, dans les proportions tout à fait limitées. Nos éléments sont en deuxième rideau. C`est d`abord les forces ivoiriennes qui assurent la protection de ses lieux et de ses occupants.
Le commandant militaire de l`ONUCI, le général Béréna est un Togolais, en avril 2005, pendant la sanglante répression qui a fait plus de 500 morts selon l`ONU au Togo, il était chef d`état-major de l`armée de terre. Est-ce que ça ne vous gène pas ?
HL : Ecoutez, je crois que le général Béréna est un officier extrêmement professionnel. Sa nomination en son temps, n`a pas suscité des réactions particulières. Il est en fin de mandature. A ce que je sache, il a exercé d`une manière qui a donné satisfaction.
Q : Depuis trois semaines la CEDEAO étudie le déploiement éventuel d`une force militaire au Mali. Est-ce que des détachements africains de l`ONUCI ou de la MINUL pourraient passer de la Côte d`Ivoire ou du Libéria au Mali ?
HL : C`est une option. Mais il est clair que là, c`est à la CEDEAO de voir comment elle voit l`évolution des choses. Pour le moment au Mali, d`abord l`ordre constitutionnel est à peu prêt rétabli. La nomination du Premier ministre en est un symbole. La question suivante, c`est celle de l`intégrité du Mali. Pour le moment, la CEDEAO travaille sur des solutions négociées, mais il y a également des scénarios d`intervention plus musclées si ça devenait nécessaire.
Nous sommes donc en train de nous préparer à tout hasard. Vous savez, le déploiement ne se fait pas du jour au lendemain. Il y a tout un travail auquel nous sommes tout à fait prêts à nous prêter si c`est le souhait de la CEDEAO.
Pour ramener la paix au nord Mali, beaucoup disent que les 3000 hommes disponibles dans la zone CEDEAO ne suffiront pas. Est-ce qu`il faut envisager à terme une opération de l`Union africaine voire des Nations unies ?
HL : Ecoutez, on peut tout imaginer. Pour le moment, j`ai le sentiment que l`approche est celle de la négociation. Mais sans rien n`exclure. Alors évidement, vous avez raison, il peut y avoir une conjonction des efforts de la CEDEAO et de l`Union africaine. Il peut y avoir une demande exprimée auprès des Nations unies et je vous le redis, nous sommes prêts à étudier cette demande le moment venu quand les demandes se préciseront.
Au Congo Kinshasa, en Côte d`Ivoire, les casques bleus sont là depuis des années, est-ce qu`ils ne risquent d`y rester encore longtemps?
HL : Je ne ferai aucun pronostic sur le calendrier, mais au Congo la situation peut-être est en train d`évoluer négativement, il n`est pas question d`un retrait. Le gouvernement en a besoin. Il y a du travail à faire. Ce que je peux dire, c`est que cette présence n`est pas éternelle. Elle a vocation à s`effacer lorsque les conditions seront réunies.
Retranscris par Thiery Latt
Un an après la fin de la guerre, pourquoi les casques bleus restent-ils encore en Côte d`Ivoire?
Hervé Ladsous: Parce que nous étions en train de passer de réinstallation de la paix, de maintien de la paix à une phase de construction de la paix. Il y a le rétablissement de la paix, surtout de la sécurité. Les Nations-unies considèrent, avec l`accord du gouvernement ivoirien, qu`il y a encore du travail à faire pour accompagner la Côte d`Ivoire dans sa reconstruction.
Mais l`ONUCI reste à effectif constant par rapport à l`an dernier ?
HL : L`effectif a été réduit depuis la fin de la crise. Mais, il y a encore des tâches à assurer.
Donc nous ajusterons le moment venu les effectifs. Mais dans l`ensemble, les moyens parce qu`ils sont encore nécessaires.
Est-à-dire qu`il y a toujours un risque sérieux de déstabiliser de la Côte d`Ivoire ?
HL : Non ce n`est pas cela. Mais on le constate tous les jours, il y a des vrais risques de sécurité intérieure avec les bandes armées, la criminalité plus ou moins organisée. Quand je dis les bandes armées, je dis qu`il y a en encore de nombreuses armes qui circulent dans le pays. Il y a encore beaucoup de factions non contrôlées. Je suis entré en Côte d`Ivoire pas la frontière. L`on sait à quel point les défis sont importants en termes de porosité de la frontière, de trafic en tout genre. L`objectif étant que se soient les autorités ivoiriennes qui soient en mesure d`assurer toutes ces tâches. Mais ça viendra.
Ce qui est inhabituel, c`est que vous êtes arrivés en Côte d`Ivoire par la route en provenance du Libéria. Est-à-dire que, comme par le passé, il y a des bandes armées qui pourraient entrer en Côte d`Ivoire à partir du Libéria ?
HL : Il y a cela, il y a des mouvements de refugiés. J`ai vu des mouvements de refugiés ivoiriens dans un camp au Libéria, j`ai vu le lendemain à Toulépleu, d`anciens réfugiés ivoiriens qui sont retournés au pays. C`est très intéressant de pouvoir les faire parler, de sentir la profondeur des problèmes qu`il y a à avoir avec les problèmes de sécurité, les problèmes fonciers, les problèmes économiques.
Q : En octobre dernier, on se souvient que l`un des chefs de la sécurité, le commandant de gendarmerie, Seka Yapo a été arrêté à bord d`un avion qui allait en Guinée Conakry. Est-ce qu`une menace peut venir de la frontière guinéenne ?
HL : Non, je ne le pense pas spécialement. Mais simplement, le problème majeur, c`est celui de la porosité des frontières. Elles ne sont pas suffisamment contrôlées et donc c`est un facteur de risque.
Vous parlez de sécurité intérieure, à Abidjan des casques bleus et des blindés de l`ONUCI participent à la protection du palais présidentiel au Plateau, est-ce que c`est le signe que les forces de l`ordre ivoiriennes ne sont pas en mesure de le faire ?
HL : Ecoutez, je crois que cela répond à une demande des autorités, dans les proportions tout à fait limitées. Nos éléments sont en deuxième rideau. C`est d`abord les forces ivoiriennes qui assurent la protection de ses lieux et de ses occupants.
Le commandant militaire de l`ONUCI, le général Béréna est un Togolais, en avril 2005, pendant la sanglante répression qui a fait plus de 500 morts selon l`ONU au Togo, il était chef d`état-major de l`armée de terre. Est-ce que ça ne vous gène pas ?
HL : Ecoutez, je crois que le général Béréna est un officier extrêmement professionnel. Sa nomination en son temps, n`a pas suscité des réactions particulières. Il est en fin de mandature. A ce que je sache, il a exercé d`une manière qui a donné satisfaction.
Q : Depuis trois semaines la CEDEAO étudie le déploiement éventuel d`une force militaire au Mali. Est-ce que des détachements africains de l`ONUCI ou de la MINUL pourraient passer de la Côte d`Ivoire ou du Libéria au Mali ?
HL : C`est une option. Mais il est clair que là, c`est à la CEDEAO de voir comment elle voit l`évolution des choses. Pour le moment au Mali, d`abord l`ordre constitutionnel est à peu prêt rétabli. La nomination du Premier ministre en est un symbole. La question suivante, c`est celle de l`intégrité du Mali. Pour le moment, la CEDEAO travaille sur des solutions négociées, mais il y a également des scénarios d`intervention plus musclées si ça devenait nécessaire.
Nous sommes donc en train de nous préparer à tout hasard. Vous savez, le déploiement ne se fait pas du jour au lendemain. Il y a tout un travail auquel nous sommes tout à fait prêts à nous prêter si c`est le souhait de la CEDEAO.
Pour ramener la paix au nord Mali, beaucoup disent que les 3000 hommes disponibles dans la zone CEDEAO ne suffiront pas. Est-ce qu`il faut envisager à terme une opération de l`Union africaine voire des Nations unies ?
HL : Ecoutez, on peut tout imaginer. Pour le moment, j`ai le sentiment que l`approche est celle de la négociation. Mais sans rien n`exclure. Alors évidement, vous avez raison, il peut y avoir une conjonction des efforts de la CEDEAO et de l`Union africaine. Il peut y avoir une demande exprimée auprès des Nations unies et je vous le redis, nous sommes prêts à étudier cette demande le moment venu quand les demandes se préciseront.
Au Congo Kinshasa, en Côte d`Ivoire, les casques bleus sont là depuis des années, est-ce qu`ils ne risquent d`y rester encore longtemps?
HL : Je ne ferai aucun pronostic sur le calendrier, mais au Congo la situation peut-être est en train d`évoluer négativement, il n`est pas question d`un retrait. Le gouvernement en a besoin. Il y a du travail à faire. Ce que je peux dire, c`est que cette présence n`est pas éternelle. Elle a vocation à s`effacer lorsque les conditions seront réunies.
Retranscris par Thiery Latt