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Société Publié le mercredi 25 avril 2012 | Soir Info

Banny et la poudre de perlimpinpin

© Soir Info Par Nathan KONE
Réconciliation Nationale: Le Président de la CDVR Charles Konan Banny a reçu une délégation du FPI
Mercredi 28 Mars 2012. Cocody Riviera. Le Président de la commission Dialogue Vérité et Réconciliation a échangé avec une délégation du Front Populaire Ivoirien conduite par le Président par Intérim Miaka Oureto et composée des ministres Alphonse Douati, Danon Djedjé et de Mme Odette Lorougnon. Photo : Charles Konan Banny
Le président de la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (Cdvr), Charles Konan Banny est-il en panne sèche ? Cette question qui soulève, dans son esprit, des appréhensions, les Ivoiriens, dans toutes leurs diversités politiques et sociales, face à ce que l’opinion assimile aujourd’hui à l’immobilisme de la Cdvr, sept mois après son installation en pompe à Yamoussoukro, par le Chef de l’Etat, Alassane Ouattara, se la posent. En créant la commission dialogue, vérité et réconciliation, le président de la République a demandé à Charles Konan Banny, ancien Premier ministre et à ses collaborateurs, de rechercher la vérité, de situer les responsabilités sur les événements sociopolitiques nationaux passés et récents, d’entendre les victimes, d’obtenir la reconnaissance des faits par les auteurs des violations incriminées et le pardon consécutifs des victimes comme de la nation ; de proposer les moyens de toute nature susceptibles de contribuer à guérir les traumatismes subis par les victimes ; d’identifier et faire des propositions de réalisation des actions de nature à renforcer la cohésion sociale ainsi que l’unité nationale. Voilà quelques aspects de cette mission dont un délai de deux ans a été fixé par l’ordonnance du 13 juillet 2011. Mais depuis lors, l’état de nature dans lequel se trouve la Cdvr fait que les Ivoiriens, à commencer par les Autorités, éprouvent une grande désillusion et émettent des sérieux doutes quant à l’efficacité de la «méthode Banny». Même si la femme de Jules César ne doit être soupçonnée, il reste, néanmoins que Charles Konan Banny, le «Prométhée», qui veut donner aux Ivoiriens le «feu» du Vivre ensemble et qui bénéficiait pourtant de préjugés très favorables, est entré dans des théories et des images plus que confuses, comme celle de la construction d’une maison. Aujourd’hui, il a commencé à donner des insomnies et ses adversaires vont jusqu’à dire qu’il est en train de servir de la poudre de perlimpinpin, c`est-à-dire un remède prétendument miraculeux, mais tout à fait inefficace aux Ivoiriens. A travers sa théorie de construction d’une maison, on est, non seulement en pleine rêverie, mais surtout en face d’une parodie de formule magique… «Lorsque vous devez construire une maison, votre première démarche est d’identifier le site sur lequel vous voulez l’édifier ! Ensuite, suivant vos moyens, vous songez à un type d’architecture qui tienne compte à la fois du plan d’urbanisme et de vos ressources. Quand vous savez exactement quel type de maison vous voulez, alors seulement vous faites dessiner les plans. Les plans achevés, la maison n’est pas encore construite. Il vous faut, en dépit de l’urgence d’avoir un toit, commencer par les fondations. Les fondations achevées, vous élevez les murs, puis posez la couverture. Là encore, la maison n’est pas terminée, car il vous faut soigner la finition et notamment l’architecture intérieure. C’est l’ensemble de ces opérations qui s’appelle construire une maison. Le travail de la Commission dialogue vérité et réconciliation (Cdvr) est à l’image de la maison à construire. Commençons par les fondations qui constituent la première étape de notre travail». Cette formule bien imagée du président de la Cdvr, depuis que celle-ci a acquis son identité ressemble à l’inversion d’une pyramide, ce qui peut faire écrouler son édifice. Comment peut-on mettre en place une fondation sans avoir, au préalable conçu le plan. Si la personne de Charles Konan Banny bien que fortement colorée Rhdp ne pose aucun problème, ses méthodes par contre ne sont pas clairement perçues par les populations qu’il est censé réconcilier. De fait, depuis sa nomination à la tête de la Cdvr, structure copiée sur le modèle sud africain après l’apartheid, Charles Konan Banny n’a pas encore posé d’acte fort allant dans le sens d’une réconciliation comme cela est attendu par les Ivoiriens. La vérité est que Charles Konan Banny manque, non seulement d’imagination, mais plus grave, de méthodologie. Le moins que l’on puisse dire ou penser aujourd’hui, est que Banny prend sa mission (il s’agit bel et bien d’une mission), comme une fonction. Dans sa tête, il pense être «le Premier ministre» de la réconciliation et non un plénipotentiaire chargé de mettre en œuvre une volonté du chef de l’Etat. Personne ne connait à ce jour le plan d’action stratégique qui détermine de façon précise les actions à mener, à travers un chronogramme bien élaboré qui doit être accompli du 13 juillet 2011 au 31 décembre 2013, la fin prévue du mandat de la commission. Le sentiment aujourd’hui est que Banny fait du sur place. Au lieu de commencer par un dialogue en mettant en face des uns et des autres les ex-belligérants d’hier, Banny a plutôt opté pour un monologue, qui consiste à recevoir, à son domicile des gens dont certains n’ont aucun poids véritable sur le terrain. C’est vrai qu`on l’a vu à la télévision et dans les journaux, en genou, demandant pardon, à la mi-mars, avant de déclarer un mois de deuil national. Mais cet acte relève plus du symbolisme que d’une action palpable de réconciliation. Du monologue, nous en sommes aujourd’hui au culte de la mascarade. Banny n’a pris, sur lui, aucune vraie initiative de paix et de réconciliation, comme par exemple aller au Ghana ou au Liberia où sont refugiés le plus gros contingent d’exilés et de refugiés ivoiriens. Banny n’a jamais pris sur lui l’initiative de visiter les prisonniers Lmp, avec à leur tête Michel Gbagbo, fils de Laurent Gbagbo à la Pisam et Simone Ehivet Gbagbo, l’épouse de l’ancien chef de l’Etat à Odienné…Il ne dénonce pas les arrestations dont la balance penchent beaucoup trop sur un côté … sur un camp. Qui est donc ce réconciliateur qui est en passe de faire attendre sous l’orme, toute la Côte d’Ivoire ? Charles Konan Banny qui à son installation avait promis d’user de la seule force du dialogue «pour faire accoucher la vérité» donne le sentiment d’être dépassé par sa mission. Charles Konan Banny n’a, en effet, jamais pris le temps d’expliquer clairement aux Ivoiriens les objectifs réels visés au terme des deux ans, se contentant de poser des symboles où il était attendu pour mener des actions concrètes en faveur de la création d’un climat de confiance entre les Ivoiriens. Une partie des Ivoiriens pensent que l’attitude du président de la Cdvr s’explique par ses ambitions politiques. Il viserait la présidentielle 2015. Pour ce faire, il veut froisser le moins possible, tout en gardant à l’esprit qu’il doit obligatoirement réussir cette mission de réconciliation s’il veut remporter le graal en 2015. Le premier ministre Banny est pris entre le marteau et l’enclume.

COULIBALY Vamara
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