L’ensemble des organisations des médias ont célébré la Journée mondiale de la liberté de la presse, hier, à l’Institut des sciences et techniques de la communication (Istc) à Cocody sur le thème : «La liberté de la presse à l’heure de la libéralisation de l’espace audiovisuel». Le représentant du ministre de la Communication, son conseiller technique, Sangaré Abdoulaye a porté au monde de la presse et des médias le message d’espoir de son mandant. Pour lui, l’Etat de Côte d’Ivoire s’est engagé à faire en sorte que la presse soit indépendante. D’ailleurs, il a dit que c’est dans ce sens que le président de la République a annoncé les états généraux de la presse et surtout la formation en France des rédacteurs en chef de la plupart des organes de presse. Le secrétaire général de la Commission nationale pour l’Unesco, M. Zio Moussa, président de l’Observatoire de la liberté de la presse et de la déontologie, a lu la déclaration des organisations des médias. Il a d’abord rappelé qu’au cours «des deux dernières décennies, le secteur de la presse en Côte d’Ivoire a connu une évolution positive relativement à l’environnement économique et juridique», notamment avec des acquis. Cependant, il n’est pas passé sous silence les difficultés qui pendent aux pieds des entreprises de presse. Il a ajouté, d’ailleurs, que malgré la régression de la liberté de la presse en Côte d’Ivoire, en 2011, selon Reporter sans frontières, depuis le premier trimestre de 2012, il y a une lueur d’espoir : «Pour les trois premiers mois de 2012, pour ce qui concerne la liberté de la presse en Côte d’Ivoire, nous constatons, heureusement, que la plupart des journalistes qui ont eu maille à partir avec les nouveaux pouvoirs publics, sont aujourd’hui tous libérés. Si on comptabilise bien relativement à l’emprisonnement des journalistes, ce premier trimestre de 2012 nous donne quelques lueurs d’espoir. Ce qui est en totale opposition avec ce qui s’est passé en 2011 que nous savons. Beaucoup de journalistes ont été emprisonnés, la plupart des journalistes ont perdu leur emploi, certains journalistes sont encore en exil. » Par la suite, il a été organisé une table-ronde sur «La liberté de la presse à l’heure de la libéralisation de l’espace audio-visuel». Alfred Dan Moussa, président de l’Upf-Côte d’Ivoire et Directeur général de l’Istc a donné un véritable cours magistral sur «La régularisation et l’auto régularisation». Après avoir fait l’état des lieux, il a justifié la création des instances de régulation : «Ce sont des fautes professionnelles graves qui commandent la mise en place, par chaque Etat, et dans chaque Etat, des instances de régulation animées par des professionnels nommés par le pouvoir en place». Au centre des préoccupations, était la libéralisation des médias qui va façonner le visage de l’audiovisuel en Côte d’Ivoire. Face à ces nouveaux défis pour les médias, le conférencier a donné des pistes aux professionnels des médias et aux promoteurs et patrons des médias. Face à la concurrence qui pointe du nez, Dan Moussa conseille le recrutement des diplômés professionnels aguerris, dans des conditions salariales et de travail idoines, un plan de formation rigoureux et réguliers. En plus, les professionnels des médias doivent offrir au public «un espace éditorial et de liberté dans un contexte de concurrence, etc.» Il a aussi conseillé de se servir de l’expérience des médiateurs qui sont les «porte-parole du public, de ceux qui écoutent, qui lisent, auprès des journalistes, et de la direction». Me Bourgoin, secrétaire général du Cnp a, lui, entretenu le public sur «La libéralisation de l’espace audiovisuel : le cas de la Côte d’Ivoire». Relativement au décret fixant les règles et procédures d’appel d’offres et d’appel à candidatures, il a précisé que «la procédure d’appel d’offres ne concerne que les radios, tandis que l’octroi des autorisations d’usage des fréquences pour les télévisions commerciales est, lui, régi par la procédure d’appel à candidatures ». Il en a donné le montant du cautionnement qui accompagne les dossiers d’appel d’offres ou d’appel à candidatures. «1 milliard Fcfa pour les télévisions commerciales, 400 millions pour les radiodiffusions sonores non commerciales, 500 millions Fcfa pour les télévisions privées non commerciales et 03 millions Fcfa pour les radiodiffusions sonores privées non commerciales ». La Haute autorité de communication audiovisuelle (Haca), selon Me Bourgoin, « outre la mission traditionnelle de régulation du secteur de l’audiovisuel (…), il est naturellement dévolu à la Haca la mission de la mise en œuvre effective de la libéralisation de la télédiffusion». Enfin, Roland Wimer, journaliste américain, consultant international, a, lui, abordé « l’importance de la crédibilité du journaliste ». Pour lui, la crédibilité, l’objectivité sont au cœur du succès d’un journaliste. «Il faut être objectif si on veut être lu», a-t-il conseillé.
François Konan
François Konan