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Politique Publié le mercredi 23 mai 2012 | Le Patriote

Zongo Kader Cédric alias Parakato (Secrétaire à l’Education de la FESCI, section droit Abidjan) : “Il fallait tuer plus pour être au premier plan”

A visage découvert, il a décidé de parler pour mettre à nue les agissements criminels de la FESCI dont il fut l’un des membres influents au niveau de la section droit. Vérité sur les dérives d’un syndicat qui s’est mué en mafia au ordre de l’ex-président Laurent Gbagbo
Le Patriote: Présentez vous à nos lecteurs
Zongo Kader Cédric: Je suis Zongo Kader Cédric à l’état civil, connu sous le sobriquet de Parakato, secrétaire à l’éducation de la section FESCI-droit Abidjan, militant de la FESCI depuis 2008.

LP: Que faites-vous dans la vie actuellement?

ZKC: Je suis toujours étudiant en droit. Comme l’université est fermée, je suis pour le moment à la maison.

LP: En tant que membre de la FESCI, que répondez-vous à ceux qui accusent la FESCI d’avoir perpétré, des crimes et des meurtres notamment à Port-Bouët dont les ossements ont été découverts récemment?

ZKC: Vu l’esprit dans lequel la FESCI était dans la situation postélectorale, après la sortie de Yao Paul N’Dré et de Y.J. Choi, rien n’était à exclure. La FESCI avait en effet, pris corps et âme position. Pour la FESCI, c’est Laurent Gbagbo qui est le vainqueur des élections. Étant donné aussi la présence massive des miliciens dans les cités, logés par la FESCI.

LP: Avez-vous des preuves de la présence des miliciens dans les cités universitaires?

ZKC: Je ne suis pas un étudiant quelconque. Je suis membre du bureau exécutif de la section Droit d’Abidjan. L’actuel secrétaire général, de la section Droit Valtère Koffi, qu’on appelle (général Kao Kao) ne peut nier que les miliciens libériens dormaient sur la FAC de droit. Les miliciens étaient également dans les cités universitaires. Que ce soit Mermoz où le campus 2000. Le secrétaire général de la section Mermoz, Koffi Anan avait pour garde du corps des miliciens libériens. Mian Augustin, lui-même avait pour garde du corps, des miliciens libériens. Valtère Koffi et son ami Djeff de la Flash, logeaient les miliciens dans les différentes chambres. J’étais responsable. Je sais de quoi je parle.

LP: Que faisaient ces miliciens?

ZKC: Ces miliciens étaient chargés de traquer toute personne qui tendait à dire que Laurent Gbagbo n’a pas gagné. Celui qui ne reconnaissait pas Laurent Gbagbo comme le vainqueur ne devrait plus mettre les pieds à l’université. Beaucoup d’étudiants ont été interdits sur le site de l’université. Je connais personnellement beaucoup de ces miliciens libériens, parce que j’ai fait tout mon cycle secondaire à Guiglo. Je connais Mao Glofiehi, je connais ses gardes du corps. Beaucoup d’entre eux se sont retrouvés en cité universitaire. Ils accompagnaient souvent Mian Augustin dans la région d’Aboisso pour terroriser les responsables de l’opposition. Ils étaient logés et armés.

LP: Cela suffit-il pour accuser les étudiants de Port-Bouët d’être les auteurs de meurtres?

KZC: Les ossements qui ont été retrouvés à Port-Bouët, ne se sont pas retrouvés là par hasard. Pour rappel, je voudrais vous faire savoir que chaque responsable de faculté ou de cité dormait dans les cités. Nos amis qui dormaient à la cité de Port-Bouët, chaque jour, venaient nous rapporter leurs prouesses. C’était une fierté pour eux. Ils disaient : on a arrêté un assaillant, on a fini avec lui, entendez par là, on l’a tué.

LP: Qui dormait à Port-Bouët?

ZKC: Nous avons certains responsables qui dormaient à Port-Bouët. Bonito, l’un de nos responsables dormait à Port-Bouët. Chaque matin, il faisait le point. Ils se réjouissaient de ceux qu’ils tuaient. Ces ossements qui ont été découverts ne sont pas arrivés par hasard. Tous les meurtres avaient l’aval du secrétariat national qu’incarnaient Mian et KB(Kacou Brou), qui était commandant des Affaires maritimes. Ce sont les véhicules des affaires maritimes qui servaient à distribuer les armes dans les cités universitaires.

LP: De quels genres d’armes s’agit-il?

ZKC: Des kalachnikovs, des pistolets automatiques, il y a eu même des grenades. Ces armes devraient servir à défendre le pouvoir de Laurent Gbagbo coûte que coûte parce que pour eux, si Alassane Ouattara venait au pouvoir, il allait dissoudre la FESCI. Il allait tuer l’école ivoirienne. Pourtant ce sont eux qui ont tué l’université en la pillant totalement.

LP: Vous dites pillage?

KZC: Tout le monde sait que les membres du bureau national ou de section ont tout pillé avant de vider les lieux. A l’ENS, tout le monde sait que le secrétaire à l’éducation adjoint 1 du bureau exécutif national de le FESCI, Guédé Augustin dit Karakarassa qui faisait sortir les étudiants de leur chambre pour servir de bouclier humain à la résidence de Laurent Gbagbo, est parmi les pilleurs. C’est lui qui a mené les pillages à l’ENS. Au niveau de la FAC de Droit, Kao Kao a mené ces pillages. En sciences éco, N’Goran je t’aime. Ils sont encore là, ils ne peuvent nier ce que je dis.

LP: Y a-t-il eu des tués sur le campus?

ZKC: Tout à fait ! Peut-être qu’on n’a pas encore découvert leurs ossements. Nous avons la preuve du survivant Soro Youssouf qui a été arrêté et que Kao Koa s’apprêtait à abattre. Il a eu son salut grâce à un cortège de l’ONUCI qui passait récupérer les bulletins de vote au second tour. Ceux qui n’ont pas eu la chance ont été tués.

LP: Pour vous, que doit être la FESCI aujourd’hui?

KZC: Le président actuel est un libéral. Je ne pense pas qu’il soit capable de dissoudre un syndicat. Mais, avant, il fallait situer les responsabilités. Nous sommes d’accord que la FESCI existe mais pas avec ceux qui la dirigent actuellement. Ils se sont rendus coupables de beaucoup de dommages aux étudiants. Je ne comprends pas pourquoi le Premier ministre leur à accorder une audience. Je ne suis pas d’avis que ceux-là qui ont tué l’école ivoirienne soient reçus à la primature. Aujourd’hui, je crains qu’après tous ces milliards qui ont été engloutis pour rénover l’université, ces mêmes personnes ne viennent par leurs agissements pour mettre à mal ce qui a été fait. N’oubliez pas qu’ils arrachaient les portables de leur camarades, ils avaient pris en otage les chambres qu’ils surlouaient. Il fallait souvent payer 200.000 F CFA pour avoir une chambre. Et cette chambre vous était arrachée à tout moment. La FESCI était devenue une véritable mafia.

LP: Quand en est-il du cas particulier de Williamsville?

KZC: A Williamsville, les responsables de la FESCI s’habillaient en tenue traditionnelle dozo. Ils tiraient dans les quartiers et parlaient dioula pour dire aux populations qu’ils étaient venus pour les libérer. Dès que les gens sortaient, ils étaient tués. Ça été fait. La FESCI l’a fait à Williamsville. Ils étaient en complicité avec la CRS qui évacuait les corps.
Réalisée par Thiery Latt
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