Une équipe de la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie) déployée dans le quartier Dioulabougou de Man à l’effet de procéder à l’interruption de la fourniture de courant électrique dans les ménages mauvais payeurs a eu maille à partir, mardi dernier, avec une partie des populations. Il est de coutume à la Cie d’agir ainsi pour amener ce type de ménages à se mettre en règle vis-à-vis de la Compagnie. Cinq équipes ont été alors commises par le directeur régional Abodjé Kouamé pour faire le travail dans l’ensemble de la ville de Man sous la protection des forces de l’ordre. La Direction régionale de la Cie qui prépare son premier bilan semestriel 2012 a, à cœur, de recouvrer le maximum de créances, d’où la décision de sanctionner ceux qui ne veulent pas régler leurs impayés de factures. L’opération s’est globalement bien déroulée sauf à Dioulabougou, nid de la résistance anti-citoyenne. L’équipe de la Cie et les deux gendarmes accompagnateurs ont été séquestrés dans une cour commune où ils venaient de « couper le courant ». Les propriétaires des lieux ont fermé leur portail et sommé les visiteurs de rétablir l’électricité pour avoir leur liberté. Paniqués et minoritaires, l’équipe de la Cie a dû se résoudre à obtempérer afin sinon d’avoir la vie sauve à tout le moins de protéger son intégrité physique. Une fois dehors, ils verront une mobilisation spontanée des habitants du quartier telle qu’il leur a semblé encore plus sage de quitter les lieux et retourner à la base. Cette mésaventure a fortement désolé le directeur régional de la CIE qui ne sait plus à quel saint se vouer. Les nombreuses campagnes de sensibilisation ne semblent avoir aucun effet sur certaines populations. Beaucoup avaient argué qu’il fallait un nouveau président de la République avant que les nouvelles consommations soient honorées. Ils avaient même indiqué qu’ils ne paieraient leur consommation qu’à compter de janvier 2012. Aujourd’hui. La campagne ivoirienne de l’électricité est à la deuxième facturation de 2012 mais ces derniers continuent dans l’incivisme. Les ravissantes travailleuses de la Cie ont beau se vêtir élégamment avec les teeshirts invitant à régler les factures en guise d’acte citoyen, une partie des Manois n’en a cure. « On ne sait plus quoi faire. On aura tout essayé mais ils ne veulent pas entendre raison », a confessé le directeur régional de la Cie obligé de se contenter de ses 35% de taux de recouvrement sur les 98% attendus.
JEAN MARC SAHI
JEAN MARC SAHI