Avec la nomination de Sabri Lamouchi au poste de sélectionneur de l’équipe nationale de la Côte d’Ivoire, on reconnait les Africains dans leur plaisir favori. Toujours prompts à critiquer sans discernement. Un vrai jeu favori que pratique la plupart des Africains. Aucune dissertation apprise au lycée ne les pousse à la profonde réflexion sur le pour et le contre d’une affaire. Pris d’ennui la plupart du temps, ne s’adonnant à aucune pratique de loisir pour se cultiver, la critique systématique reste leur jeu favori. Et la Fédération ivoirienne de football vient de leur donner de la viande à broyer pour quelques semaines. Presque tous ceux qui ne connaissent pas les règles du jeu, tous ceux qui n’ont pas été au stade depuis des décades, les supporteurs ou spectateurs du petit écran sont les plus agressifs dans leurs critiques. Les spécialistes s’en donnent à cœur joie, dans la mesure où ils n’ont pas été consultés. Aux yeux de tous, la FIF a commis un crime de lèse-majesté. Elle leur permettra d’être heureux pendant des jours, des semaines et des mois. Tous ceux qui se plaignaient et se révoltaient qu’on leur demande d’avoir de l’expérience avant d’être embauchés ont retrouvé de la voix. Un inexpérimenté ne doit avoir aucun poste dans le pays. Ainsi toute inexpérience est un délit. Avec ces pourfendeurs du dimanche, aucune expérience ne peut s’acquérir sur le tas. Aucune intelligence ne peut amener à déchiffrer des difficultés et à les résoudre. A écouter les uns et les autres, dans leur aigreur, le pauvre Lamouchi n’a jamais joué au football. Il n’a jamais pratiqué un entraineur des années durant dans un club. A les entendre ou à les lire, le sélectionneur des Ivoiriens a été pris sur le marché d’Adjamé. Quand on n’a pas les cinq genres de lecture à pratiquer au quotidien, broyer ceux qu’on déteste rend heureux. Attendre que le novice montre ses qualités est trop demander. L’ancien, celui qu’on vilipendait, est devenu le héros du jour. On lui trouve désormais toutes les qualités. Que n’avait-on pas entendu sur lui ? Surtout son système défensif, le jeu de contre hérité du système italien qui ne convenait pas à nos joueurs. Sans lui, la Zambie aurait été battue avant même vingt minutes de jeu. D’ailleurs, on disait que la Côte d’Ivoire n’a pas même pas besoin d’entraineur, pour dire sélectionneur. Evidemment l’entraineur mythique des Ivoiriens refait surface. Philippe Troussier. Ah si on avait le sorcier blanc ! On oublie déjà que ce jeune français arrive sur les bords de la lagune Ebrié venant d’un petit club de division d’honneur après deux saisons seulement. Dès le premier match on a tous compris que la valeur n’attend point le nombre des années. Tout le monde sait que la fameuse coupe de 1992, indirectement, est l’œuvre de Troussier. Dans les critiques acerbes pour se donner de l’importance et de la connaissance on ne se souvient plus de David. Combien de fois on a cité le combat de David et Goliath ? Un petit peut toujours triompher d’un grand. Aujourd’hui Lamouchi est comme un David. Tout petit il va s’attaquer à des gladiateurs, des gens qui attendent qu’il échoue et vont prier dans ce sens on ne sait quel dieu. C’est à lui de se montrer croyant et rempli de foi. Beaucoup ne seront pas heureux tant qu’ils «n’auront pas sa peau». «Qu’il se souvienne, ses commanditaires et lui que l’histoire et l’actualité ont montré des personnes dénuées d’expérience et qui ont fait des exploits. Qu’il se souvienne, lui qui vient de l’Hexagone, que Raymond Radiguet, à 17 ans, a écrit un livre qui reste un classique dans la littérature française. Qu’on lui dise qu’un soir, un capitaine d’aviation devient chef d’Etat. Il n’avait jamais travaillé dans un ministère, ne savait même pas comment se faisait un budget, a fortiori un conseil des ministres. Et qu’en six mois il va rétablir tous les fondements du pays. Des gens venus d’Oxford, de Cambridge, de Harvard et avec toutes leurs expériences avaient mis le pays dans une situation désastreuse. Jusqu’aujourd’hui ce bon peuple n’oublie pas son inexpérimenté. Plus proche de nous. Parlons du petit frère. Un vrai inexpérimenté qui arrive au pouvoir et qui va démontrer que la valeur n’attend point le nombre des années. Ahmadou Hampaté s’évertuait à dire que le vieillard en Afrique n’est pas le vieux celui qui a les cheveux blancs.
Le vieillard c’est celui qui a la connaissance, le savoir. Il doit savoir aussi le Lamouchi que c’est comme ça en Afrique. Tout se politise. La passion quotidienne c’est la critique désordonnée. Presque personne ne construit en lui sa République et cherche à réussir de lui-même. Seuls les autres sont responsables de nos malheurs. On passe son temps à critiquer les autres au lieu de se regarder soi-même dans le miroir et de s’arranger pour être beau ou belle. La bosse est toujours sur la tête de l’autre, tandis que son propre dos porte la bosse de la médisance, de la jalousie, de l’envie, du manque de discernement. Lamouchi a une chance de rentrer dans une carrière de cette façon. Il va apprendre à connaitre les hommes et c’est la meilleure manière d’acquérir la sagesse. Qu’il lise tous les textes du Roi Salomon et pour mieux cerner son environnement mon roman : « Et pourtant elle pleurait» ne serait pas de trop pour lui. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
Par Isaïe Biton Koulibaly
Le vieillard c’est celui qui a la connaissance, le savoir. Il doit savoir aussi le Lamouchi que c’est comme ça en Afrique. Tout se politise. La passion quotidienne c’est la critique désordonnée. Presque personne ne construit en lui sa République et cherche à réussir de lui-même. Seuls les autres sont responsables de nos malheurs. On passe son temps à critiquer les autres au lieu de se regarder soi-même dans le miroir et de s’arranger pour être beau ou belle. La bosse est toujours sur la tête de l’autre, tandis que son propre dos porte la bosse de la médisance, de la jalousie, de l’envie, du manque de discernement. Lamouchi a une chance de rentrer dans une carrière de cette façon. Il va apprendre à connaitre les hommes et c’est la meilleure manière d’acquérir la sagesse. Qu’il lise tous les textes du Roi Salomon et pour mieux cerner son environnement mon roman : « Et pourtant elle pleurait» ne serait pas de trop pour lui. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
Par Isaïe Biton Koulibaly