L’opération dite de sécurisation de la ville d’Abidjan est en passe de se transformer en opération de racket organisé. Bien que cela ait permis de mettre la main sur quelques repris de justice qui se sont évadés de la Maca. À Yopougon, les populations n’en peuvent déjà plus. Arnaud Dobé est un jeune diplômé vendeur de cigarettes. Il est âgé d’une vingtaine d’année environ. Espérant que la politique de création des 200 000 emplois par an annoncée par le Président de la République soit une réalité pour qu’il change de statut un jour. Aujourd’hui, il est plus que jamais furieux contre les forces de l’ordre (policiers et Frci). Ce mardi 15 mai, Arnaud est assis derrière sa table de cigarettes à proximité de sa maison, située à Yopougon Sogéphia, non loin de la pharmacie du marché. Il est 21 h 30mn, le jeune commerçant espère encore avoir ses derniers clients pour atteindre la recette qu’il s’est fixé par jour. Malheureusement, ce ne sera pas le cas. Car, il reçoit des clients peu ordinaires. Des hommes habillés en treillis et armés de Kalachnikov qui lui ont demandé de présenter sa carte d’identité. Etant normal, le jeune ne fait pas de résistance. Il présente alors sa carte. Ce qui ne s’arrête pas là. «Malgré la possession de ma carte d’identité, Ils m’ont demandé de monter dans leur cargo sous prétexte qu’il s’agit d’une rafle systématique », fait savoir le jeune Arnaud. Et d’ajouter : « je leur ai demandé pardon et même montré ma maison qui est située à deux pas pour qu’ils me permettent de ramasser mes objets puis rentrer. Proposition qu’ils ont refusée. Du coup, j’ai entendu une voix qui m’a demandé de faire un geste pour qu’ils puissent me laisser. Là encore, j’ai répondu que je n’ai pas d’argent». Ce qui s’avère incroyable est que les éléments des Frci qui sont pour la plupart commis à cette tache arrachent de force les téléphones portables des personnes raflées et leur demandent de s’en aller. Pendant la conversation, Arnaud a essayé de lever la voix pour permettre à ses parents de l’entendre afin de lui venir en aide. Mais apeurés, ils n’ont pu intervenir. Déporté au commissariat du 16è arrondissement, Arnaud est transféré le lendemain à la préfecture de police pour soit disant une enquête approfondie. Il y passera trois jours avant d’être libéré.Ses parents n’ayant pas trouvé les 20 000f comme rançon pour sa libération. Puisque, « ma famille n’a pas d’argent et je n’ai pas de parent bien placé, j’ai fait les trois jours. Sinon, ceux avec qui je suis arrivé de Yopougon pour les mêmes raisons sont sortis avant moi parce qu’ils ont payé. Donc ma mère se contentait de m’apporter de la nourriture chaque jour », explique Arnaud Dobe, la mort dans l’âme. Il a tort, tout va bien dans le pays…
JEAN- HUGUES AHOLIA
JEAN- HUGUES AHOLIA
