Après les affrontements meurtriers qui ont endeuillé les localités de Kotobi et d’Arrah en février dernier, les jeunes de la capitale de la région du Moronou ne sont pas loin d’un autre affrontement. Cette fois-ci, ce n’est pas une opposition entre communautés ethniques qui risque d’embraser Bongouanou, mais une décision de justice rendue par le président la section locale du tribunal. Selon nos investigations, c’est Don Mello Koua Cyriaque, frère cadet du tonitruant Ahoua Don Mello, aujourd’hui en exil au Ghana qui est à la base de ce qui pourrait arriver dans cette ville, si l’on y prend garde. C’est ce dernier, à partir d’une banale affaire de vol de moto, est prêt à mettre le feu aux poudres. Nos sources rapportent que tout a commencé le 11 avril 2011, jour de l’arrestation de l’ancien président Laurent Gbagbo. Alors que la confusion régnait encore dans la ville, le jeune Dembélé Drissa et son ami empruntent une moto pour se rendre au quartier Agnikro. Après la visite, le jeune Drissa et son ami qui sont tous deux employés dans une compagnie de transport se rendent compte que la moto qu’ils ont empruntée a disparu. Sur ces faits, une plainte est déposée auprès des Frci pour signaler le vol. Après des recherches infructueuses, les deux amis s’engagent alors à rembourser la moto à partir d’une échéance arrêtée de commun accord avec le propriétaire de l’engin. Mais plusieurs mois après ces faits, le frère cadet de Don Mello se présente au siège du tribunal avec la moto volée et la présente comme pièce à conviction de ceux qui ont pillé le domicile de son grand frère après la chute de Gbagbo. Après le procès, le juge Kossonou Kouakou et son substitut Konan Guillaume condamnent le jeune Dembélé Drissa à trois ans de prison ferme pour vol en réunion. Mais cette décision est battue en brèche par les jeunes du quartier Dioulabougou qui dénoncent une un règlement de compte du frère de Don Mello qu’ils accusent d’être de connivence avec le juge. « Comment peut-on rendre une décision à partir d’une moto qui avait été déclarée volée plusieurs mois avant ? Comment le jeune Don Mello a pu avoir cette moto alors qu’elle avait été déclarée volée ? Comment peut-on condamner un jeune sans l’avoir écouté au bénéfice d’un milicien chez qui des armes de guerre ont été saisies ? », fulmine un jeune du quartier Dioulabogou que nous avons joint au téléphone. Une autorité militaire de la ville que nous avons également jointe confirme que la tension est vive à Bongouanou. Les jeunes du quartier Dioulabougou qui n’approuvent pas cette décision du juge menacent de faire une descente sur le tribunal et le quartier Agnikro où la moto a disparu par enchantement le 11 avril 2011. Vivement que les autorités se saisissent de ce dossier avant que le pire ne se reproduise dans le Moronou
Kra Bernard
Kra Bernard