«Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique porte à la connaissance des élèves en classe de Terminale que des préinscriptions en ligne sont organisées en vue de l’accès à l’Enseignement supérieur, selon le programme ci-après : du mardi 12 au samedi 30 juin 2012 : choix de formation (universitaire ou professionnelle) pour tous les élèves en classe de Terminale, sans exception, avec attribution d’un code de préinscription, au coût de 2000F.cfa. Du jeudi 16 au vendredi 31 août 2012 : Confirmation par les bacheliers 2012 des choix de formation et de filières (filières universitaires, filières professionnelles) en vue de leur affectation soit dans une université, soit dans une grande école, au coût de 5000 F.cfa. A cet effet, tous les élèves en classe de Terminale sont tenus de participer à la première phase de l’opération afin d’accéder à la seconde, après le baccalauréat. Pour toute information, les concernés sont invités à se rendre sur le site www. dorex.edu.ci». C’est le communiqué que vient de faire publier, la Direction de l’orientation et des bourses (Dorex) du ministère de l’Enseignement supérieur. Un communiqué qui est loin de faire l’unanimité dans la communauté étudiante et scolaire. Signe patent de ce mécontentement, la réunion de crise hier à Yopougon, de nombreux élèves des lycées et collèges de cette commune, pour contraindre le ministère de l’Enseignement supérieur à surseoir ou à faire annuler cette décision. «On n’a même pas encore le baccalauréat et on nous demande de nous préinscrire à l’université ou dans une grande école sous réserve du baccalauréat. On ne sait pas sur quoi cette décision repose si ce n’est que l’Etat veut tout simplement renflouer ses caisses en nous arnaquant. Si l’Etat a des difficultés, les élèves de Terminale qui ont assez souffert de la crise postélectorale n’en sont pas responsables. Ce n’est pas de notre faute si l’Etat n’a pas d’argent. Ce n’est pas sur notre dos qu’il va s’enrichir» explique Y.K, un élève du lycée municipal Gadié Pierre, visiblement sur le pied de guerre. Les parents d’élèves et étudiants de Côte d’Ivoire, à l’instar de leurs enfants, désapprouvent également cette mesure. «La priorité du ministre de tutelle, Cissé Ibrahima Bacongo, ce n’est pas d’obliger un élève de terminale à payer 2000F.cfa à se préinscrire à l’université ou dans une grande école, sous réserve du baccalauréat. Il ya les bourses des doctorants qui ne sont pas encore payées, les cités universitaires ne sont même pas encore réhabilitées également, des étudiants n’ont même pas encore soutenu, les universités de Cocody et de Bouaké ne sont pas ouvertes…. Et on veut nous distraire par cette mesure d’ailleurs impopulaire» affirme Coulibaly Drissa, un opérateur économique qui milite à l’association des parents d’élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (Apeeci), depuis de nombreuses années. Depuis hier, les syndicats estudiantins donnent également de la voix. Pour Oba Jean Baptiste, secrétaire général de la Fédération nationale des élèves et étudiants de l’enseignement professionnel et technique de Côte d’Ivoire (Fnept-Ci), cela a tout l’air d’une escroquerie. «Cette fédération n’a pas été associée à cette décision. Comment un élève de Terminale peut-il savoir s’il aura le baccalauréat ? Et s’il échoue à cet examen, les 2000F.cfa ne lui seront pas remboursés. Ce qui est plus grave ! Vraiment, il y a plus urgent à résoudre que ça. Que Bacongo se penche plutôt sur le cas de ces nombreux étudiants admissibles aux BTS qui n’ont pas encore soutenu, faute de stage, qu’il fasse revenir les prises en charge. Et puis entre nous, payer 5000F.cfa pour confirmer les choix de formation et de filières, c’est excessif. L’ancien tarif de 3000 F.cfa (1000F.cfa pour la pochette et 2000 F.cfa pour le choix des filières) était acceptable. Les 2000F.cfa de plus sont vraiment de trop et ne se justifient pas» soutient Oba Jean Baptiste. La Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) n’est pas en reste. Mian Augustin, l’actuel secrétaire général a vivement condamné par téléphone, la décision du ministre Bacongo. Tout comme, Serges Nando, le porte-parole d’un collectif de huit syndicats estudiantins. «La Fesci combattra cette mesure injuste. La mesure concernant les élèves de Terminale doit être purement et simplement annulée. Les 5000F.cfa à payer par les bacheliers de la session 2012 concernant les choix de formation et de filières, doivent être revus à la baisse» renchérit Mian Augustin. Nous avons vainement tenté lundi et mardi derniers de joindre par téléphone, M Coulibaly Doulaye, le directeur de l’orientation et des examens (Dorex) pour qu’il explique le fondement d’une préinscription en ligne pour des élèves de Terminale qui n’ont pas encore le baccalauréat
Charles Bédé
Charles Bédé