Difficile de dire si les caisses des commissariats sont renflouées, depuis l’annonce, il y a de cela quelques mois, de la prise de mesures vigoureuses par la hiérarchie, afin de lutter contre le racket. Qui a dit que promettre de l’argent à nos corps habillés allait diminuer le racket ? De quoi s’agit-il ? Les autorités hiérarchiques de nos hommes sur les routes ont cru lutter contre le racket et redonner une nouvelle image des policiers aux populations, en promettant de leur offrir un pourcentage sur les contraventions qu’ils enverraient dans «les caisses». Donc normalement, plus ils verbalisaient, plus leur cagnotte augmentait. Ce qui devrait leur permettre d’être plus professionnels et rigoureux. Mais les chefs ont sous-estimé le mal qui ronge leurs hommes sur le terrain. Désormais, c’est à une mendicité déguisée qu’ils se livrent sur les routes. Un véhicule arrêté pour une quelconque vérification ou même pour une faute, et hop ! Ils lancent tout doucement au conducteur, lorsqu’ils n’ont rien à lui reprocher : «Nous sommes là pour votre sécurité, donnez un peu pour prendre notre café». Aux noctambules qui rentrent des tournées bien arrosées, les policiers servent aussi un autre langage : «Nous sommes dans cette fraîcheur pour sauver vos nuits. Vous pouvez faire un petit geste pour nous aider à assurer votre surveillance». Serait-ce du racket ? Mais non, voyons ! Juste un petit soutien. Que répondent-ils lorsqu’on leur propose un peu d’alcool pour les réchauffer ? : «Nous ne consommons malheureusement pas l’alcool. Vous pouvez nous donner juste un peu de sou pour acheter une sucrerie ». Dans le cas où le conducteur est en faute, dans la soirée surtout, puisqu’il est interdit de couper une contravention de nuit parce que les bureaux sont fermés, un petit marché est vite passé avec le conducteur. «Si je dois vous verbaliser, ça coûtera cher donc on va s’arranger ici. Donnez-moi mille francs seulement ». Vite dit et vite fait. La majorité des conducteurs s’exécute. Le plus drôle est que nos hommes de sécurité vont jusqu’à chercher de la monnaie chez les vendeurs les plus proches quand la victime donne une grosse coupure. Et lorsque leurs cibles contestent trop les fautes qui leur sont reprochées, ils répliquent : «C’est à cause de petites choses que vous allez nous donner là, vous parlez beaucoup comme ça ? Il faut partir alors». Rien à dire. Rien à faire pour stopper le racket ? Les commissaires veulent se rendre à présent sur le terrain pour constater les choses de leurs propres yeux. Comme si les agents au bureau n’informeront pas ceux qui sont sur le terrain une fois que le commissaire aura quitté son bureau…
Mireille Appini
Mireille Appini