Le travail. Le dictionnaire « Le Petit Larousse » définit ce mot de sept lettres comme une activité visant à la création, à la production. Le travail dit- on, libère l’homme. Surtout lorsque celui-ci est rémunéré. Bien rémunéré. C’est pourquoi tout homme aspire au travail afin de s’affranchir. En d’autres termes, l’on désigne le travail comme un emploi. Ah vous avez dit emploi ! Ce mot est abusivement employé par les hommes politiques. Surtout lorsque ceux-ci visent des postes qui leur permettent d’avoir toujours de l’ascendance sur leurs semblables. En Côte d’Ivoire, pendant les élections présidentielles de 2010, c’était presque un refrain chez les quatorze candidats. « Je vais donner des emplois aux Ivoiriens. Je vais créer 1milliard d’emplois pour les Ivoiriens si je suis élu président. Il n’y aura plus de chômeurs en Côte d’Ivoire si je suis élu président … ». Sur ce sujet, le candidat devenu président par le verdict des urnes, Alassane Ouattara est celui qui a battu le record des promesses d’emplois aux Ivoiriens. Fort malheureusement, plus d’un an après son accession au pouvoir d’Etat, les nombreuses promesses d’ emplois faites aux Ivoiriens, surtout aux jeunes, tardent à se réaliser. Ou alors, les quelques travaux qu’exercent certains jeunes sont en inadéquation avec leur parcours scolaire ou leur formation initiale. De jeunes filles et de jeunes garçons habillés en chasubles verts ou oranges avec de grosses bottes aux pieds, des pelles et des brouettes en mains, diplômés pour la plupart et curant des caniveaux. Ou comme des singes, ils sautent de branche en branche pour tailler les arbres. Quand ce ne sont pas les caniveaux et les arbres, c’est la voie publique qui est balayée par de jeunes diplômés. Des travaux avilissants et dégradants qui renvoient aux tristes images des peines afflictives et infamantes subies dans les bagnes de Guyane ou de Nouvelle-Calédonie dans les années 30. Trouve-t-on normal que de jeunes ivoiriens diplômés (Bac, Bts, Licence, Maîtrise, Doctorat) curent des caniveaux ? Doit-on être fier de chanter qu’on a trouvé des emplois aux jeunes? En Côte d’Ivoire, l’école a-t-elle encore son importance ? Les autorités actuelles peuvent-elles répondre aux aspirations des jeunes ? Tout ce qui a été fait jusqu’à présent concernant l’emploi des jeunes, ne relève que du cosmétique. Plus de douze mois après l’exercice effectif du pouvoir d’Etat par Alassane Ouattara, le problème d’emplois des jeunes, reste entier. Pis, le chômage s’est accru avec des licenciements massifs aussi bien dans des sociétés d’Etat que dans les entreprises privées. La destruction des petites et moyennes entreprises par la ministre Anne Ouloto, sous prétexte qu’on assainit la ville sans avoir prévu d’alternative, a rajouté à la souffrance des Ivoiriens en général, les jeunes en particulier. Jusqu’à ce jour, le Président Alassane Ouattara et ses collaborateurs continuent de nourrir les Ivoiriens de promesses en parlant de la création de 250 000 emplois par an ? Quand ces emplois seront-ils créés ? Dans quel domaine ? Il est temps de quitter les salles feutrées pour s’attaquer au problème crucial d’emplois des jeunes. Il faut faire un diagnostic approprié et éviter de faire du saupoudrage. Le pouvoir actuel doit surtout mettre en place une stratégie de création d’emplois. Les jeunes diplômés qui, pendant dix ans ont géré des cabines téléphoniques, espèrent mieux que le nettoyage des caniveaux ou le largage des arbres. Certes, il n’y a pas de sots métiers dit-on, mais l’emploi qu’exerce un Ivoirien doit être conforme soit à son niveau d’études soit sa formation de base. L’Ivoirien doit retrouver toute sa dignité. A l’heure du bilan, l’on mettra dans la balance, tout ce qui a été promis pendant la campagne électorale et surtout ce qui a été réalisé pendant les cinq années de mandat. Sinon pour l’heure, les attentes en matière d’emplois des jeunes, sont loin d’être atteintes. Entr-Nous, cabine est mieux que caniveau. A mercredi prochain.
Art et Culture Publié le mercredi 20 juin 2012 | Boigny Express