Dans le milieu de la mécanique et de l’électronique, Mor Kassé est respecté. Il a dans les doigts une trentaine d’années d’expérience. Installé à son propre compte depuis 1980, à Treichville, cet homme a formé de nombreux jeunes qui aujourd’hui excellent dans la mécanique. « Beaucoup se sont installés ici comme en Europe », dit-il avec fierté, quand nous échangeons avec lui, le mercredi 13 juin 2012, en milieu d’après midi, à son garage sis à Treichville. Dans sa tenue de travail, Mor donne çà et là des instructions à ses collaborateurs entre deux coups de fils des clients qui s’enquièrent de l’état de leurs véhicules. Il intervient régulièrement lorsqu’il constate que certains de ses mécaniciens peinent à trouver des solutions pour tel ou tel autre engin. « J’ai vu passer ici toutes sortes de véhicules. Les présidents Houphouët-Boigny, Konan Bédié, Laurent Gbagbo et même Alassane Ouattara comptent parmi mes clients. Tous ces présidents me connaissent tous. En général, ils m’ont apporté leurs voitures quand ailleurs ils n’ont pas eu de solution », dit-il sans avoir l’intention de se vanter. Mor se souvient encore d’un des véhicules du président Gbagbo qu’il a remis en marche au moment où ceux qui lui ont apporté la voiture n’y croyaient plus. Aujourd’hui, Mor Kassé estime que la mécanique a beaucoup évolué, mais la formation actuelle dispensée aux jeunes apprenants dans les écoles est inadaptée et n’est pas en adéquation avec la réalité sur le terrain. « Il faut intégrer dans la formation beaucoup plus de modules sur l’électronique, car aujourd’hui, il n’y a pas de mécanique sans électronique. Car les stagiaires que je reçois sont parfois surpris de l’insuffisance de leur formation », fait-il remarquer. Comme difficulté, Mor Kassé relève que les sites abritent ses garages, ont fait plusieurs fois l’objet de palabre entre certaines autorités et lui. C’est pourquoi, il remercie, de vive voix, l’intervention du premier ministre Guillaume Soro, aujourd’hui président de l’Assemblée nationale. « Grâce au Premier ministre Soro nous n’avons pas été déguerpis du site du quartier Biaffra (Treichville) et je lui dis infiniment merci de nous avoir rendu visite sur le site en question », exprime-t-il, l’air soulagé. Toutefois, il a lancé un appel aux autorités ivoiriennes, afin qu’elles permettent aux garagistes d’exercer leur métier. « Nous employons de nombreux jeunes et notre secteur offre chaque année l’occasion aux jeunes de s’insérer. Alors que l’on cesse de nous arracher les sites ou de nous déguerpir pour un oui ou pour un non. Nous méritons plutôt d’être encouragés », plaide-t-il.
Alain BOUABRE
Alain BOUABRE