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Société Publié le jeudi 21 juin 2012 | Le Patriote

Cacophonie au sommet du royaume de Sakassou : La reine souhaite l’implication du Président de la République

La reine de Sakassou, Nanan Abla Pokou a souhaité, lors d’un entretien accordé au journal le Patriote, l’implication du chef de l’Etat dans la résolution du litige qui la lie à son peuple.
Le Patriote: Depuis combien de temps êtes-vous à la tête de ce trône?
Nanan Abla Pokou: Je suis à la tête de ce trône, il y a neuf ans. Les chefs de Sakassou résidant à Abidjan et mes frères sont venus demander la permission à mon mari pour que je vienne à Sakassou afin de sauver le trône et le peuple. Je suis descendante directe de la reine Pokou et quand j’ai appris que des femmes d’Adjanou ont été tuées, alors j’ai accepté de venir avec l’accord de mon mari au village en 2003. Le trône est quelque chose d’important pour moi et je suis arrivée, au début de la crise lorsque le roi défunt et le chef du village ont pris la fuite. Je n’avais pas encore été intronisée en ce moment. Il fallait d’abord sauver le trône pour ne pas le perdre comme on a perdu le tam-tam parleur du fait de la crise. C’est après cela que j’ai été véritablement intronisée en 2006.

LP: Vous dites avoir sauvé une situation à la suite de laquelle vous avez été intronisée. Aviez-vous droit à ce trône et qui vous a intronisée?
NAP: J’ai droit au trône vu mon arbre généalogique. Mon père Kouamé Djè était le roi de Sakassou, et ma mère une princesse. Mon père est le descendant direct de la reine Pokou. Ma mère était aussi était une princesse .Dans la famille, je suis l’ainée. Mes deux ascendants sont des princes. Ce qui fait de moi un titulaire incontournable du trône de Sakassou. Les chefs des cinq villages Assafo, Kondrobo, Mahounou, Kinglé, Sorobo, ont donné leur accord sans pression aucune comme on veut le faire croire. Pour avoir accès au trône, un b?uf blanc a été demandé. Ce rituel a été fait en présence des cinq chefs. J’ai été normalement intronisée selon les procédures de nos ancêtres.

LP: Qu’est-ce que l’on vous reproche concrètement?
NAP: Je ne sais pas en vérité ce que les uns et les autres me reprochent. Il faut dire qu’une fille de Sakassou, en l’occurrence Jeanne Peuhmond, m’en veut beaucoup. C’est d’ailleurs elle qui aurait fait venir des manifestants d’Abidjan pour saccager la cour royale et s’en prendre à moi. Elle a fait venir un groupe de jeunes pour attenter à ma vie. Elle me reproche de ne l’avoir pas soutenue aux élections législatives, pire elle est allée rapporter au président Alassane Ouattara que j’ai demandé au peuple Oualebo de voter pour Laurent Gbagbo au second tour de la présidentielle. Je ne me reconnais pas en ce qu’elle dit. Je ne fais même pas la politique.

Le Patriote : Qu’en est-il du conflit foncier qui a opposé récemment des villages de Sakassou?
NAP : Un conflit foncier a effectivement opposé 7 villages. Djongonouan contre six autres. Le sous-préfet à qui l’affaire avait été confiée n’a pu trouver de solution. Les villages concernés sont venus se confier à moi en vue de trouver une solution définitive. Après avoir informé le sous-préfet de la situation, j’ai fait appel à tous les villages en conflit. Seul Djongonouan n’a pas répondu à mon appel et s’est retrouvé à la sous-préfecture. Le sous-préfet m’ayant fait appel avec les autres villages, nous nous y sommes rendus. A mon arrivée, j’ai trouvé des manifestants qui m’ont accueillie avec des pierres, des machettes et des injures s’en sont suivies provoquant une bagarre qui a occasionné des blessés dont des cas graves évacués au CHU de Bouaké. En cas de conflit foncier, c’est la Cour royale qui tranche, l’administration ne connaissant pas les limites. Il y a 172 villages avec 36 tribus et ce sont les chefs de tribus qui maîtrisent les délimitations de nos terres et des villages.

LP: Mais les populations ne voulant plus de vous comme reine, ne devriez-vous pas quitter le trône pour le céder à une autre personne ?
NAP: Non, ce n’est pas comme ça que l’on cède un trône à une autre personne. Et je suis et je demeure la reine. Ils disent m’avoir destituée. Ce sont eux qui le disent, mais moi, je sais que ce n’est pas le cas car si les ancêtres ne voulaient pas de moi, je n’allais pas tenir neuf ans sur le trône. Les gens prétextent des problèmes personnels dans la mesure où pour eux, une personne comme moi ne doit pas être à la tête de ce trône pour la simple raison que je suis mariée à un Dioula. Pour eux, c’est une gêne et ça les dérange. Nous avons réussi là où certains n’ont pas pu. Nombreux sont ceux qui ont refusé de venir pendant que les balles sifflaient. Je ne peux pas, de mon propre chef, partir du trône, au risque de ma vie. Parce que j’ai été intronisée par le patriarche avec la bénédiction des ancêtres.

LP: Qu’est-ce que vous souhaitez pour mettre fin définitivement à cette situation?
NAP: Mon souhait est que le Président de la République intervienne afin de taire ces querelles, et que je puisse retrouver mon trône. Il faut que je retourne et si je demande l’aide du chef de l’Etat, c’est parce qu’il est le Président de tous les Ivoiriens et non le Président des peuples du nord. Ma fille, mon petit fils et mes vigiles ont été injustement incarcérés. Il faut que justice soit rendue en les libérant.

Coulibaly Souleymane, correspondant régional
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