Parmi les mauvais sentiments que le président Houphouët Boigny recommandait de tuer en nous, il y a trois principaux que j’ai retenus : la haine, la jalousie, l’égoïsme. L’histoire d’Eburnie 1et 2 que nous avons promis de conter aujourd’hui.
Un jour donc, une fée apparaît à Eburnie 2 et se présente à la jumelle en disant : « J’ai entendu tes prières de tous les jours et je suis descendue aujourd’hui pour t’exhausser. Dis-moi donc tous tes vœux et je les réaliserai à l’instant. Et Eburnie 2 s’exclame.
Tu dis que j’aurais vraiment tout ce que je veux ?
‘’Oui’’, répond la fée qui ajoute, ‘’si tu veux dix villas ou châteaux, des avions ou des voitures et autant d’argent, tu les auras aujourd’hui’’.
Eburnie 2 interroge à nouveau et ma sœur jumelle 1 aura quoi ?
La fée pousse un petit air de sourire et dis : ‘’Ta sœur jumelle aura le double de tout ce que tu demanderas’’.
‘’Et pourquoi doit-elle avoir le double’’ ?
‘’C’est comme ça que j’ai décidé’’, répond la fée.
Eburnie 2 garde un petit silence et reprend.
‘’Tu dis bien que ma sœur aura le double de ce que j’aurais’’ ?
‘’Oui’’, répond la fée.
Alors dans ce cas, reprend Eburnie 2, ‘’crève-moi un œil’’.
Devant un tel élan d’égoïsme et de jalousie, la fée n’a eu de reflexe que de disparaître. Ces deux sentiments ne sont-ils pas à la haine ce que la sève est à l’arbre ?
Et cette richesse négative de se répandre sur la Côte d’Ivoire. Bien alimenté, chacun de nous excelle dans son expression. Sur les routes, au volant de notre véhicule, nous roulons sans tenir compte du droit du voisin à conduire aussi sa voiture. Dans les parkings, nous rangeons nos voitures sans tenir compte des traits qui déterminent pourtant l’emplacement. Certains garent carrement de travers. Beaucoup de ceux qui possèdent les grosses cylindrées ces derniers temps et que l’on désigne parfois comme les nouveaux riches, se comportent comme ça plus près de nous. Il y a douze ans, en 1999, par pure jalousie, l’on a applaudi à un funeste coup d’Etat. On connaît la suite. Et dans cette jalousie, la chose publique ou l’intérêt républicain n’a pas plus d’importance dans notre vie de tous les jours. Nous critiquons les détournements de deniers publics quand ce sont les autres et nous applaudissons et célébrons notre cousin quand il en fait autant pour construire notre cours familiale. On déclare même fièrement : la chose qui appartient à l’Etat et puis il a pris sa part, que voulez-vous ? Et tout le monde de racketter son ‘’client’’. La chèvre broute là où elle est attachée disons-nous pour expliquer que si le policier rackette sur la route, moi aussi je peux racketter à la mairie ou à la sous-préfecture quand l’autre viendra se faire établir une pièce d’état-civil.
Dans l’expression de notre jalousie, de notre haine de l’autre et de notre égoïsme, nous sommes en train de vendre la Côte d’Ivoire. Des responsables politiques signent des pactes avec le démon, pourvu qu’ils soient au pouvoir. Quand ils le peuvent ils passent des contrats avec des puissances étrangères en tenant compte de leurs seuls intérêts. Des propriétaires terriens vendent le bien familial sans tenir compte de l’avenir de leurs enfants. On s’autorise à décréter fils, en y mettant tous les arguments, des individus venus d’autres pays qui paient le prix pour obtenir d’être ‘’né ivoirien’’.
Et tout ça ne choque plus personne. C’est bien cela aussi le mal ivoirien.
Georges Amani
Un jour donc, une fée apparaît à Eburnie 2 et se présente à la jumelle en disant : « J’ai entendu tes prières de tous les jours et je suis descendue aujourd’hui pour t’exhausser. Dis-moi donc tous tes vœux et je les réaliserai à l’instant. Et Eburnie 2 s’exclame.
Tu dis que j’aurais vraiment tout ce que je veux ?
‘’Oui’’, répond la fée qui ajoute, ‘’si tu veux dix villas ou châteaux, des avions ou des voitures et autant d’argent, tu les auras aujourd’hui’’.
Eburnie 2 interroge à nouveau et ma sœur jumelle 1 aura quoi ?
La fée pousse un petit air de sourire et dis : ‘’Ta sœur jumelle aura le double de tout ce que tu demanderas’’.
‘’Et pourquoi doit-elle avoir le double’’ ?
‘’C’est comme ça que j’ai décidé’’, répond la fée.
Eburnie 2 garde un petit silence et reprend.
‘’Tu dis bien que ma sœur aura le double de ce que j’aurais’’ ?
‘’Oui’’, répond la fée.
Alors dans ce cas, reprend Eburnie 2, ‘’crève-moi un œil’’.
Devant un tel élan d’égoïsme et de jalousie, la fée n’a eu de reflexe que de disparaître. Ces deux sentiments ne sont-ils pas à la haine ce que la sève est à l’arbre ?
Et cette richesse négative de se répandre sur la Côte d’Ivoire. Bien alimenté, chacun de nous excelle dans son expression. Sur les routes, au volant de notre véhicule, nous roulons sans tenir compte du droit du voisin à conduire aussi sa voiture. Dans les parkings, nous rangeons nos voitures sans tenir compte des traits qui déterminent pourtant l’emplacement. Certains garent carrement de travers. Beaucoup de ceux qui possèdent les grosses cylindrées ces derniers temps et que l’on désigne parfois comme les nouveaux riches, se comportent comme ça plus près de nous. Il y a douze ans, en 1999, par pure jalousie, l’on a applaudi à un funeste coup d’Etat. On connaît la suite. Et dans cette jalousie, la chose publique ou l’intérêt républicain n’a pas plus d’importance dans notre vie de tous les jours. Nous critiquons les détournements de deniers publics quand ce sont les autres et nous applaudissons et célébrons notre cousin quand il en fait autant pour construire notre cours familiale. On déclare même fièrement : la chose qui appartient à l’Etat et puis il a pris sa part, que voulez-vous ? Et tout le monde de racketter son ‘’client’’. La chèvre broute là où elle est attachée disons-nous pour expliquer que si le policier rackette sur la route, moi aussi je peux racketter à la mairie ou à la sous-préfecture quand l’autre viendra se faire établir une pièce d’état-civil.
Dans l’expression de notre jalousie, de notre haine de l’autre et de notre égoïsme, nous sommes en train de vendre la Côte d’Ivoire. Des responsables politiques signent des pactes avec le démon, pourvu qu’ils soient au pouvoir. Quand ils le peuvent ils passent des contrats avec des puissances étrangères en tenant compte de leurs seuls intérêts. Des propriétaires terriens vendent le bien familial sans tenir compte de l’avenir de leurs enfants. On s’autorise à décréter fils, en y mettant tous les arguments, des individus venus d’autres pays qui paient le prix pour obtenir d’être ‘’né ivoirien’’.
Et tout ça ne choque plus personne. C’est bien cela aussi le mal ivoirien.
Georges Amani