S’ils disaient ne pas le savoir, les neuf prisonniers pro-Gbagbo incarcérés à la prison civile de Boundiali savent désormais ce qui leur est reproché et qui a valu leur arrestation après la grave crise postélectorale. Du lundi 18 au mercredi 27 juin, ils ont été auditionnés à huis clos par le juge d’instruction Koné Mamadou dans un bureau spécialement aménagé dans les locaux du tribunal de Boundiali, une des sections du Tribunal de 1ère Instance de Korhogo. Aké N’Gbo, le Premier ministre du gouvernement illégitime mis en place par Laurent Gbagbo après son refus de reconnaitre sa défaite aux élections présidentielles, Philippe-Henri Dacoury-Tabley, à l’époque, le gouverneur de la BECEAO qui avait bravé la décision des états membres de l’union bancaire pour continuer d’apporter un soutien financier à Gbagbo, les ministres Alcide Djédjé des Affaires Etrangères, Christine Adjobi chargée de la lutte contre le sida, Martin Sokouri Bohui, Désiré Dallo, Gnahoua Zibrabi, Séka Séka Adjovi et le syndicaliste Mahan Gahé Basile, tous assistés par leur avocat, Me Mathurin Albéric Dirabou, ont été entendus à tour de rôle. Onze chefs d’accusation retenus contre chacun d’eux. Atteinte à la défense nationale, attentat et complot contre l’autorité de l’Etat, constitution de bande armée, participation à une bande armée, participation à un mouvement insurrectionnel, atteinte à l’ordre public, coalision de fonctionnaires, rébellion, usurpation de fonction, tribalisme et xénophobie. Voilà les accusations qui ont été notifiées aux mis en cause qui ont été présentés un à un au juge d’instruction qui les a tous interrogés de longues heures durant. Alors qu’après cinq jours d’audition, on croyait fini le ballet d’escorte des plus célèbres pensionnaires de la prison de la capitale de la Bagoué, Philippe-Henri Dacoury-Tabley, Aké N’Gbo, Désiré Dallo, Alcide Djédjé seront rappelés par le juge à partir du lundi 25 juin pour de nouvelles audition qui prendront fin le mercredi 27. Au cours de cette nouvelle audition, un douzième chef d’accusation est mentionné à chacun des quatre. Crime éconolmiques pour le gouverneur de la BECEAO et crimes de sang pour les autres. Au cours de ces auditions qui sont passées quasi inaperçues à Boundiali, le tribunal a continué son fonctionnement habituel comme si de rien n’était, grâce à un huis clos qui se limitait juste au bureau occupé par le juge d’instruction. Les seuls aspects remarquables étaient d’une part, la présence tout de même discrète, de quelques hommes en armes qui montaient la garde. D’autre part, les riverains de la prison et du palais de justice qui ne sont distants que d’un peu plus d’une centaine de mètres, ont dû remarquer le ballet des va-et-vient des prisonniers qui, pour la plupart, ont fait la jonction entre leur indésirable demeure et le temple de Thémis à pieds, encadrés par leurs gardiens. Enfin, le personnel de l’hôpital a pu noter que pendant quatre jours, du vendredi 15 au lundi 18 juin, des patients peu ordinaires ont été reçus au sein de l’hôpital pour être examinés par un quatuor de médecins venus à Boundiali pour eux. Des examens qui ont jugé chacun des anciens compagnons de Gbagbo apte à passer devant le juge. D’ailleurs, outre Christine Adjobi, la seule femme du groupe qui semblait présenter quelques signes de fatigue au vu de sa démarche un peu lourde, tous les autres, y compris Dacoury revenu le vendredi 15 juin d’Abidjan où il avait été amené pour des soins, avaient bonne mine et semblaient avoir pris quelques kilos. Ces auditions terminées du coté de Boundiali, les regards sont dirigés du coté de Korhogo où on annonce pour bientôt, les auditions de Dogbo Blé et ses camarades, les hommes de terrain du camp Gbagbo lors de cette crise dont toute la Côte d’Ivoire a encore du mal à se remettre.
MD
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