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Économie Publié le lundi 2 juillet 2012 | Le Democrate

Café, cacao, anacarde… : Les planteurs trahis

© Le Democrate Par DR
Matières premières - Le bon cacao de Côte d`Ivoire
Ils avaient pour la plupart salué l’arrivée au pouvoir du président Alassane Ouattara. En effet, ils voyaient en lui, le ‘’messie’’ tant attendu capable de conjurer le mauvais sort de la commercialisation de leurs produits. L’annonce de la fixation à 1000 Fcfa du prix du kg de cacao contrairement à 1100 F la campagne précédente, a été unanimement applaudie par les producteurs. Mais, cette joie sera éphémère et se transformera très vite en cauchemar. Le nouveau prix annoncé visait à flatter les pauvres paysans et les mettre en conflit avec les acheteurs. Car à la vérité, le cacao n’a jamais été acheté à 1000 Fcfa bord champ. Au début de la campagne, ce prix variait d’une zone de production à l’autre. A certains endroits, les prix étaient négociés entre 600 et 750 Fcfa alors que dans d’autres, le producteur était obligé de conserver ou brûler sa récolte dans le cas où il refusait de la brader à 500 Fcfa. Dans cette anarchie, ni le gouvernement, ni les pisteurs et autres acheteurs ne vont accepter d’endosser une quelconque responsabilité.

En effet, pour les derniers cités, bien que l’Etat ait fixé le prix du cacao à 1000 Fcfa, aucune mesure d’accompagnement n’a été annoncée pour mener à bien la campagne. «Le prix a été fixé mais l’Etat n’a rien financé encore. Nous achetons donc aujourd’hui le cacao avec nos propres fonds. C’est ce qui explique que nous l’achetons à des prix moindres que ceux déclarés officiellement », justifient constamment les pisteurs aux paysans, lesquels dénoncent également le mauvais état des pistes et routes des zones de production. Du coté du gouvernement, ces cris de cœur semblent avoir trouvé une oreille attentive. «Nous avons assisté à trop d’abus. Aujourd’hui, nous voulons mettre la bonne gouvernance au cœur de la réforme », promettait en novembre dernier, Mamadou Sangafowa Coulibaly le ministre de l’Agriculture.

Une politique commerciale non satisfaisante
Que vaudra une politique de bonne gouvernance et des reformes si, sur le terrain, les producteurs sont à la merci de acheteurs ? Le cacao, faut-il le dire est une manne économique, politique et stratégique surtout pour les gouvernants, vu que ses rentes ne profitent plus aux pauvres petits planteurs ivoiriens. Depuis plusieurs décennies, les revenus tirés de la commercialisation des fèves, alimentent les caisses de l’État ivoirien, mais surtout, les coffres de certains dirigeants et leurs alliés. Pilier de l’économie nationale, la filière cacao fait l’objet de chantages et de détournements de fonds permanents alors que des structures ont été mises en place pour défendre les intérêts des planteurs. Quant aux autres spéculations, tel l’anacarde et le café, le constat est amer. En effet, fixé à 300 Fcfa le kilo, la noix de cajou est aujourd’hui négociée à 200 Fcfa. Le café quant à lui, n’a presque plus de prix. Les paysans ont été bien trahis. Depuis la disparation du père fondateur, Félix Houphouët Boigny, ils sont livrés à eux-mêmes. Rien n’a été fait par ses successeurs successifs pour garantir le revenu des planteurs.

L’espoir est permis
Toutefois, il est bon de retenir que de nombreuses actions sont en cours pour améliorer le bien être des paysans dans leur ensemble. Aujourd’hui, il question de lancer le Projet d’appui aux infrastructures agricoles dans la région de l’Indénié-Djuablin (Paia – ID). Cette opération qui sera suivie d’un atelier de planification opérationnelle, est née de la volonté du ministre de l’Agriculture, Coulibaly Sangafowa. Elle a pour objectif de contribuer à l’accroissement de la productivité des principales cultures et de diversifier la production agricole dans la région de l’Indénié-Djuablin. Selon certaines sources de ce ministère et du Conseil café-cacao, l’Etat n’a pu avoir un droit de regard sur la pratique sur le terrain pour des raisons qui ne dépendent pas forcément d’eux, bien qu’il ait fixé le prix du cacao à 1000 Fcfa. Pour la campagne 2013, tout sera mis en œuvre pour permettre aux paysans de jouir aisément du fruit de leurs efforts, apprend-on de ces mêmes sources.

Lazare Kouadio
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