La fête est grande et totale dans la cour de Ouattara. Et on continue de sabler le champagne, comme si la Côte d’Ivoire venait d’atteindre le bout du tunnel avec le statut de Ppte qui lui a été concédé. Ouattara comme un metteur en scène d’une pièce de théâtre d’ailleurs mal montée, regarde du haut de son palais, sa cour s’offrir en spectacle. Dans ce jeu de rôle, il y a l’acteur principal qui se fait voir. C’est ce rôle que tente par moments, de camper le Premier ministre Ahoussou Jeannot. L’homme se retrouverait merveilleusement, dans une grande comédie digne d’un show de Louis de Funès. La semaine dernière, il a même donné le ton en parlant à son grand maître. «Vous êtes un Président gagneur», lâche-t-il à Ouattara, avec une fausse fierté, en parlant du statut de Pays pauvre très endetté (Ppte) qui vient d’être accordé à la Côte d’Ivoire. Ouattara au plus bas dans l’opinion, n’attendait que ça pour se polir une image déjà esquintée par les scandales, le «rattrapage» et les exploits tragiques de son armée, les Frci. Malheureusement pour lui, l’exercice est très difficile. Il y a des images qui ne passent même pas, malgré les plus grands tapages publicitaires. Comme au temps de l’opposition, il continue de se donner un destin messianique. Un an après, les Ivoiriens sont toujours obligés de se contenter de promesses. En fait, il l’a lui même dit sur les ondes de Rfi. Tout le monde doit attendre 2014, c'est-à-dire vers la fin de son mandat pour «manger». C’est vrai qu’il n’y a plus d’argent pour s’acheter «la ceinture qu’on doit serrer», comme le dit le magazine satirique «Gbich». On peut pour le moment, se contenter d’une corde. La messe est dite… A défaut d’avoir aujourd’hui la presse hexagonale qui a désormais d’autres chats à fouetter en Côte d’Ivoire, Ouattara se contente d’un spectacle qui finit par ennuyer. Sur place, il y a les hommes de services pour le faire. N’a-t-il pas tancé ses porte-voix de ne pas faire le poids devant la presse libre, malgré tous les moyens mis dans la balance. Depuis la semaine dernière, le confrère «Le Patriote», le haut parleur de Ouattara y va donc à fond, dans cette campagne publicitaire, après l’admission de la Côte d’Ivoire au statut de Ppte. «La magie Ouattara commence à porter ses fruits. Pluie de milliards sur la Côte d’Ivoire. Ppte : 2000 milliards. Club de Paris : 3248 milliards». Les Ivoiriens découvrent sûrement avec étonnement, qu’ils ont un magicien au sommet de l’Etat. Peut-être, un magicien à qui il manque encore la baguette magique pour résoudre les milliers de problèmes qui les assaillissent depuis le 11 avril 2011. Car à son arrivée au pouvoir dans les conditions que tout le monde sait, le magicien Ouattara a parcouru le monde sans trouver le moindre centime pour la Côte d’Ivoire. Au point de ranger l’un de ses slogans de campagne, «mon travail, c’est chercher l’argent». Alors que plus les jours passent, plus les ivoiriens découvrent un homme qui en réalité, ne sait pas chercher l’argent. On est même surpris que le Fmi, sa maison qu’il a façonnée lui pose des conditions. Comme ils le font pour tout autre petit président d’un petit pays africain. C’est du Ouattara tout cuit. C’est pourquoi il peut appeler l’annulation d’une dette, une pluie de milliards qu’il fait abattre sur la Côte d’Ivoire. Alors que le principe est bien simple. Les bailleurs de fonds que sont le Fmi, la Banque mondiale et le Club de Paris renoncent à des dettes vis-à-vis de la Côte d’Ivoire. En clair, ils abandonnent une bonne partie du montant que l’Etat remboursait chaque année, au titre de la dette extérieure. Désormais, avant d’emprunter, la Côte d’Ivoire devra montrer patte blanche. L’Etat Ouattara peut il vivre sans l’aide internationale ? Grande question. Dans la sous-région ouest africaine, il n’y a que le Président Gbagbo qui a réussi cet exploit. Toute l’Afrique se rappelle le «Budget sécurisé» qui est une marque déposée Paul Antoine Bohoun Bouabré, alors ministre de l’Economie. C’est d’ailleurs lui le père du Ppte. Mais avec le pouvoir actuel, tout ce qui est pro-Gbagbo est radicalement voué aux gémonies. C’est pourquoi le Premier ministre Ahoussou Jeannot, après l’obtention du statut de Ppte, ne s’empêche pas de se couvrir de ridicule. En parlant de ceux qui ont travaillé sur le dossier, il omet volontairement le Président Gbagbo et cite Bédié qui visiblement s’est senti gêné d’entendre ces éloges inutiles. Car il est su de tout le monde, même des «suiveurs» du Rhdp que c’est bien le Président Gbagbo qui est le père de ce dossier en Côte d’Ivoire. Qu’a fait le Président Bédié ? Cela n’existe que dans l’imaginaire du Premier ministre Ahoussou Jeannot. Il est clair que le ridicule ne tue pas. Mais bon… Les Ivoirien se souviennent encore des propos de Ouattara qui moquait le Président Gbagbo lorsque le principe du Ppte a été acquis. «Je suis étonné que quelqu’un soit heureux parce qu’il est déclaré pays pauvre», a à l’époque, laissé entendre le président du Rdr. C’était au temps de l’opposition. Mais entre la présidence du Rdr et la présidence de la République, il y a plusieurs grands pas que Ouattara a franchis. Le Ppte est aujourd’hui présenté comme son fait. Pourtant, ce dossier était déjà bouclé. Ça, le ministre Diby Koffi le sait. Il est bien conscient que tout le spectacle servit actuellement n’est que pure verbiage. Car les Bailleurs de fonds internationaux avaient remis la Côte d’Ivoire à 2012 pour le Ppte. C’est ce qui a été fait. Ouattara ne fait donc qu’inaugurer ce que le Président Gbagbo a construit. Les Ivoiriens l’ont vu avec amusement et au milieu d’un grand battage médiatique, sur les chantiers du Président Gbagbo. A Yamoussoukro, le Premier ministre Ahoussou Jeannot a mobilisé des journalistes sur les chantiers de prolongement de l’Autoroute du Nord. Cela sans la moindre gêne. Avait-il le choix ? Pas du tout. Car depuis le 11 avril 2011, la Côte d’Ivoire attend toujours les projets de Ouattara. En réalité, il n’en a pas. C’est pourquoi il se contente de ce qui est déjà là, de ce qu’il a trouvé en place. Peu importe si ces projets ne partent pas sa marque. A Abobo, on continuera de louer ses mérites. En lui attribuant indûment des exploits qui ne sont pas de lui.
Guehi Brence
Guehi Brence