Comme chaque année à chaque début de saison pluvieuse, les autorités se sont souvenues de l’existence des bidonvilles d’Abidjan. Après la saison des pluies, on oubliera les discours émouvants du ministre Sanogo Mamadou de la Construction et de l’Urbanisme qui n’en finit pas de pleurer avec les malheureuses populations qui vivent l’enfer dans ces bidonvilles depuis quelques semaines, avec les pluies diluviennes qui s’abattent sur Abidjan et qui les obligent à rester éveillées toutes les nuits, si elles tiennent encore à la vie. Bien sûr ! Sanogo Mamadou fait le tour des bidonvilles depuis quelques temps, pour supplier les malheureux qui y vivent d’aller voir ailleurs en acceptant la somme de 150 mille francs. De quoi s’offrir une maison de rêve dans un quartier moins insalubre ou rentrer simplement au village. Puisque l’aventure d’Abidjan est compromise par la pluie. C’est donc la somme de 1,2 milliard FCFA que l’Etat a déboursée, dit-on, pour permettre à 6 mille familles habitant 75 zones à risques de déguerpir de ces mouroirs pour un lieu plus propice à l’épanouissement. Sauf que depuis, les personnes concernées, après avoir crié à l’arnaque et à l’insuffisance de cette aumône, n’ont pas bougé de leurs appartements. Puisque le ministre leur a demandé d’aller ailler sans leur indiquer exactement où se trouve cet « ailleurs ». Et c’est comme ça, chaque année pendant la saison des pluies. L’Etat court sur tous, sort de grands mots comme pan « Orsec », réhabilitation des quartiers précaires, compassion pour les victimes, puis, oublie tout. Pour une autre saison de pluies. Et ainsi de suite. Cette année, l’on parle de la construction de plusieurs milliers de logements sociaux sur des terrains viabilisés et offrant des commodités pour une vie plus digne. Et ces maisons sont censées revenir aux Ivoiriens parmi les plus pauvres et qui vivent pour la plupart dans les bidonvilles en question. Sauf que le coût du loyer de ses logements sociaux (25000FCFA) est encore très loin de la portée de ces Ivoiriens. 25000F, c’est une vraie fortune pour quelqu’un qui décide de vivre dans un bidonville parce qu’il peut s’y offrir un toit branlant à 4000F le mois. Les logements sociaux, c’est donc certes un début de solution. Mais cette solution ne peut être efficace que si elle est accompagnée par une lutte acharnée contre la pauvreté par la création massive d’emplois, par la mise en place de crédits pouvant permettre à des milliers de personnes d’entreprendre des activités génératrices de revenus. L’argent du Ppte dit-on, doit servir essentiellement à lutter contre la pauvreté. On ferra les comptes dans quelques mois…
Mireille Appini
Mireille Appini