Le 11 avril 2012, le gouvernement Ouattara a mis sous tutelle la Mutuelle générale des fonctionnaires de Côte d’Ivoire (Mugefci). Parce qu’il accusait les anciens responsables de mauvaise gestion des ressources de ladite mutuelle. Mais, Le comité de gestion provisoire mis sur pied par le ministre des Affaires sociales, Koné Kafana Gilbert est embourbé, depuis 3 mois, dans des affaires douteuses et suspectes. Les nouveaux dirigeants nommés sur des critères très peu fiables s’adonnent à des pratiques en toute violation des règles de bonne gouvernance et de gestion financière. Il est constaté ces temps-ci, à en croire une source à la Mugefci, la distribution des véhicules de la mutuelle à de hautes personnalités et l’octroi d’un contrat à la compagnie d’assurance Mci. Cette compagnie appartient à M. Delmot, ressortissant français et conseiller du chef de l’Etat Alassane Ouattara. Qui est par ailleurs membre du comité de gestion de la Mugefci. A en croire des indiscrétions au sein de la mutuelle, une réunion s’est tenue le vendredi 6 juillet 2012 à la Cité des Arcades où loge la Mugefci. Au cours de cette rencontre à laquelle ont pris part les agents, «des décisions arbitraires ont été prises par la direction générale». Nos sources expliquent que la direction générale a pris sur elle la décision de lever les quotas imposés aux pharmacies par l’ex-conseil d’administration pendant plusieurs mois. «Pourtant, l’ex-conseil d’administration avait arrêté cette mesure dans le but de lutter contre la fraude qui avait fait enfoncer la Mugefci, il ya de cela quelques années», poursuivent ces sources. Tout porte à croire que la nouvelle direction, guidée par des objectifs inavoués, veut par cette décision de lever les quotas, favoriser et amplifier la fraude dans les pharmacies à dessein, dès le 1er aout 2012, ajoutent nos informateurs. Par ailleurs, témoignent nos sources, les membres du comité de gestion, sur ordre du ministre Gilbert Kafana, auraient décidé d’octroyer en toute illégalité le contrat de la gestion de tout le système informatique de la mutuelle à la compagnie d’assurance Mci. Une société qui est la propriété du même Delmot, conseiller spécial de Ouattara. Des agents, choqués, s’interrogent sur ce contrat octroyé à une société d’assurance privée. Pourquoi, l’actuel directeur général intérimaire, Traoré Lancina auparavant un des principaux responsables de la mutuelle n’applique-t-il pas la mesure mise en place par Holland N’Da pour contrer la fraude. «Tout cela est très suspect et laisse penser que la mutuelle est gérée de manière approximative et opaque» ont-ils dénoncé. Et d’ajouter que c’est une manœuvre qui vise à renflouer les caisses de l’assurance Mci. Accusée de délit d’initié, la direction générale de la Mugefci que nous avons approchée n’a pas nié avoir octroyé le contrat de gestion du système informatique à la société d’assurance Mci. Mais, elle souligne que de toutes les compagnies d’assurance, c’est Mci qui a l’expertise requise. Et évoque une question compétitivité. Selon la direction générale de la Mugefci, les perdiems qui seront octroyés aux agents de Mci ne sont que de 500 mille Fcfa par prestation. Contre 800 millions demandés, de façon globale, par une entreprise marocaine sollicitée, pour l’installation du logiciel et autres accessoires. Cependant la question qui se pose est de savoir si la direction générale de la Mugefci ne savait pas que Mci est la propriété d’un conseiller de Ouattara. Et qui, de surcroît, est membre du comité de gestion provisoire ? Pour passer les contrats de ce type, les dirigeants actuels de la Mugefci ne pouvaient-ils pas enquêter sur les sociétés qui ont proposé leurs services ? A ces questions, la direction répond qu’elle ne savait pas que M. Delmot était le président du conseil d’administration de Mci. Elle dit ne s’en être rendue compte que lorsque que le ministre Gilbert Kafana lui a donné l’information. «Un flagrant délit d’incompétence et de favoritisme», soutiennent des agents de la mutuelle. En plus de ce délit d’initié flagrant, la direction générale de la Mugefci, s’apprêterait à jeter à la rue un grand nombre d’agents. Cette mesure de licenciement concernerait 215 d’entre eux. La direction générale qui s’en défend, soutient cependant que la mutuelle a un besoin urgent d’agents pour desservir tout le pays.
Fabrice Tété
Fabrice Tété