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Politique Publié le mardi 24 juillet 2012 | L’expression

Tueries massives à l’Ouest : Pourquoi toujours Duekoué ?

© L’expression Par DR
Duékoué: Les personnes déplacées du camp de Niambly trouvent un nouveau refug
22 Juillet 2012. Duékoué. Un aperçu de l`atmosphère après l` attaque du camp des personnes déplacées dans l`ouest de Côte-d`Ivoire.
Les derniers affrontements ethniques à Duekoué ont démontré que cette région demeure une poudrière prête à exploser à la moindre étincelle. La capitale du Guémon serait-elle maudite ?
Le sang a encore coulé à Duekoué, ville-carrefour située dans le « far » ouest ivoirien. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des affrontements interethniques ont fait 13 morts et 40 blessés graves selon le bilan dressé par le ministre des Ex-combattants et des Victimes de guerre, Mathieu Babaud Darret, qui s’est rendu sur les lieux. Cette crise est partie de l’assassinat de quatre personnes au quartier « Kokoman » habité essentiellement pas des allogènes et des allochtones. En représailles, une foule en colère descend sur le camp de Nahibly occupé par les autochtones guéré d’où seraient partis les assaillants. Le camp est réduit en cendre et plusieurs personnes y sont tuées. La ville de Duékoué n’est pas à son premier drame. Cette cité « martyre » est abonnée aux tueries massives qui ont endeuillé de nombreuses familles. 2005 sera une année « noire » pour la capitale du Guémon où les affrontements vont se multiplier à un rythme effréné. Du 29 avril au 1er mai, des affrontements entre Dioula et Guéré font au moins 15 morts et plus de 4.000 déplacés. Dans la nuit du 31 mai au 1er juin, une bande armée attaque les villages de Guitrozon et Petit-Duekoué se solde par 100 tués. La riposte des Forces de défense et de sécurité (Fds) fait 11 morts. La violence atteint son paroxysme au cours de la crise postélectorale. Quand les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) amorcent leur descente sur Abidjan pour en chasser Laurent Gbagbo, c’est à Duekoué que les combats les plus meurtriers se produisent. Les affrontements entre les Frci et les miliciens ont fait plusieurs morts à partir de janvier 2011. Des Ong ont annoncé le chiffre de plus de 800 tués qui restent à être confirmés par une enquête indépendante. De tout l’Ouest, Duékoué se révèle la ville la plus criminogène du pays. Pourquoi ces massacres à répétition ? Cette cité est-elle maudite ?
100 morts à Guitrozon et à Petit Duékoué
En réalité, plusieurs facteurs expliquent cette violence endémique dans cette ville devenue une poudrière à ciel ouvert depuis des années. A la faveur de l’éclatement de la crise en septembre 2002, les milices entretenues par des pontes du pouvoir ont poussé comme des champignons et régnaient en maîtres dans l’Ouest. Monpého Julien alias Colombo était le chef du Front pour la résistance du Grand Ouest (Frgo) qui était un conglomérat de plusieurs petits groupes notamment l’Alliance des Patriotes Wê, (AP Wê), l’Union des patriotes pour la résistance du grand Ouest (Uprgo), le Front de libération du grand Ouest (Flgo), le Mouvement ivoirien pour la libération de l’Ouest de la Côte d’Ivoire (Miloci), les Forces spéciales Lima (FS Lima), l’unité des Libériens. Ces milices ont commis de nombreux massacres parmi les populations allogènes et les ressortissants de la Cedeao. Avec la chute de Gbagbo, elles ont perdu du terrain sous le coup de boutoir des Frci qui leur ont fait mordre la poussière. Mais nombre d’entre eux se sont refugiés dans la forêt d’où ils sortent pour commettre des attaques contre les populations malinké. Les Dozo, appelés depuis les années 1995 pour assurer la sécurité dans une région en proie aux conflits fonciers, font régner leur « ordre ». Avec leur présence, les allogènes qui ont subi le martyr sous l’ancien régime ont poussé des ailes. Les rapports de force ont basculé en faveur de ceux qui vivaient terrés de crainte de subir la foudre des miliciens et mercenaires libériens. Ils ne sont plus prêts à se laisser dépouiller de leurs champs par les autochtones qui leur ont vendu les terres. La tâche revient aux autorités de mettre fin à la violence à l’Ouest, particulièrement à Duékoué où l’insécurité récurrente une psychose aussi bien chez les autochtones que les allogènes. La réconciliation dont rêvent tous les Ivoiriens doit se construire à partir de la région du Guémon qui est en train de devenir « un no man’s land ».
Nomel Essis
Légende : Les morts des affrontements ethniques ne se comptent plus à Duekoué.

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