Le Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique explique la nécessité pour les banques de financer la commande publique.
Vos services ont organisé un séminaire sur le financement de la commande de l’État par les banques. Comment, techniquement, les choses se feront-elles?
Le Trésor public a décidé d’un commun accord avec l’Association professionnelle des banques et établissements financiers d’organiser ce séminaire qui avait pour thème, les banques et le financement de la Commande publique. Il s’agit pour nous de demander aux banques une plus grande implication dans le financement de l’économie. Comme vous le savez, l’économie nationale est soutenue essentiellement par les petites et moyennes entreprises.
Malheureusement, celles-ci pêchent par les difficultés de financement bancaire. Voilà pourquoi nous en appelons au soutien des banques parce qu’il y va de l’atteinte de la croissance projetée par le gouvernement.
Par commande publique, il faut entendre la dépense publique. Pour son fonctionnement, l’Etat a besoin de fournisseurs que sont les entreprises pour exécuter les travaux. Ces prestataires, lorsqu’ils sont retenus, ont besoin de financements. Et le financement idéal est celui effectué par les banques. Parce que pour travailler avec l’Etat, il ne faut pas être dans l’informel. Il ne s’agit pas d’avoir recours à un ami ou un parent pour obtenir les ressources financières nécessaires. Ce mode ne prospère pas.
Nous voulons faire en sorte que la commande publique soit exécutée convenablement
par les entreprises ivoiriennes.
Vous voulez donc que les banques acceptent de financer les entreprises qui bénéficient de marchés publics…
Elles le font déjà, mais pas suffisamment.
A tort ou à raison, les banques se plaignent des Pme. Elles nous disent que les entreprises de cette catégorie n’ont pas une comptabilité fiable, un bon système d’information… Bref. Les
banques soutiennent que si elles veulent respecter les règles de leur profession, il leur est impossible de travailler avec les Pme. Du côté des entreprises, on reproche aux banques d’être trop exigeantes, de ne pas tenir compte de leur taille de petites et moyennes entreprises et de ne
pas prendre aussi en considération
le fait qu’elles travaillent
pour l’Etat.
Les entreprises relèvent aussi
que les paiements de l’Etat
ne sont pas réguliers parce
que le pays sort de crise.
Comme quoi, les deux parties
se rejettent la faute. Le Trésor
public, c’est-à-dire l’Etat, se
retrouve alors comme le
médiateur. Il doit faire en sorte
que les engagements vis-à-vis
des Pme soient honorés à
bonne date. Et que les banques
qui auront financé les l’entreprise
reçoivent effectivement
leur argent.
Les banques vous ont fait
savoir qu’elles souhaitaient
votre forte implication dans
la mise en place d’un système
d’information sur les
Pme. Qu’en pensez-vous ?
Je pense que sur ce point, les
banques enfoncent une porte
déjà ouverte. Parce qu’au
niveau communautaire,
l’Uemoa a prévu dans une de
ses directives, la création des
guichets uniques de dépôt des
états financiers des entreprises.
C’est un service qui est
mis en place au niveau de la
direction générale des Impôts.
Il est destiné à recevoir tous les
bilans financiers des entreprises.
L’objectif est de faire en
sorte que ces états financiers
qui devront être certifiés par
un expert-comptable, soient
uniformes et qu’ils contiennent
des informations fiables.
Il y a aussi le problème
de taux d’intérêt qui se pose.
Croyez-vous qu’il
soit supportable
par les entreprises
qui le trouvent élevé ?
Le président de la République
et le ministre de l’Economie et
des Finances ont demandé aux
banques de revoir à la baisse
les taux d’intérêts qu’elles
appliquent aux crédits. Mais
les banques ont répondu qu’elles
financent le risque. Nous
disons que maintenant, à partir
du moment ou` l’Etat a décidé
de s’organiser pour que les
paiements se fassent à bonne
date, le risque va être amoindri.
L’Etat veut faire aussi en
sorte que les banques connaissent
mieux les procédures et
les pratiques de l’exécution du
budget de l’Etat. Nous pensons
que tout ceci permettra de
rassurer les banques. De sorte
qu’elles pourront baisser le
taux d’intérêt pour le rendre
supportable.
Il est reproché à l’État
des lourdeurs au niveau
de la passation, l’exécution
des marchés et les paiements.
Quelles garanties donnezvous
sur ces questions?
Les règles qui régissent les
finances publiques ont été
mise en place, il y a quelques
années. Mais, compte tenu de
ce que nous sommes dans une
nouvelle dynamique, le gouvernement
a décidé qu’il y ait
une rupture au niveau du
ministère de l’Economie et
des Finances. Celle-ci va nous
amener à revisiter les procédures.
Un certain nombre de
réformes ont été engagées
dans le sens de l’allègement
du circuit de l’exécution des
dépenses publiques et de la
réduction des délais en matière
de passation des marchés
publics. Ce n’est pas tout, un
comité de trésorerie a été mis
en place pour une meilleure
transparence dans les paiements.
Ces reformes portent leurs
fruits.
Donc, plus de lourdeurs
à redouter ?
Toutes ces réformes ont pour
objectif de faire disparaître les
lourdeurs comme le souhaitent
les partenaires. Sachez que le
Président de la République a
décidé que près de 620
milliards de francs soient
réservés aux investissements
dans le budget 2012. Alors
pour que ces investissements
se réalisent, nous sommes en
train de revoir un certain nombre
de choses. Tout en respectant
la réglementation en la
matière, il nous faut alléger les
procédures et réduire les délais
afin d’améliorer la capacité
d’absorption des crédits.
Parce qu’une chose est d’avoir
un grand budget, une autre est
de l’épuiser. Il ne faut pas que
les procédures créent des longueurs
de six mois. Imaginez
une entreprise obligée d’attendre
six mois avant de commencer
le travail ! Ce n’est pas
bon.
Le ministère de l’Économie et
des Finances a décidé de faire
l’audit de la dette intérieure
avant paiement. N’est-ce pas
une forme de lourdeur ?
Ce n’est pas une lourdeur.
Mais c’est une garantie. Le
Président de la République
nous a demandé de traiter la
dette intérieure de deux
manières. La première concerne
la dette contractée jusqu’à
2010. Convenez avec nous
que de 2008 à 2010, notre
pays était en crise. Il semble
qu’il soit passé beaucoup de
choses en matière de gestion
des finances publiques. Le
Chef de l’Etat a donc demandé
de nous assurer que nous
payons la bonne dette. Pour
2011 et 2012, nous n’avons
pas de soucis. Elle sera payée.
L’audit va apporter plus d’assurance
dans la gestion des
finances publiques. Cela permettra
aux entreprises de comprendre
qu’elles ne peuvent
pas faire n’importe quoi. Les
banques aussi sauront que
l’Etat est un acteur crédible et
qu’il ne paie pas n’importe
comment.
L’audit ne serait-il pas
une espèce d’autocritique
par rapport à vos agents?
Ce ne sont pas les agents qui
ont fait les prestations. Ils sont
au bout de la chaîne. Ils reçoivent
les factures pour paiement.
Il s’agit de savoir si les
prestations supposées avoir été
exécutées, l’ont été effectivement.
Je voudrais dire aux Pme qui
travaillent avec l’Etat, d’accepter
de respecter les règles
du jeu. Qu’elles se constituent
effectivement en entreprises
pour espérer bénéficier des
financements bancaires.
INTERVIEW REALISEE PAR ABEL DOUALY ET ALAKAGNI HALA
Vos services ont organisé un séminaire sur le financement de la commande de l’État par les banques. Comment, techniquement, les choses se feront-elles?
Le Trésor public a décidé d’un commun accord avec l’Association professionnelle des banques et établissements financiers d’organiser ce séminaire qui avait pour thème, les banques et le financement de la Commande publique. Il s’agit pour nous de demander aux banques une plus grande implication dans le financement de l’économie. Comme vous le savez, l’économie nationale est soutenue essentiellement par les petites et moyennes entreprises.
Malheureusement, celles-ci pêchent par les difficultés de financement bancaire. Voilà pourquoi nous en appelons au soutien des banques parce qu’il y va de l’atteinte de la croissance projetée par le gouvernement.
Par commande publique, il faut entendre la dépense publique. Pour son fonctionnement, l’Etat a besoin de fournisseurs que sont les entreprises pour exécuter les travaux. Ces prestataires, lorsqu’ils sont retenus, ont besoin de financements. Et le financement idéal est celui effectué par les banques. Parce que pour travailler avec l’Etat, il ne faut pas être dans l’informel. Il ne s’agit pas d’avoir recours à un ami ou un parent pour obtenir les ressources financières nécessaires. Ce mode ne prospère pas.
Nous voulons faire en sorte que la commande publique soit exécutée convenablement
par les entreprises ivoiriennes.
Vous voulez donc que les banques acceptent de financer les entreprises qui bénéficient de marchés publics…
Elles le font déjà, mais pas suffisamment.
A tort ou à raison, les banques se plaignent des Pme. Elles nous disent que les entreprises de cette catégorie n’ont pas une comptabilité fiable, un bon système d’information… Bref. Les
banques soutiennent que si elles veulent respecter les règles de leur profession, il leur est impossible de travailler avec les Pme. Du côté des entreprises, on reproche aux banques d’être trop exigeantes, de ne pas tenir compte de leur taille de petites et moyennes entreprises et de ne
pas prendre aussi en considération
le fait qu’elles travaillent
pour l’Etat.
Les entreprises relèvent aussi
que les paiements de l’Etat
ne sont pas réguliers parce
que le pays sort de crise.
Comme quoi, les deux parties
se rejettent la faute. Le Trésor
public, c’est-à-dire l’Etat, se
retrouve alors comme le
médiateur. Il doit faire en sorte
que les engagements vis-à-vis
des Pme soient honorés à
bonne date. Et que les banques
qui auront financé les l’entreprise
reçoivent effectivement
leur argent.
Les banques vous ont fait
savoir qu’elles souhaitaient
votre forte implication dans
la mise en place d’un système
d’information sur les
Pme. Qu’en pensez-vous ?
Je pense que sur ce point, les
banques enfoncent une porte
déjà ouverte. Parce qu’au
niveau communautaire,
l’Uemoa a prévu dans une de
ses directives, la création des
guichets uniques de dépôt des
états financiers des entreprises.
C’est un service qui est
mis en place au niveau de la
direction générale des Impôts.
Il est destiné à recevoir tous les
bilans financiers des entreprises.
L’objectif est de faire en
sorte que ces états financiers
qui devront être certifiés par
un expert-comptable, soient
uniformes et qu’ils contiennent
des informations fiables.
Il y a aussi le problème
de taux d’intérêt qui se pose.
Croyez-vous qu’il
soit supportable
par les entreprises
qui le trouvent élevé ?
Le président de la République
et le ministre de l’Economie et
des Finances ont demandé aux
banques de revoir à la baisse
les taux d’intérêts qu’elles
appliquent aux crédits. Mais
les banques ont répondu qu’elles
financent le risque. Nous
disons que maintenant, à partir
du moment ou` l’Etat a décidé
de s’organiser pour que les
paiements se fassent à bonne
date, le risque va être amoindri.
L’Etat veut faire aussi en
sorte que les banques connaissent
mieux les procédures et
les pratiques de l’exécution du
budget de l’Etat. Nous pensons
que tout ceci permettra de
rassurer les banques. De sorte
qu’elles pourront baisser le
taux d’intérêt pour le rendre
supportable.
Il est reproché à l’État
des lourdeurs au niveau
de la passation, l’exécution
des marchés et les paiements.
Quelles garanties donnezvous
sur ces questions?
Les règles qui régissent les
finances publiques ont été
mise en place, il y a quelques
années. Mais, compte tenu de
ce que nous sommes dans une
nouvelle dynamique, le gouvernement
a décidé qu’il y ait
une rupture au niveau du
ministère de l’Economie et
des Finances. Celle-ci va nous
amener à revisiter les procédures.
Un certain nombre de
réformes ont été engagées
dans le sens de l’allègement
du circuit de l’exécution des
dépenses publiques et de la
réduction des délais en matière
de passation des marchés
publics. Ce n’est pas tout, un
comité de trésorerie a été mis
en place pour une meilleure
transparence dans les paiements.
Ces reformes portent leurs
fruits.
Donc, plus de lourdeurs
à redouter ?
Toutes ces réformes ont pour
objectif de faire disparaître les
lourdeurs comme le souhaitent
les partenaires. Sachez que le
Président de la République a
décidé que près de 620
milliards de francs soient
réservés aux investissements
dans le budget 2012. Alors
pour que ces investissements
se réalisent, nous sommes en
train de revoir un certain nombre
de choses. Tout en respectant
la réglementation en la
matière, il nous faut alléger les
procédures et réduire les délais
afin d’améliorer la capacité
d’absorption des crédits.
Parce qu’une chose est d’avoir
un grand budget, une autre est
de l’épuiser. Il ne faut pas que
les procédures créent des longueurs
de six mois. Imaginez
une entreprise obligée d’attendre
six mois avant de commencer
le travail ! Ce n’est pas
bon.
Le ministère de l’Économie et
des Finances a décidé de faire
l’audit de la dette intérieure
avant paiement. N’est-ce pas
une forme de lourdeur ?
Ce n’est pas une lourdeur.
Mais c’est une garantie. Le
Président de la République
nous a demandé de traiter la
dette intérieure de deux
manières. La première concerne
la dette contractée jusqu’à
2010. Convenez avec nous
que de 2008 à 2010, notre
pays était en crise. Il semble
qu’il soit passé beaucoup de
choses en matière de gestion
des finances publiques. Le
Chef de l’Etat a donc demandé
de nous assurer que nous
payons la bonne dette. Pour
2011 et 2012, nous n’avons
pas de soucis. Elle sera payée.
L’audit va apporter plus d’assurance
dans la gestion des
finances publiques. Cela permettra
aux entreprises de comprendre
qu’elles ne peuvent
pas faire n’importe quoi. Les
banques aussi sauront que
l’Etat est un acteur crédible et
qu’il ne paie pas n’importe
comment.
L’audit ne serait-il pas
une espèce d’autocritique
par rapport à vos agents?
Ce ne sont pas les agents qui
ont fait les prestations. Ils sont
au bout de la chaîne. Ils reçoivent
les factures pour paiement.
Il s’agit de savoir si les
prestations supposées avoir été
exécutées, l’ont été effectivement.
Je voudrais dire aux Pme qui
travaillent avec l’Etat, d’accepter
de respecter les règles
du jeu. Qu’elles se constituent
effectivement en entreprises
pour espérer bénéficier des
financements bancaires.
INTERVIEW REALISEE PAR ABEL DOUALY ET ALAKAGNI HALA