KONE KOBALI e-manager et expert routier jette un regard critique sur le secteur des transports routiers en Côte d`Ivoire. Au passage, il met quelques points sur des « i ».
50 ans après l’indépendance, quel regard sur le secteur du transport routier en Côte d’Ivoire?
Le secteur du transport routier en Côte d’Ivoire a connu des moments assez élogieux par le passé. Puisque, avec ce qui a été fait sous Houphouët-Boigny jusqu’à Bédié, il y a eu des choses assez palpables, avec la construction de pas mal de routes. Le transport s’était développé sur la base de ces infrastructures. Et la plupart de ces routes qui ont été faites à cette époque devraient durer entre 15 et 25 ans. Et donc naturellement toutes les routes une fois qu’elles sont construites, elles ont besoin d’entretien, ce qui n’a pas été souvent le cas. Cela fait qu`aujourd’hui, nous nous sommes retrouvés avec la plupart de nos routes qui ont été construites même dans un passé récent, toutes détruites, au point où il est difficile de circuler en Côte d’Ivoire. Il y a un manque d’organisation qui prévaut dans ce milieu, parce que ceux qui font le travail du transport n’ont pas eu l’éducation suffisante pour accompagner les usagers. Il y a aussi la politique générale du transport en Côte d’Ivoire qui n`existe quasiment pas.
A quel niveau l’Etat a failli dans l’entretien routier ?
Au niveau du financement du FER (Fonds d’Entretien Routier, ndlr), une volonté de la banque mondiale. Ce Fonds d’Entretien Routier, dirigé par M SIANDOU FOFANA pour permettre d’orienter les financements vers ce secteur de sorte à ne plus compter sur les ressources de l’Etat pour financer la route en Côte d’Ivoire, présente une para fiscalité illisible. Chaque année le Fonds d’Entretien Routier devrait bénéficier de 40 milliards FCFA pour les différents travaux à réaliser sur le terrain, mais c`est à peine 10 milliards qui sont dégagés. On ne sait pas si la banque mondiale ne donnait pas cet argent déjà ! Mais, il n`y a pas d’explication réelle venant du FER sur ces 40 milliards que l’Etat devrait injecter dans les caisses pour entreprendre l’ensemble de l`’entretien routier en Côte d’Ivoire. C’était surtout pour séparer les caisses. Mais on ne voit toujours pas ce que cela procure aux Ivoiriens et à l ‘ensemble des usagers. La côtière San-Pedro-Abidjan est vraiment le cas le plus palpable. Il était prévu qu’il y ait de façon récurrente l’entretien de cet axe routier, mais malheureusement le constat est là!
Que faire face à ce triste constat?
Les statistiques qui sont produites par le FER révèlent qu`il y a un gap de près de 2750 milliards FCFA qu’il faut aujourd’hui à l’Etat de Côte d’Ivoire pour rattraper tous les déficits routiers. 2720 milliards, ce qui est énorme et donc ce qu’il faut faire, il faut plaider à ouvrir de façon substantielle l’assiette des financements pour que le FER bénéficie de fonds conséquents pour réaliser tout ce dont ont besoin l’usager ivoirien et les transporteurs. Mais l`on est en train d`initier la redevance d’usage routier qui sera soumise aux députés pour le vote d`une loi de sorte à donner d’avantage de moyens au Fonds d’Entretien Routier pour pouvoir travailler sur le terrain et faciliter l’activité du transport en Côte d’Ivoire.
Qu`en est-il du renouvellement même du parc auto?
Dès son avènement au ministère des Transports, monsieur Gaoussou Touré a fait pas mal de déclarations, des plus intéressantes au plus saugrenues, on va dire. Et, au jour d’aujourd’hui, l’épine dorsale de sa politique, c’était le renouvellement du parc automobile, vu qu’il est très vieillissant et en totale inadéquation avec les besoins des transporteurs et des usagers. A ce jour, aucune politique n`a encore justifié d’un mode opératoire connu de tous les opérateurs. Et ça, c’est un gros souci. Puisque, clairement, aucune étude préalable n’a été menée par les ministères des Transports en vue de conduire cette opération dans les meilleures conditions. Aucune étude juridique, économique, sociologique n’a été menée. On ne sait même pas quel est le type de population qui a besoin de véhicule. C’est pour cela que l`on observe des actions individuelles isolées dans le secteur, aujourd’hui. Une mutuelle de transporteurs en partenariat avec la BRS veut bénéficier de près de 15 mille véhicules, ça, ce sont des actions isolées. Devant l’insuffisance de l’action et même la faillite du gouvernement, les populations du monde du transport sont obligées de se tourner vers des opérateurs économiques pour réussir ce qu’elles ont envie d’obtenir le plus rapidement possible.
A quand la fin du désordre dans le secteur du transport où pullulent des centaines de syndicats ?
On compte aujourd’hui près de 350 syndicats de transporteurs et également des syndicats de conducteurs, ce qui est énorme. Qu’est ce qui explique autant de syndicats dans ce monde ? C`est parce qu’il y a de l’argent à gagner de la manière la plus facile possible. Il suffit de se constituer en tant que syndicats en faisant ou en ne le faisant pas, le processus normal l’obtention d’un document, mais dès lors qu’on a des biceps gros pour se présenter sur le terrain, il est assez facile à ces personnes de gagner de l’argent sur les pauvres usagers. C`est ce qui explique cette pluralité de syndicats dans ce monde contrairement aux autres domaines d’activités où on rencontre quelques rares syndicats. Les hommes créent le maximum de syndicats pour engranger le maximum d’argent. C’est pour cela qu’aujourd’hui, nous saluons l’action de l’union européenne qui est en Côte d’Ivoire depuis le mois de mars et qui a initié une action assez salvatrice qui consiste à regrouper ces syndicats en 4 ou 5 au maximum pour bénéficier d`un financement et de formation au point d’arriver à un noyau de syndicaliste bien organisé. Donc, il y’aura des surprises.
Pourquoi est-ce que le conducteur et le transporteur n’appartiennent pas au même ministère ?
C’est une grande question. Curieusement en Côte d’Ivoire on a divisé le secteur des Transports en deux. Il y a deux ministères : le ministère du Transport et le ministère de l’Artisanat et de la promotion des PME qui s`occupent du secteur. Le ministère de l’Artisanat, les conducteurs et le ministère des Transports, les transporteurs, c`est-à-dire propriétaires des véhicules. Donc le conducteur appartient au ministère de l’artisanat pendant que le transporteur qui est l’employeur du conducteur, lui, se retrouve au ministère des Transports. Il faut penser à unifier déjà certains ministères en créant un grand ministère de sorte à prendre l’ensemble des acteurs qui sont dans ce milieu pour être dirigés à la fois par une seule tutelle. Ce qui va faciliter le règlement de beaucoup de problèmes que ces acteurs rencontrent dans ce milieu. C’est très souvent que ces deux ministères ont de façon latente de petits problèmes qu’ils ont du mal à régler, parce que figurez- vous, le nombre de conducteurs très élevé et très important s’il venait à appartenir au ministère des transports, ce serait un gros avantage pour régler les problèmes liés au social des conducteurs de Côte d’Ivoire. Mais tant que les deux appartiennent à des tutelles différentes, il est difficile parfois de concilier les conditions parce que les tutelles n’étant pas les même donc il faut que nous arrivions assez rapidement à unifier ces deux ministères. Ça pourrait être dirigé par M. Gaoussou Touré ou M. Sidiki Konaté, mais l’essentiel c’est de pouvoir aller vers une entité pour ces deux tutelles. Voilà ce qu’ils devraient faire. Mais il faut remarquer que le milieu des transports est aussi désorganisé parce que l’Etat de Côte d’Ivoire n’a pas encore réussi à répondre efficacement au dynamisme du secteur des transports. L’AGEROUTE a été créée pour multiplier les têtes de lignes et les gares modernes. Depuis 2010, il n’a pas encore réussi à faire le travail qui lui a été dévolu. C’est ce qui explique le désordre apparent dont parlent les uns et les autres, lorsqu’ils parlent du transport routier en Côte d’Ivoire. Ils sont obligés d’être là où ils sont pour espérer avoir les recettes qui vont leur permettre de payer les traites avec les concessionnaires, autrement dit c’est leur activité qui va disparaître. C’est ce qui explique que vous les trouvez un peu partout, faute d’infrastructures dévolues à l’activité qu`ils mènent tous les jours. Donc il faut chercher à résoudre le problème de gares routières, des têtes de lignes. Et ensuite l`on verra que ses acteurs savent s’organiser. Mais tant que cela n’est pas fait, il sera difficile de dire ou de leur jeter la pierre. Il faut sauver le secteur des Transports routiers en Côte d`Ivoire à travers une vision claire et non la recherche de prébendes. C’est ce qui explique notre présence dans votre prestigieux bihebdomadaire et donc nous espérons avoir apporté quelque chose à la réflexion du secteur du transport routier en côte d’ivoire.
Echanges avec H. Makré
Coll : KOUAME et OBOU (stagiaires)
50 ans après l’indépendance, quel regard sur le secteur du transport routier en Côte d’Ivoire?
Le secteur du transport routier en Côte d’Ivoire a connu des moments assez élogieux par le passé. Puisque, avec ce qui a été fait sous Houphouët-Boigny jusqu’à Bédié, il y a eu des choses assez palpables, avec la construction de pas mal de routes. Le transport s’était développé sur la base de ces infrastructures. Et la plupart de ces routes qui ont été faites à cette époque devraient durer entre 15 et 25 ans. Et donc naturellement toutes les routes une fois qu’elles sont construites, elles ont besoin d’entretien, ce qui n’a pas été souvent le cas. Cela fait qu`aujourd’hui, nous nous sommes retrouvés avec la plupart de nos routes qui ont été construites même dans un passé récent, toutes détruites, au point où il est difficile de circuler en Côte d’Ivoire. Il y a un manque d’organisation qui prévaut dans ce milieu, parce que ceux qui font le travail du transport n’ont pas eu l’éducation suffisante pour accompagner les usagers. Il y a aussi la politique générale du transport en Côte d’Ivoire qui n`existe quasiment pas.
A quel niveau l’Etat a failli dans l’entretien routier ?
Au niveau du financement du FER (Fonds d’Entretien Routier, ndlr), une volonté de la banque mondiale. Ce Fonds d’Entretien Routier, dirigé par M SIANDOU FOFANA pour permettre d’orienter les financements vers ce secteur de sorte à ne plus compter sur les ressources de l’Etat pour financer la route en Côte d’Ivoire, présente une para fiscalité illisible. Chaque année le Fonds d’Entretien Routier devrait bénéficier de 40 milliards FCFA pour les différents travaux à réaliser sur le terrain, mais c`est à peine 10 milliards qui sont dégagés. On ne sait pas si la banque mondiale ne donnait pas cet argent déjà ! Mais, il n`y a pas d’explication réelle venant du FER sur ces 40 milliards que l’Etat devrait injecter dans les caisses pour entreprendre l’ensemble de l`’entretien routier en Côte d’Ivoire. C’était surtout pour séparer les caisses. Mais on ne voit toujours pas ce que cela procure aux Ivoiriens et à l ‘ensemble des usagers. La côtière San-Pedro-Abidjan est vraiment le cas le plus palpable. Il était prévu qu’il y ait de façon récurrente l’entretien de cet axe routier, mais malheureusement le constat est là!
Que faire face à ce triste constat?
Les statistiques qui sont produites par le FER révèlent qu`il y a un gap de près de 2750 milliards FCFA qu’il faut aujourd’hui à l’Etat de Côte d’Ivoire pour rattraper tous les déficits routiers. 2720 milliards, ce qui est énorme et donc ce qu’il faut faire, il faut plaider à ouvrir de façon substantielle l’assiette des financements pour que le FER bénéficie de fonds conséquents pour réaliser tout ce dont ont besoin l’usager ivoirien et les transporteurs. Mais l`on est en train d`initier la redevance d’usage routier qui sera soumise aux députés pour le vote d`une loi de sorte à donner d’avantage de moyens au Fonds d’Entretien Routier pour pouvoir travailler sur le terrain et faciliter l’activité du transport en Côte d’Ivoire.
Qu`en est-il du renouvellement même du parc auto?
Dès son avènement au ministère des Transports, monsieur Gaoussou Touré a fait pas mal de déclarations, des plus intéressantes au plus saugrenues, on va dire. Et, au jour d’aujourd’hui, l’épine dorsale de sa politique, c’était le renouvellement du parc automobile, vu qu’il est très vieillissant et en totale inadéquation avec les besoins des transporteurs et des usagers. A ce jour, aucune politique n`a encore justifié d’un mode opératoire connu de tous les opérateurs. Et ça, c’est un gros souci. Puisque, clairement, aucune étude préalable n’a été menée par les ministères des Transports en vue de conduire cette opération dans les meilleures conditions. Aucune étude juridique, économique, sociologique n’a été menée. On ne sait même pas quel est le type de population qui a besoin de véhicule. C’est pour cela que l`on observe des actions individuelles isolées dans le secteur, aujourd’hui. Une mutuelle de transporteurs en partenariat avec la BRS veut bénéficier de près de 15 mille véhicules, ça, ce sont des actions isolées. Devant l’insuffisance de l’action et même la faillite du gouvernement, les populations du monde du transport sont obligées de se tourner vers des opérateurs économiques pour réussir ce qu’elles ont envie d’obtenir le plus rapidement possible.
A quand la fin du désordre dans le secteur du transport où pullulent des centaines de syndicats ?
On compte aujourd’hui près de 350 syndicats de transporteurs et également des syndicats de conducteurs, ce qui est énorme. Qu’est ce qui explique autant de syndicats dans ce monde ? C`est parce qu’il y a de l’argent à gagner de la manière la plus facile possible. Il suffit de se constituer en tant que syndicats en faisant ou en ne le faisant pas, le processus normal l’obtention d’un document, mais dès lors qu’on a des biceps gros pour se présenter sur le terrain, il est assez facile à ces personnes de gagner de l’argent sur les pauvres usagers. C`est ce qui explique cette pluralité de syndicats dans ce monde contrairement aux autres domaines d’activités où on rencontre quelques rares syndicats. Les hommes créent le maximum de syndicats pour engranger le maximum d’argent. C’est pour cela qu’aujourd’hui, nous saluons l’action de l’union européenne qui est en Côte d’Ivoire depuis le mois de mars et qui a initié une action assez salvatrice qui consiste à regrouper ces syndicats en 4 ou 5 au maximum pour bénéficier d`un financement et de formation au point d’arriver à un noyau de syndicaliste bien organisé. Donc, il y’aura des surprises.
Pourquoi est-ce que le conducteur et le transporteur n’appartiennent pas au même ministère ?
C’est une grande question. Curieusement en Côte d’Ivoire on a divisé le secteur des Transports en deux. Il y a deux ministères : le ministère du Transport et le ministère de l’Artisanat et de la promotion des PME qui s`occupent du secteur. Le ministère de l’Artisanat, les conducteurs et le ministère des Transports, les transporteurs, c`est-à-dire propriétaires des véhicules. Donc le conducteur appartient au ministère de l’artisanat pendant que le transporteur qui est l’employeur du conducteur, lui, se retrouve au ministère des Transports. Il faut penser à unifier déjà certains ministères en créant un grand ministère de sorte à prendre l’ensemble des acteurs qui sont dans ce milieu pour être dirigés à la fois par une seule tutelle. Ce qui va faciliter le règlement de beaucoup de problèmes que ces acteurs rencontrent dans ce milieu. C’est très souvent que ces deux ministères ont de façon latente de petits problèmes qu’ils ont du mal à régler, parce que figurez- vous, le nombre de conducteurs très élevé et très important s’il venait à appartenir au ministère des transports, ce serait un gros avantage pour régler les problèmes liés au social des conducteurs de Côte d’Ivoire. Mais tant que les deux appartiennent à des tutelles différentes, il est difficile parfois de concilier les conditions parce que les tutelles n’étant pas les même donc il faut que nous arrivions assez rapidement à unifier ces deux ministères. Ça pourrait être dirigé par M. Gaoussou Touré ou M. Sidiki Konaté, mais l’essentiel c’est de pouvoir aller vers une entité pour ces deux tutelles. Voilà ce qu’ils devraient faire. Mais il faut remarquer que le milieu des transports est aussi désorganisé parce que l’Etat de Côte d’Ivoire n’a pas encore réussi à répondre efficacement au dynamisme du secteur des transports. L’AGEROUTE a été créée pour multiplier les têtes de lignes et les gares modernes. Depuis 2010, il n’a pas encore réussi à faire le travail qui lui a été dévolu. C’est ce qui explique le désordre apparent dont parlent les uns et les autres, lorsqu’ils parlent du transport routier en Côte d’Ivoire. Ils sont obligés d’être là où ils sont pour espérer avoir les recettes qui vont leur permettre de payer les traites avec les concessionnaires, autrement dit c’est leur activité qui va disparaître. C’est ce qui explique que vous les trouvez un peu partout, faute d’infrastructures dévolues à l’activité qu`ils mènent tous les jours. Donc il faut chercher à résoudre le problème de gares routières, des têtes de lignes. Et ensuite l`on verra que ses acteurs savent s’organiser. Mais tant que cela n’est pas fait, il sera difficile de dire ou de leur jeter la pierre. Il faut sauver le secteur des Transports routiers en Côte d`Ivoire à travers une vision claire et non la recherche de prébendes. C’est ce qui explique notre présence dans votre prestigieux bihebdomadaire et donc nous espérons avoir apporté quelque chose à la réflexion du secteur du transport routier en côte d’ivoire.
Echanges avec H. Makré
Coll : KOUAME et OBOU (stagiaires)