Décidemment, certains membres du personnel soignant du Chu de Cocody sont déterminés à faire voir de toutes les couleurs aux patients qui se hasardent à solliciter leurs soins. Eh oui, à côté des dysfonctionnements de cette maison de santé qui font bien plus de mal que de bien aux malades, voilà que ces derniers sont aussi victimes de vol. Et cette fois ci, ce n’est pas du fait des évadés de la Maca qui échappent encore aux mailles du filet du ministère de l’Intérieur, mais bien de certains membres du personnel médical du Chu de Cocody. Un personnel médical qui, comme on le constate, souffre encore du manque à gagner occasionné par la politique de gratuité de soins, qui, en réalité, coûte très cher aux malades. Et c’est sur les pauvres patients que ce personnel là a décidé de se rattraper. Quelle horreur ! Mais, il fallait s’y attendre, non ? Vendredi 20 juillet 2012, un petit tour au Chu de Cocody pour visiter une amie malade et nous voilà dans la chambre 11 du 6ème étage, lit 37 sur lequel elle était étendue depuis le mercredi 18 juillet. On y trouve son époux répondant aux initiales A.A.P criant son indignation. Et pour cause. Tous les médicaments qu’il a achetés pour son épouse qui souffre de fortes douleurs abdominales et de forte fièvre aussi, ont disparu. Comme par enchantement ! En effet si A.A.P est très remonté, c’est qu’en seulement trois jours d’hospitalisation, il venait d’acheter tous les médicaments des dix (10) ordonnances tendues par les infirmiers. Et dire que l’époux A.A.P s’était permis d’interroger ces infirmiers qui lui tendaient ces ordonnances sur lesquelles figuraient pratiquement les mêmes médicaments. Petite interrogation, bien vite dissipée d’ailleurs par une réponse routinière : «C’est comme ça», avaient répliqué les soigneurs. Soit. Mais la quantité des médicaments pour trois jours d’hospitalisation en cachait beaucoup sur la réelle motivation des prescripteurs. Allez, un petit jeu de calcul. Du mercredi 18 juillet à 16h10mn au vendredi 20 juillet, A.A.P, pour sauver sa femme, avait payé « 11 quantités de valium injectable, 16 quantités de Sphasfon injectable, 12 quantités de HTV, 16 quantités de Palujet, 5 quantités de SCI 500mg, 4 quantités de SGU, 1 quantité de Scptilum, 5 quantités d’Intranul, 2 quantités de perfuseur, 9 Seringues, 2 thermomètres, 6 gants propres, 2 bouteilles d’alcool et autres sparadrap et coton, …». Tout ça à mettre dans le corps d’une malade ? Ou juste une petite stratégie pour renflouer la boite à pharmacie ambulante de ces infirmiers. Qui, comme on le sait tous, les revendent après, dans les couloirs du Chu à d’autres malades et à vil prix, (comme c’est le cas pour tous les médicaments volés). Et c’est seulement le petit matériel (gants, seringues, coton, alcool) que ces mystérieux voleurs ont bien voulu laisser à l’époux de la malade. On ne peut que les remercier pour cet acte d’humanisme ! Et lorsque l’époux A.A.P s’en est vigoureusement plaint à la direction après le constat de la disparition de ses médicaments, la jolie dame qui l’a reçu a vite compris que ce monsieur là, un Enseignant de l’Université de Cocody de surcroit, savait de quoi il parlait. Alors très vite, pour calmer les esprits, elle fait sortir les doux mots de son lexique du genre «Nous vous présentons nos excuses. Les infirmiers en question sont déjà descendus, laissez tomber...». « Laissez tomber». C’est en effet un conseil fort réconfortant !
MAHI MIKEUMEUNÉ
MAHI MIKEUMEUNÉ