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Politique Publié le samedi 25 août 2012 | Nord-Sud

Séraphin Yao Kouadio, pdt Collectif des victimes du recensement électoral : “Le président de la République doit réagir”

Pourquoi pensez-vous que la situation que vous déplorez peut-être résolue au moment où le gouvernement prépare des élections ?

Logiquement, elle peut être réso­lue parce que tout est question de volonté politique. En deux semaines ou trois, ce problème peut être évacué. Parce qu’il s’agit d’identifier 47.798 personnes. Pour cela, le gouvernement peut ouvrir un centre de collecte par département. Et en deux ou trois jours, les personnes intéressées iront se faire enrôler. Celles qui ne viendront pas attendront un autre processus.

Est-ce matériellement possible ?

Si, parce que la plupart sont des cas de formulaire orphelin, c’est-à-dire que les agents d’enrôlement n’ont pas écrit les noms sur les formulaires. Dans notre cas, notre formulaire a disparu du centre d’enrôlement ou au centre de traitement de l’information, etc. Ces cas constituent une base de données et l’Ins (Institut national de la statistique, ndlr) connaît les noms des personnes concernées par région et par centre. Donc, il n’y a qu’à afficher ces listes de personnes concernées pour que l’enrôlement soit fait au bout d’une semaine.

Comment pourriez-vous faciliter le déroulement de cette opération spéciale ?

Nous sommes prêts à présenter chacun un certificat de nationalité puisque c’est à ce document que la nationalité est attestée. Parce qu’en son temps, il fallait présenter des jugements supplétifs. Nous pouvons donc faire la preuve de notre nationalité par le certificat de nationalité. Notre cas avait été évoqué par la dernière réunion du Cadre permanent de concertation (Cpc). Il est dit qu’après la présidentielle, les cas de rejets techniques doivent être traités. Et que si pour des raisons quelconques ils ne l’ont pas été, on peut demander à ceux qui veulent être candidats à une élection d’être candidats. En fait, les 47.798 cas sont différents des 55.000 introuvables à l’état civil. Les 47.798 sont victimes des erreurs commises par les agents d’enrôlement.

La situation n’est-elle pas désespérée ?

L’Etat ivoirien ne peut pas dépenser des milliards pour une opération d’identification et permettre qu’on continue de justifier la nationalité par des certificats de nationalité. Comme l’on veut que les élections soient inclusives, il faut permettre que l’on y participe. Ce n’est une faveur que nous réclamons, c’est un droit fondamental.

Qu’est-ce qui retarde selon vous le règlement des cas de personnes recalées sur la liste électorale?

Les autorités ne veulent pas que la liste électorale soit touchée. Elles ne veulent pas qu’on dise que la liste a été tripatouillée et cela entraîne des complications. Or, ces erreurs devaient être corrigées avant qu’on ne parle de transfert de technologies (de Sagem à Ins, ndlr). Un système informatique qui doit traiter plusieurs millions de personnes prévoit forcément une marge d’erreurs. Mais elles sont prises en compte par la convention signée avec Sagem alors elles ne devraient pas constituer un obstacle à un ré-enrôlement.

Qu’attendez-vous concrètement des autorités ?

Tout est question de volonté politique. Le président de la République est un homme qui prône la justice, il doit réagir dès lors que certains citoyens sont privés de leur droit. En tout cas, la clé du problème est entre les mains du gouvernement. Une fois la décision prise, la Cei et les autres acteurs de l’identification vont suivre. De toutes les façons, nous avons déjà fini avec les élections présidentielles et législatives, qui sont les plus importantes. Les autres ne sont que des élections régionales ; qu’est-ce qui urge ? Le président de la République peut prendre un décret par lequel il nous autoriserait à justifier notre nationalité à la présentation d’un certificat de nationalité.
Entretien réalisé par BI
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