La Côte d’Ivoire a mal à sa presse. Voici un débat de trop ! On va parlementer là où il ne faut pas. La presse, le journalisme a ses règles. Ceux qui ne les respectent pas, ne faut-il pas les botter au bon endroit ?
Le verbe est et sera irrévérencieux. J’en suis fortement désolé. Mais franchement, a-t-on par exemple besoin de réunir des Etats généraux pour désavouer des policiers qui s’adonnent au racket ? Ils sont purement et simplement attraits devant leurs juridictions et lourdement sanctionnés. Et puis le pays avance. Pourquoi veut-on négocier avec les fauteurs, les tricheurs, les usurpateurs du titre de journaliste ? Regardons notre armée. A-t-on changé ses règles de fonctionnement parce que de simples porteurs d’armes y ont fait irruption ? Si en leur sein, il y a des têtes fêlées, elles sont mises au pas sans état d’âme.
Ne nous voilons pas la face. Il y a de mauvais grains dans la presse comme il en existe dans tous les secteurs de notre société. Le défi dans chaque domaine, est de les en extirper. Moi, j’ai mal à mon métier. Et je sors de mon silence pour aider à cette nécessaire toilette ; apporter une contribution à la grand’messe de Yamoussoukro. D’ailleurs une adresse est faite par les organisateurs à tout sachant pour apporter son éclairage au débat. Que ceux qui connaissent ce métier et son éthique disent à leurs jeunes frères d’arrêter leurs pratiques destructrices au lieu de continuer à les caresser dans le sens du poil. Ne pas se soumettre à ce devoir d’éducation, c’est prendre le risque d’être considéré comme des soutiens de ceux qui démolissent la profession et mettent à mal la cohésion sociale en Côte d’Ivoire. Qu’il leur soit rappelé que la plume et les ondes sont plus meurtrières que les armes. Car c’est du fait d’un long processus de formatage (même pas planifié) que les populations en viennent aux mains. Je pose la question : « Un soldat doit-il tirer contre son peuple » ? Assurément non ! Pourquoi le journaliste le ferait-il de sa plume ? Non et non ! Le métier est dans son essence, un service aux dimensions multiples ; si délicat et si plein de connectivité que les gens pas sérieux et pas formés doivent s’abstenir d’y entrer.
Connaitre une popularité sociale n’a rien d’historique ou de glorieux lorsqu’on est journaliste. Ce sont les faits que nous rapportons qui auront une connotation historique si notre narration est responsable et honnête. Célèbre pour ses pamphlets, cet énorme contributeur dans la presse nationale, l’écrivain Tiburce Koffi, soutient qu’il n’est pas journaliste. Une honnêteté qui ne peut que susciter notre admiration. J’apprécie que notre profession connaisse cependant des journalistes racés comme : Ibrahim Koné, Auguste Miremont, Kébé Yacouba, Eugène Dié Kacou, Danièle Boni, Barth Bertin, Samba Koné, Soro Adam’s, Frédéric Grah Mel, Jérôme Carlos, Dan Moussa, Gaoussou Kamissoko, Rosine Diodan, Ouattara Hegaud ... Le métier avait encore besoin de ceux-ci : Feux Diégou Bailly, Paul Kalou, Thiam Belafonte, Essy Kouamé Noël dit Noël X Ebony, Jean Servais Bakiono, Bernard Ahua, Coffie Ama Claude, Jean Médéric Kragbé, Jean-Pierre Ayé … Ils ont été de cette trempe. Des maîtres mais hélas partis trop tôt. Une prise de parole par les vivants précités, permettrait de diffuser le bon évangile. En effet, de leur parcours effectué avec talent, rigueur et persévérance, ils tirent aujourd’hui une immense crédibilité. En retour ce qui doit être fait par les nouvelles générations, c’est de visionner, d’écouter et de lire les œuvres des anciens et d’en apprendre sur leur comportement professionnel.
Que font les organismes de régulation devant tant de récidives ? A quoi sert le code de déontologie ? Un code de déontologie révisé par l’UNJCI et qui est devenu un bateau, une sorte de Vidal. Hormis sa mise à jour résultant de l’entrée en scène des nouvelles technologies, il aurait pu être dispensé de ce vernis car le métier est vieux mais toujours bon. Et il devrait rester le même longtemps encore. Puisque les médecins, notaires et autres avocats sont dotés d’Ordres, instances qui autorisent jusqu’au bannissement de leurs confrères en cas de faute grave, pourquoi cette propension chez les journalistes de Côte d’Ivoire à faire valider les mauvais exemples. Journaliste, j’en suis un et je parle ainsi car il est possible de survivre dans un Etat de droit lorsqu’on obéit aux règles de son métier. Etre professionnel et persister dans l’orthodoxie de la praxis, protège mieux à mon sens des dérives totalitaires des pouvoirs que d’écrire de travers et recourir ensuite à des parapluies politiques, ce qui n’est que pure duperie, vite démasquée, du reste par le lecteur. Donc le respect du code d’éthique est l’autre nom du savoir être du citoyen éduqué. Or le journaliste a la prétention d’être un homme – une femme éduqué (e). Son métier lui impose des limites qu’il s’abstient absolument de transgresser. Il a de la retenue sans manquer d’exiger son accès aux sources de l’information et d’exercer son droit quasi unique d’irrévérence quand le contexte le demande. Cette ambivalence ne manque pas de rappeler cette phrase célèbre de Mère Theresa –in Un chemin tout simple - « L’honnêteté et la franchise vous rendent vulnérables. Soyez honnêtes et francs tout de même ».
Dénonçant les mauvaises pratiques de notre presse (ce n’est pas nouveau), je ne peux m’empêcher au passage de protester contre la mauvaise utilisation de l’UNJCI qui se prend pour une école de journalisme. Cela se reflète dans le code de déontologie nouveau cité plus haut. Tout comme ce n’est pas l’Ordre des Avocats qui forme les avocats, ce n’est pas l’UNJCI qui formera les journalistes. Cette organisation est une association pour faire vivre la profession, satisfaire ses aspirations, partager des expériences, encadrer et soutenir ses membres en vue d’une pratique de qualité toujours au diapason de son environnement.
Toutes les corporations gèrent donc leur secteur d’activité avec indépendance et responsabilité, n’ayant pour seule boussole que leur code d’éthique. Alors, nous ne comprenons pas lorsque des journaux créés à la pelle, se plaignent de manque de moyens. Et au lieu de rester dignes avec leur business mal ficelé, certains se précipitent vers les pouvoirs publics pour des appels à l’aide. - Loin de nous, l’intention de créer la confusion autour du Fonds d’aide à la presse qui est un mécanisme très utile et très sérieux-. Or, se regrouper aurait été la solution pour tous ces petits titres d’être plus forts. En effet, pourquoi ne pas se regrouper quand on sait surtout que ces journaux sont classiquement repartis entre des familles politiques. Ainsi, ils porteront plus haut la voix de leurs maîtres.
L’UNJCI des années 90, c’est-à-dire lors de sa création, dégageait un fort sentiment d’autonomie et connaissait une crédibilité conséquente. Celle des années 2000, selon mon constat, dispute hélas la Une des journaux avec les politiques. Je vois ses dirigeants qui vont saluer le Président de la République. Je leur demande d’attendre le nouvel An. Bien fait d’ailleurs que le Président leur rappelle que les parkings sont partagés ; autrement dit : « Arrêtez de faire la politique et pratiquez votre métier ! ». Ingérence ? Je ne le pense pas ! Pourvu que mes confrères comprennent cette préoccupation.
Séwa R. Clovis
Journaliste-consultant,
Fondateur UNJCI
Le verbe est et sera irrévérencieux. J’en suis fortement désolé. Mais franchement, a-t-on par exemple besoin de réunir des Etats généraux pour désavouer des policiers qui s’adonnent au racket ? Ils sont purement et simplement attraits devant leurs juridictions et lourdement sanctionnés. Et puis le pays avance. Pourquoi veut-on négocier avec les fauteurs, les tricheurs, les usurpateurs du titre de journaliste ? Regardons notre armée. A-t-on changé ses règles de fonctionnement parce que de simples porteurs d’armes y ont fait irruption ? Si en leur sein, il y a des têtes fêlées, elles sont mises au pas sans état d’âme.
Ne nous voilons pas la face. Il y a de mauvais grains dans la presse comme il en existe dans tous les secteurs de notre société. Le défi dans chaque domaine, est de les en extirper. Moi, j’ai mal à mon métier. Et je sors de mon silence pour aider à cette nécessaire toilette ; apporter une contribution à la grand’messe de Yamoussoukro. D’ailleurs une adresse est faite par les organisateurs à tout sachant pour apporter son éclairage au débat. Que ceux qui connaissent ce métier et son éthique disent à leurs jeunes frères d’arrêter leurs pratiques destructrices au lieu de continuer à les caresser dans le sens du poil. Ne pas se soumettre à ce devoir d’éducation, c’est prendre le risque d’être considéré comme des soutiens de ceux qui démolissent la profession et mettent à mal la cohésion sociale en Côte d’Ivoire. Qu’il leur soit rappelé que la plume et les ondes sont plus meurtrières que les armes. Car c’est du fait d’un long processus de formatage (même pas planifié) que les populations en viennent aux mains. Je pose la question : « Un soldat doit-il tirer contre son peuple » ? Assurément non ! Pourquoi le journaliste le ferait-il de sa plume ? Non et non ! Le métier est dans son essence, un service aux dimensions multiples ; si délicat et si plein de connectivité que les gens pas sérieux et pas formés doivent s’abstenir d’y entrer.
Connaitre une popularité sociale n’a rien d’historique ou de glorieux lorsqu’on est journaliste. Ce sont les faits que nous rapportons qui auront une connotation historique si notre narration est responsable et honnête. Célèbre pour ses pamphlets, cet énorme contributeur dans la presse nationale, l’écrivain Tiburce Koffi, soutient qu’il n’est pas journaliste. Une honnêteté qui ne peut que susciter notre admiration. J’apprécie que notre profession connaisse cependant des journalistes racés comme : Ibrahim Koné, Auguste Miremont, Kébé Yacouba, Eugène Dié Kacou, Danièle Boni, Barth Bertin, Samba Koné, Soro Adam’s, Frédéric Grah Mel, Jérôme Carlos, Dan Moussa, Gaoussou Kamissoko, Rosine Diodan, Ouattara Hegaud ... Le métier avait encore besoin de ceux-ci : Feux Diégou Bailly, Paul Kalou, Thiam Belafonte, Essy Kouamé Noël dit Noël X Ebony, Jean Servais Bakiono, Bernard Ahua, Coffie Ama Claude, Jean Médéric Kragbé, Jean-Pierre Ayé … Ils ont été de cette trempe. Des maîtres mais hélas partis trop tôt. Une prise de parole par les vivants précités, permettrait de diffuser le bon évangile. En effet, de leur parcours effectué avec talent, rigueur et persévérance, ils tirent aujourd’hui une immense crédibilité. En retour ce qui doit être fait par les nouvelles générations, c’est de visionner, d’écouter et de lire les œuvres des anciens et d’en apprendre sur leur comportement professionnel.
Que font les organismes de régulation devant tant de récidives ? A quoi sert le code de déontologie ? Un code de déontologie révisé par l’UNJCI et qui est devenu un bateau, une sorte de Vidal. Hormis sa mise à jour résultant de l’entrée en scène des nouvelles technologies, il aurait pu être dispensé de ce vernis car le métier est vieux mais toujours bon. Et il devrait rester le même longtemps encore. Puisque les médecins, notaires et autres avocats sont dotés d’Ordres, instances qui autorisent jusqu’au bannissement de leurs confrères en cas de faute grave, pourquoi cette propension chez les journalistes de Côte d’Ivoire à faire valider les mauvais exemples. Journaliste, j’en suis un et je parle ainsi car il est possible de survivre dans un Etat de droit lorsqu’on obéit aux règles de son métier. Etre professionnel et persister dans l’orthodoxie de la praxis, protège mieux à mon sens des dérives totalitaires des pouvoirs que d’écrire de travers et recourir ensuite à des parapluies politiques, ce qui n’est que pure duperie, vite démasquée, du reste par le lecteur. Donc le respect du code d’éthique est l’autre nom du savoir être du citoyen éduqué. Or le journaliste a la prétention d’être un homme – une femme éduqué (e). Son métier lui impose des limites qu’il s’abstient absolument de transgresser. Il a de la retenue sans manquer d’exiger son accès aux sources de l’information et d’exercer son droit quasi unique d’irrévérence quand le contexte le demande. Cette ambivalence ne manque pas de rappeler cette phrase célèbre de Mère Theresa –in Un chemin tout simple - « L’honnêteté et la franchise vous rendent vulnérables. Soyez honnêtes et francs tout de même ».
Dénonçant les mauvaises pratiques de notre presse (ce n’est pas nouveau), je ne peux m’empêcher au passage de protester contre la mauvaise utilisation de l’UNJCI qui se prend pour une école de journalisme. Cela se reflète dans le code de déontologie nouveau cité plus haut. Tout comme ce n’est pas l’Ordre des Avocats qui forme les avocats, ce n’est pas l’UNJCI qui formera les journalistes. Cette organisation est une association pour faire vivre la profession, satisfaire ses aspirations, partager des expériences, encadrer et soutenir ses membres en vue d’une pratique de qualité toujours au diapason de son environnement.
Toutes les corporations gèrent donc leur secteur d’activité avec indépendance et responsabilité, n’ayant pour seule boussole que leur code d’éthique. Alors, nous ne comprenons pas lorsque des journaux créés à la pelle, se plaignent de manque de moyens. Et au lieu de rester dignes avec leur business mal ficelé, certains se précipitent vers les pouvoirs publics pour des appels à l’aide. - Loin de nous, l’intention de créer la confusion autour du Fonds d’aide à la presse qui est un mécanisme très utile et très sérieux-. Or, se regrouper aurait été la solution pour tous ces petits titres d’être plus forts. En effet, pourquoi ne pas se regrouper quand on sait surtout que ces journaux sont classiquement repartis entre des familles politiques. Ainsi, ils porteront plus haut la voix de leurs maîtres.
L’UNJCI des années 90, c’est-à-dire lors de sa création, dégageait un fort sentiment d’autonomie et connaissait une crédibilité conséquente. Celle des années 2000, selon mon constat, dispute hélas la Une des journaux avec les politiques. Je vois ses dirigeants qui vont saluer le Président de la République. Je leur demande d’attendre le nouvel An. Bien fait d’ailleurs que le Président leur rappelle que les parkings sont partagés ; autrement dit : « Arrêtez de faire la politique et pratiquez votre métier ! ». Ingérence ? Je ne le pense pas ! Pourvu que mes confrères comprennent cette préoccupation.
Séwa R. Clovis
Journaliste-consultant,
Fondateur UNJCI