Manifestement, Gervais Coulibaly, Kabran Appiah et autres Henriette Lagou ne regardent plus dans la même direction que les Miaka Ouretto, Michel Amani N’Guessan. La conférence de presse que les premiers cités ont animée, hier, est une preuve de plus de cette divergence de vues. Car, si les leaders de la Ligue des mouvements pour le progrès (Lmp) n’ont pas fait les éloges d’Alassane Ouattara, ils ne sont passés par quatre chemins pour fustiger la manière de s’opposer de leurs camarades du Front populaire ivoirien (Fpi). Gervais Coulibaly, Kabran Appiah et Henriette Lagou ont vertement condamné la posture de va-t-en-guerre de leurs compagnons. Pour ces trois partisans de Laurent Gbagbo, le regard suspicieux porté sur eux est d’autant légitime que les responsables du Fpi se sont toujours distingués par leurs propos belliqueux, dans lesquels ils n’ont jamais caché leur volonté d’en découdre par la force avec le pouvoir en place. «Si vous dites que vous allez renverser le pouvoir et que les jours qui suivent, il y a des attaques, c’est normal que l’on vous accuse de tirer les ficèles», a relevé le professeur de droit, Kabran Appiah. En lieu et place de ce face-à-face tendu avec les nouvelles autorités, M. Appiah conseille aux leaders frontistes de faire profil bas, notamment en commençant par reconnaître Alassane Ouattara comme le chef de l’exécutif. Ce que la direction du Fpi n’a jusque-là pas fait, puisque bien souvent, face à leurs militants, ils ne manquent pas d’en appeler au recomptage des voix de la présidentielle de 2010. C’est ce genre de raisonnements qui vaut aujourd’hui à Laurent Akoun, secrétaire général par intérim du Fpi, de se retrouver à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) pour trouble à l’ordre public. Pour le groupe à Gervais Coulibaly, il y a matière à critiquer la gouvernance d’Alassane Ouattara et à se préparer à le battre dans les urnes. Et, ça, c’est une autre raison de leur divergence de vues. Les cadres de Lmp ont tiré les leçons de la voie jusque-là empruntée par les frontistes pour arriver au pouvoir. Les Gervais Coulibaly et Kabran Appiah qui savent qu’arriver au pouvoir par la violence comporte le risque d’en partir dans les mêmes conditions veulent accéder au pouvoir de manière démocratique. Et, en attendant les prochaines joutes, ils s’engagent à fond dans le processus de réconciliation. Un processus dans lequel ils sont persuadés de pouvoir obtenir beaucoup du pouvoir. Au Fpi, c’est la démarche contraire qu’on préfère adopter: les avantages avant d’intégrer le processus de réconciliation. Manque de réalisme. Mieux, constatant que le dialogue pouvoir-opposition est en panne sèche, Gervais Coulibaly, Kabran Appiah et Henriette Lagou prennent l’initiative de rencontrer le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), le Rassemblement des républicains (Rdr), l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (Udpci), le Parti ivoirien des travailleurs (Pit)…Une démarche républicaine que les frontistes n’ont jamais eue.
Marc Dossa
Marc Dossa
