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Sport Publié le mercredi 19 septembre 2012 | Nord-Sud

Dr Malick Sangaré (ex-médecin de l’Asec mimosas) : “Mes conditions pour revenir à l’Asec”

Médecin du sport, Docteur Malick Sangaré a quitté la scène footballistique locale depuis quelques mois. Celui qui a été préparateur physique de l’Asec de 1989 à 2003 justifie son départ et règle, au passage, quelques comptes.


Comment expliquez-vous votre départ de l’Asec ?
Je ne me reconnaissais plus dans cette équipe.

Que voulez-vous dire ?
Je n’aimais plus la manière dont la section football du club travaillait.

Pourtant en 2008 vous êtes revenu dans le club jaune et noir…
C’est vrai. En 2008, les dirigeants de l’Asec m’ont fait à nouveau appel pour m’occuper du service médical, mais avec priorité à la formation. De 2008 à 2011 donc, je me suis surtout occupé de la formation. Cette saison, j’ai estimé qu’après quatre années de travail, je ne voyais pas la progression de l’équipe. Lorsque je visite les sites sur internet, je vois les entraînements des grands clubs européens tels le FC Barcelone, Manchester United, Chelsea… Leurs entraînements correspondent à ce que nous faisions par le passé à l’Asec. Je me dis donc qu’il y a un problème de méthode.

Lequel ?
Avec les jeunes, j’ai mis au point une méthode de travail pour améliorer la technique. Il faut dire que le problème de nos jeunes est qu’ils ne sont plus techniques. Pour moi, un joueur doit pouvoir éliminer son adversaire. Ensuite, il doit pouvoir faire une passe précise. Enfin, il doit pouvoir tenir physiquement de la première à la 90è minute. Depuis le mois de mai 2011, j’ai arrêté de travailler dans le football.

Pourquoi ?
C’est la déception… Je m’ennuis. Je vois des choses que je n’aurais jamais imaginer voir maintenant.

Par exemple ?
Le rythme des matches. Il est toujours haché. Il n’y a pas un rythme intense du début à la fin des matches. Ensuite, il y a la qualité des joueurs. Techniquement, ils sont limités. Beaucoup ne savent pas faire de contrôles orientés. Il y a beaucoup de lacunes qu’on ne doit plus voir sur un terrain de football.

N’êtes-vous pas trop exigeant ?
Je parle de ce que je sais faire. Je vous mets au défi de me mettre sur un terrain et vous verrez. Ce sont des choses que j’ai fait durant de nombreuses années. Un exemple. Lorsque je vois les préparations physiques des clubs, ce sont des choses que je faisais déjà dans les années 90. J’ai eu les Abdoulaye Traoré dit Ben Badi, Kassy Kouadio, Gadji Celi et autres. Ils me disaient que cela ne se faisait pas au football. Aujourd’hui, je m’aperçois que les grands clubs européens le font. Cela veut dire que j’étais en avance. Ici, on refuse de travailler et on veut gagner. Depuis quatre ans, je ne vois aucun club ivoirien dans les phases de poules des Coupes africaines. Du temps où j’étais le préparateur physique de l’Asec, cette équipe était toujours dans le carré d’as des Coupes africaines. J’ai arrêté en 2003. Faites la comparaison entre le palmarès de l’Asec à cette époque et celui d’aujourd’hui.

Les problèmes de l’Asec sont-ils seulement liés à ces aspects évoqués ?
C’est la méthode qui n’est pas bonne. Dès le début, en discutant avec le PCA de l’Asec, Me Roger Ouégnin, j’ai dit que le travail effectué à Sol béni était trop léger. C’était à l’époque de Patrick Liewig. Ce n’est pas un problème de personnes, mais de qualité de travail. Il faut la changer.

Quelle est alors votre thérapie ?
Il faut d’abord que les entraîneurs se remettent en cause et que nos dirigeants réfléchissent à la politique de notre football. De 1989 à 2003, j’ai fait de la haute compétition. De 2008 à mai 2011, j’ai fait de la formation. Je connais la formation et la haute compétition. On ne peut donc pas venir me raconter des histoires. Certains des jeunes joueurs que j’ai formés évoluent encore à l’Asec. Au niveau technique, la différence est visible. On peut améliorer leur qualité, mais il faut revoir la méthode de travail. Comme je l’ai déjà dit, la meilleure méthode d’entraînement reste le « deux camps ».

Aussi simple que cela ?
Oui. C’est jouer au football. Ce n’est pas en faisant des schémas qu’on joue au football. Je suis désolé… Je suis un homme de terrain. J’ai travaillé et j’ai fait des résultats. Que ceux qui ne sont pas d’accord avec moi viennent montrer leurs résultats aussi et nous discuterons. Le football, c’est le jeu. En Espagne, c’est ainsi que ça se passe. Nos anciens entraîneurs le faisaient mais on trouvait qu’ils étaient dépassés. Ils avaient la bonne méthode sans le savoir et sans l’améliorer.

A qui faites-vous allusion ?
Yéo Martial et autres. C’est Philippe Troussier qui a révolutionné le football en Côte d’Ivoire. Les adeptes de Troussier (Manglé Eustache, Zaré Mamadou, Amani Yao, etc.) avons continué cette méthode. De 2003 à maintenant, regardons ensemble ce que notre football est devenu.

Que faut-il à l’Asec pour redevenir un ogre ?
Je reviens encore à la méthode de gestion et à la méthode de travail. Des personnes ne font pas de résultats mais sont toujours à leurs postes. A l’Asec, par le passé, il n’était pas possible de ne pas faire de résultats au risque de se voir virer. Aujourd’hui, les gens arrivent au football pour se distraire et s’enrichir. A la fin de la saison, on cherche des boucs émissaires et la vie continue.

Etes-vous prêt à revenir à l’Asec si les dirigeants vous font encore appel ?
J’ai posé mes conditions aux dirigeants. Ils les connaissent. Cela m’étonnerait qu’ils les acceptent. Ils n’ont pas accepté et je ne pense pas qu’ils les acceptent. Si je dois revenir, je dois être à la fois le médecin et le préparateur physique. Le travail que je faisais avant, je dois le refaire. Si après une année, je ne fais pas de résultats, je peux être remercié. Mais ils n’auront pas le courage d’accepter cela. En tant que médecin, je sais comment faire une bonne préparation physique. Ce sont mes résultats qui parlent pour moi. J’avais proposé à Sébastien Desabre de m’occuper de la préparation physique. Il m’a répondu qu’il avait un diplôme universel pour la préparation physique. Or, il faisait ce que je faisais déjà du temps où j’étais à l’Université. Il m’a dit que c’était la méthode moderne. Je suis parti. La suite, on la connaît… (Rires).


Entretien réalisé par Guy-Florentin Yameogo
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