Le président de la Commission dialogue vérité, réconciliation (Cdvr), Charles Konan Banny, poursuit sereinement ses consultations pour la relance du dialogue, à son cabinet privé de la Riviera-Golf. Le jeudi 20 septembre, il s’est entretenu avec une délégation de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire (Cci), conduite par son président, Jean Louis Billon. A sa sortie d’audience avec le président de la Cdvr, M. Billon a déclaré à la presse que la situation sociopolitique inquiète les Ivoiriens et le secteur de l’entreprise. A l’en croire, « Depuis le mois de juillet, on a vu la violence revenir en Côte d’Ivoire, et cela n’est pas fait pour rassurer. Donc, nous sommes venus pour qu’il (Ndlr : Banny) puisse interpeller l’Etat, et que le dialogue reprenne, en vue de la réconciliation vraie des Ivoiriens ». Dans un langage franc comme à son habitude, le président de la Cci a déploré le retard engendré par les dix années de la crise. Soulignant que si rien n’est fait, l’avenir de la jeunesse sera compromis. «Nous sommes en train de compromettre l’avenir des générations futures. Il est temps que ça cesse, et nous souhaitons vivement que le dialogue et la réconciliation soient réels en Côte d’Ivoire », a-t-il souhaité. Lors de cette rencontre de deux heures, la délégation de la Chambre de commerce de Côte d’Ivoire et le comité exécutif de la Cdvr ont parlé de toutes les souffrances des Ivoiriens. «Nous avons passé en revue l’injustice, la cherté de la vie, le chômage. Nous avons passé en revue le tribalisme, le népotisme, la corruption, la mal-gouvernance, le favoritisme. Et dans un tel climat avec de telles injustices, il est difficile de se réconcilier ; donc, il faut prendre tout cela en compte, pour aller véritablement à la réconciliation », a proposé le président Jean Louis Billon. Quant à une implication des hommes d’affaires dans le processus de réconciliation, M. Billon a indiqué que les entrepreneurs ivoiriens ont été toujours pris part à cette initiative. Mais, selon lui, le contribuable ivoirien est la victime permanente de la crise ivoirienne. « Depuis des années, nous payons, et nous continuons de payer. Nous souffrons, nous perdons beaucoup de moyens, sans que nous ne trouvions réparation. Seul le politique trouve réparation, après les divers troubles ; et cela, au détriment du contribuable ivoirien », a réagi le président de la Cci. Avant de réitérer la volonté des hommes d’affaires à accompagner la réconciliation. Pour lui, le politique doit tenir compte des avis des opérateurs économiques. «Depuis septembre 2002, nous étions montés au créneau pour dire ‘’faites attention, ne prenez pas l’économie ivoirienne en otage’’. Je tiens à le rappeler. Malheureusement, l’économie a été prise en otage, et elle continue d’être prise en otage », a-t-il déploré. Charles Konan Banny a aussi reçu Mbassidjié Magloire, président de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès Social (Undps), qui a demandé aux hommes politiques de reconnaitre le tort que chacun a fait aux populations. «Il faut recadrer les choses, équilibrer les deux notions auxquelles j’ai fait allusion en termes de justice, comme cela a été fait en Afrique du Sud », a-t-il suggéré.
PATRICK N’GUESSAN
PATRICK N’GUESSAN