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Art et Culture Publié le vendredi 21 septembre 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Entretien / Isabelle Kassi Fofana, initiatrice du Prix Ivoire ‘‘Mon histoire avec Alain Mabanckou’’

Dans le cadre des préparatifs du prix Ivoire 2012 qui aura lieu le 1er décembre prochain, la présidente de l’Association Akwaba Culture, Isabelle Kassi Fofana a annoncé des grosses pointures de la littérature mondiale sur les bords de la lagune Ebrié. Après l’écrivain malien Seydou Kouyaté Badian en 2010, l’écrivain congolais Henri Lopès en 2011, Alain Mabanckou et Jacques Chevrier seront les invités d’honneur du Prix Ivoire 2012.
La 4ème édition du Prix ivoire a eu lieu l’année dernière à l’hôtel Ivotel d’Abidjan. Quel bilan pouvez-vous dresser ?
La 4è édition du Prix Ivoire était placée sous le signe de la maturité. Parce que l’Association Akwaba Culture a fait déplacer une sommité de la littérature qui fait l’unanimité, en l’occurrence Henri Lopès. Si l’on se réfère à ce fait, on peut volontiers dire que le Prix Ivoire a gagné en notoriété. Dès le lancement de ce prix, nous avons décidé d’associer des personnalités issues du milieu culturel et surtout littéraire francophone. C’est le lieu de remercier tous les invités à savoir Seydou Badian Kouyaté, Aminata Sow Fall, Cheikh Hamidou Kane, Djibril Tamsir Niane, Christiane Diop (veuve de l’écrivain Alioune Diop), Me Pacéré Titinga et bien d’autres. Il y avait des personnalités au plan national dont Bernard Dadié, feu Zadi Zaourou et tous les écrivains ivoiriens. C’est un bilan globalement positif. Puis qu’après l’édition 2011, les organisateurs du Prix Ahmadou Kourouma sont venus en prospection. Il y avait Madame Cathérine Morand qui est membre de l’organisation du Salon du livre de Genève, structure organisatrice du Prix Ahmadou Kourouma. Cette dame nous a invités à prendre la parole à l’occasion de la cérémonie de remise dudit prix à Genève (Suisse). Madame Cathérine Morand nous a suggérés la création d’un pont entre le Prix Ivoire et le Prix Ahmadou Kourouma. En plus de l’invité Henri Lopès nous avons été reçus par la Première dame de Côte d’Ivoire. Nous remarquons que c’est la première fois qu’on nous ouvrait les portes du palais présidentiel. Evidemment, l’Association Akwaba Culture n’a pas pour habitude de dormir sur ses lauriers. A chaque édition, nous essayons de ne pas verser dans l’autosatisfaction. On espère toujours faire mieux à chaque édition.

Dans votre souci de performance, vous avez annoncé des grands noms de la littérature comme l’écrivain Congolais Alain Mabanckou et le professeur français Jacques Chevrier. Quelle anecdote pour relater cette surprise aux lecteurs Ivoiriens ?
Nous avons eu la chance de rencontrer Alain Mabanckou à l’occasion de nos participations à plusieurs salons du livre, notamment au cours du salon du livre de Paris. Il y a deux ou trois ans, cet écrivain manifestait déjà sa volonté de venir en Côte d’Ivoire. Parce qu’il connaît l’existence du Prix Ivoire. Il ne faut pas oublier que la situation sociopolitique ivoirienne ne s’y prêtait pas. Cette année, Alain Mabanckou n’a pas hésité à donner son accord pour être en Côte d’Ivoire. «Est-ce que tu peux venir en Côte d’Ivoire à l’occasion du prix Ivoire», lui ai-je fait parvenir dans un mail. Il m’a répondu dans les dix (10) minutes qui ont suivi, en disant : «Oui ! Je viens ! ». Voilà pour la petite anecdote. Quant au professeur Jacques Chevrier, il n’est pas assez connu en Côte d’Ivoire. Le Prix Ivoire est donc une tribune pour faire connaître des auteurs qui vivent ailleurs. Cette personnalité française est à l’origine de la création d’un prix littéraire qui a révélé beaucoups de talents. Cet écrivain a dirigé la célèbre Collection Monde Noire Poche. Il est aussi l’initiateur du prix Ahmadou Kourouma. Des écrivains ivoiriens tels que Bernard Dadié, Aké Loba, Jean-Marie Adiaffi et Maurice Bandaman ont été lauréats du Grand Prix d’Afrique Noire. En faisant venir le Pr. Jacques Chevrier à Abidjan, l’Association Akwaba Culture veut ouvrir le Prix Ivoire sur le monde. Nous sommes convaincus que le ministère de la Culture et de la Francophonie a bien compris cette vision et va lui rendre un hommage mérité à son arrivée en Côte d’Ivoire.

Le Pr Zadi Zaourou était de toutes les éditions du Prix Ivoire. Sa présence vous a toujours rassurés. Avez-vous prévu un hommage à cet homme de culture et de littérature ?
Nous avons mis en place une innovation. Qui sera matérialisée par un hommage au Pr. Zadi Zaourou. Il nous a aidés dans l’ombre. Nous ne vous en dirons pas plus. Cet homme de Lettres n’a jamais manqué à un Prix Ivoire. Il restait jusqu’à la fin de la soirée. Parfois, il avait du mal à supporter la climatisation mais il restait. Par exemple, au cours de l’édition 2011, le Pr. Zadi Zaourou était le dernier à quitter le chapiteau du Dîner-gala (du Prix Ivoire). L’Association Akwaba Culture fait tout pour s’assurer que tous les invités sont rentrés à leurs domiciles avant de quitter les lieux. Cette année-là, mes collaborateurs et moi avons accompagné le Pr. Zadi Zaourou qui était en compagnie de Madame Marie-Josée Hourantier à travers les jardins du Golf hôtel.

Dans le cadre de la promotion du livre et de la littérature, l’Association Akwaba Culture a initié un forum littéraire. Pourquoi un forum littéraire ?
Nous avons constaté que la cible du Prix Ivoire s’est élargie au fil des années. Notre objectif est de susciter une émulation autour du livre. Comment créer cette émulation si l’on ne part pas vers la jeunesse ? Depuis quatre (4) ans, l’Association Akwaba Culture va vers les écoles ou les établissements scolaires. On sélectionne des ‘’cracks de la littéraire’’. On les met en situation de devoirs à travers ce qu’on appelle ‘’le concours littéraire’’. Celui-ci est annexé au prix Ivoire pour encourager les jeunes à s’intéresser à la littérature. Les meilleurs sont récompensés en général en présence des invités d’honneur avec lesquels les élèves échangent au cours du forum littéraire. Nous reconnaissons qu’au cours du Dîner-gala – organisé un jour avant la cérémonie officielle, les invités d’honneur n’étaient pas accessibles. On essaie de créer une symbiose entre les écrivains les invités et le public (élèves, journalistes, lecteurs, étudiants et amateurs du livre).

Quelle innovation pour le forum littéraire cette année ?
Cette année, l’Association Akwaba Culture entend aller plus loin. Hormis les établissements du district d’Abidjan, nous avons enregistré la participation des écoles à programme français et des établissements de Yamoussoukro et de Grand-Bassam. Nous allons ajouter cinq (5) ou six (6) autres établissements de l’intérieur du pays. Nous entendons travailler avec le ministère de l’Education nationale pour étendre le projet.

Vous parlez de créer l’émulation autour du livre et pourtant les livres coûtent cher ?
C’est quand l’on ne veut pas lire que l’on évoque la question de la cherté des œuvres littéraires. Il est vrai que l’on est dans une période assez difficile. Il est vrai aussi que ce n’est pas tous les jours qu’on va se rendre à la librairie pour acheter des livres pour son enfant ou pour soi-même. En revanche, il y a des ouvrages qui coûtent deux mille 2000) ou trois mille (3000) francs CFA. Je ne demande pas aux Ivoiriens d’acheter des livres tous les mois ou tous les jours. Mais, je leur demande d’acheter deux fois dans l’année des livres par an. On peut mettre dix mille (10000) francs CFA. Cela peut être difficile pour une certaine couche sociale mais cela ne sera pas impossible pour la majorité des Ivoiriens. Une personne qui lit beaucoup a une vue synoptique sur le monde. Les Ivoiriens achètent les journaux et ils doivent aussi le faire pour les livres.

Le ministre de la Culture et de la Francophonie, Maurice Bandaman a marqué un grand pas en unissant le Prix Ivoire et le SILA (Salon international du livre d’Abidjan). Quel commentaire ?
Je voudrais remercier les autorités, notamment le ministère de la Culture et de la Francophonie pour la confiance qu’il a placée en l’Association Akwaba Culture. Pour cette année, la soirée du Prix Ivoire sera la cérémonie de clôture du SILA (Salon international du livre d’Abidjan), du 28 au 1er novembre 2012, sous l’égide du ministère de tutelle. Permettez-moi aussi de remercier Venance Konan, l’actuel Dg de Fraternité Matin, car vu l’importance du Prix Ivoire, il m’a autorisée à poursuivre le projet de l’Association Akwaba Culture. Je le remercie pour sa confiance renouvelée.

Patrick Krou
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