x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Diplomatie Publié le mardi 25 septembre 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Chronique diplomatique : Houphouët voulait-il un héritier politique ou un dauphin constitutionnel ?

Houphouët-Boigny voulait-il un héritier politique ou un dauphin constitutionnel ? Au cœur de cette polémique de l’histoire de succession en Côte d’Ivoire, les Ivoiriens sont restés piégés. Dauphin constitutionnel ou héritier politique, seul Houphouët-Boigny lui-même savait ce qu’il voulait pour le système de succession à la tête de la Côte d’Ivoire. De 1960 jusqu’à sa mort en 1993, Houphouët-Boigny avait très bien observé l’évolution politique de la Côte d’Ivoire et ses hommes politiques. En réalité, Houphouët-Boigny voulait un héritier politique qui savait manier le métier politique, la boîte à vitesse culturelle, sociale de chaque région de la Côte d’Ivoire. Cette ‘’boîte politique’’ n’était ni manuelle ni technologique. Houphouët-Boigny voulait une personnalité politique ivoirienne, ayant une image marquante, courtoise, courageuse et qui correspondait à son combat politique. L’homme ne voulait pas d’une personnalité politique, loin du ‘’don de soi’’, au risque de voir la Côte d’Ivoire dans une situation déconcertante de crise de confiance et d’intolérance. De 1960 jusqu’à sa mort, Houphouët-Boigny ne voyait personne dans son sillage : les gestes de courage politique, respectueux des autres Ivoiriens, des institutions républicaines ; c’est dans cette formule et de façon discrète que le président Houphouët-Boigny voyait son successeur à la tête de l’Etat ivoirien. Mais, aucun homme politique, surtout du Pdci-Rda n’a su copier les croyances spirituelles et les convictions politiques du président Houphouët-Boigny, un véritable homme d’Etat ; un outil technique politique avec sa façade politique occidentale, mais derrière un modèle social africain. Houphouët-Boigny voulait-il un héritier politique ou un dauphin constitutionnel ? Les Ivoiriens eux-mêmes avaient confondu les deux options. Sociologiquement politique, même les intellectuels ivoiriens avaient du mal à maîtriser facilement « Dauphin constitutionnel et héritier politique ». Et, l’opposition politique à l’époque s’est plaint de la mauvaise gestion de l’histoire politique de la Côte d’Ivoire. Mais Houphouët-Boigny, très colonial nostalgique, règle la succession politique en Côte d’Ivoire par l’article 11, qui fait du président de l’Assemblée nationale, le ‘’dauphin constitutionnel’’ de Félix Houphouët-Boigny et non « l’héritier politique ». C’est dans ce ‘’flou’’ politique et cette stratégie bien huilée que Philippe Grégoire Yacé et Henri Konan Bédié tous deux présidents de l’Assemblée nationale se sont neutralisés et ont dilapidé leur énergie. Philippe Grégoire Yacé consolidait pendant plus de 30 ans le pouvoir politique de Félix Houphouët-Boigny. Président de l’Assemblée nationale, il était aussi secrétaire politique du Pdci-Rda, le parti de Félix Houphouët-Boigny. Dans cette montée en puissance, Philippe Grégoire Yacé est considéré comme le futur ‘’successeur’’ de Félix Houphouët-Boigny. Puis arrive Henri Konan Bédié, lui aussi puissant dans la société civile et la classe politique. Henri Konan Bédié est très adulé par Houphouët-Boigny. Mais de la façon classique, Henri Konan Bédié est un ‘’dauphin constitutionnel’’ mais pas un héritier politique. Le constat est là. Et ceux qui ont compris la différence entre ‘’dauphin constitutionnel’’ et « héritier politique » ont sorti les mobiles de toutes sortes d’hostilités contre Henri Konan Bédié. En toute honnêteté, Houphouët-Boigny n’a pas bien expliqué et à grands traits, qu’il ne voulait pas de successeur tout simplement de son vivant. « Un chef akan ne désigne pas son successeur de son vivant ». Houphouët-Boigny répétait cet adage à tous ceux qui revendiquaient l’héritage politique de la Côte d’Ivoire. Mais sincèrement, Houphouët-Boigny avait tort de ne pas véritablement huiler son système de succession et de considérer Henri Konan Bédié et Grégoire Yacé comme des « enfants politiques ». Avec une excellente maturité politique, nouée dans un colonial nostalgique politique, seul Houphouët-Boigny avait appréhendé très tôt l’avenir politique de la Côte d’Ivoire. Houphouët-Boigny est mort en 1993, sans jamais avoir eu ‘’d’héritier politique » pour la Côte d’Ivoire. Il avait tout simplement des dauphins constitutionnels’’, qui de façon routinière se sont considérés comme président de la République. Alors que, de façon classique, c’est avec la ‘’vacance du pouvoir’’, que le ‘’dauphin constitutionnel’’ devient l’homme fort. Essentiellement, comme dans toutes les grandes démocraties, Philippe Grégoire Yacé et Henri Konan Bédié devraient le savoir. A mon avis, le successeur à la tête d’un parti politique, même au pouvoir, n’est pas l’héritier politique du pays. Et c’est pourquoi l’alternance politique a été toujours inachevée et manipulée en Côte d’Ivoire.

Par Ben Ismaël
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Titrologie

Toutes les vidéos Titrologie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ