12 octobre 2006-12 octobre 2012. La musique laissée par Douk Saga, six ans après son décès, n’est plus au sommet de son art. Mais l’espoir existe.
« Le 19 septembre 2002, le malheur venait de frapper la Côte d’Ivoire. Des coups de fusils par-ci, des canons par-là (…). Comme le messie, arriva un jeune homme avec son bataillon armé de joie et de bonheur. Comment il s’appelle ? Doukouré Stéphane. Qu’est-ce qu’il a créé ? La sagacité ». Au lendemain de la grave crise politico-militaire survenue en septembre 2002, c’est par ce refrain que les Ivoiriens découvrent Doukouré Hamidou Stéphane alias Douk Saga. Cinq années après, en plein dans le succès, le messie retourna auprès du Père, le 12 octobre 2006. Laissant du champ au bataillon jovial. Une grande place est ainsi faite aux membres de la ‘’jet-set du coupé-décalé’’ et aux Discs jockeys abidjanais qui ont épousé le concept. Six autres années après le départ prématuré du créateur, qu’ont-ils fait de l’héritage laissé par le ‘’Sommet des sommets’’ ?
La jet-set en difficulté
Samedi 29 septembre, 1 heure 30 du matin. Le Best-of, dancing-club situé à Cocody, est en ébullition. La piste est remplie. Le disc jockey (dj), fait un mixage des concepts dansants de Serges Beynaud : le ‘’Saper-saper’’ et le ‘’Lôkô-lôkô’’. Ensuite une longue sélection ‘’coupé décalé’’ maintient pendant trois quarts d’heure les noceurs devant les miroirs géants de l’espace. Un titre, ‘’Tuage’’ du Molare (Soumahoro Moriféré), un des fidèles compagnons du créateur de la ‘’Sagacité’’, attire notre attention. Le Molare faisait partie des hérauts de la danse créée à Paris. On se souvient même qu’il avait discuté le leadership à Douk Saga et la place d’héritier musical de ce dernier à Jean Jacques Kouamé, autre compagnon. Aujourd’hui, les deux hommes avec une petite avance pour le Molare maintiennent la flamme au sein de la jet-set. ‘’Tuage’’ du Molare tourne en boucle sur les chaînes télés et radios. Avec une orientation techno, loin de la rythmique d’origine, Moriféré est l’un des rares jets-setters représentant le concept. Pour ce qui concerne Jean Jacques Kouamé, la guerre de succession et la maladie l’avaient éloigné de la scène. Seulement, il annonce un nouvel album (Chapitre IV) pour la fin de l’année avec le clip du titre ‘’Le pas du brave’’ qui cartonne déjà. Outre les deux hommes, le coupé décalé avait aussi révélé, au sein de la bande d’amis venue de Paris, Lino Versace et Boro Sanguy. Le premier cité continue dans la musique, mais est plus porté sur le marché européen, quand le second s’est un peu retiré de la scène. «La jet-set s’est disloquée. C’était un problème de leadership. Chacun a cru bon de prendre son envol après le décès de Douk Saga », relève Claude Bassolé producteur et organisateur de spectacle. Mais, les jets-setters sont un épiphénomène devant le vaste mouvement de Dj abidjanais qui ont accompagné ‘’Le sommet des sommets’’. Et, qui se battent encore pour maintenir la flamme. Pour Don Mike le Gourou, artiste-chanteur créateur du concept ‘’Prudencia’’ et propriétaire de night-club, le mouvement est en perte de vitesse. « Le coupé-décalé est en baisse. Il faut qu’il se réveille », constate-t-il.
De Paris à Abidjan, il y a les Dj
De Douk Saga à Arafat Dj (créateur du Kpangor, Kpankaka…) de nombreux concepteurs avec des créations des plus fantaisistes ont permis à cette musique de résister au temps. On peut citer entre autres, Dj Jacob (Smakpess), Dj Kaloudji (Sentiment môkô), Dj Lewis (Grippe avaire), Dollar Dj (Wolosso), Kédjévara Dj (Nongon-nongon), Dj Mix (Kroubatar), Magicien (Placali dance), Debordeau Dj , etc. «Si on comptait sur la jet-set, le mouvement serait complètement mort. Heureusement qu’il y a des jeunes gens comme Arafat, Debordeau, Bébi Philippe, etc.», renchérit M. Bassolé. Pour Djabo Steck, musicien considéré comme une bibliothèque de la chanson ivoirienne, cette situation de non-suivi n’est pas spécifique à la danse née à Paris. « Douk Saga n’est pas le seul à avoir laissé une telle situation. Quand Ernesto Djédjé est parti, le ‘’Ziglibiti’’ est mort. Quand Gnahoré Jimmy s’en est allé, c’était pareil avec le ‘’Polihet’’», regrette-t-il. Pour les observateurs, le concept tient la route grâce aux Arafat Dj, Debordeau, Bébi Philippe, Serges Beynaud, Kédjévara Dj. A ceux-là, l’ex-batteur d’Ernesto Djédjé demande d’apprendre. «Je demande aux jeunes d’aller à l’école pour apprendre la musique. Parce que leur stratégie est peut -être bonne, mais elle peut être mauvaise aussi. C’est le manque de formation qui fait de cette rythmique une simple musique d’ambiance». Outre cela, Claude Bassolé dénonce une certaine cabale contre le genre musical au plan international. « J’ai peur d’une autre chose qui se passe en ce moment, qui a tout l’air d’un boycott du coupé-décalé. Au niveau de la programmation des chaînes télés telles que Trace Tv qui a une grande force de frappe et même de Couleurs tropicales sur RFI, il y a très peu de coupé-décalé », dénonce-t-il.
Sanou A
« Le 19 septembre 2002, le malheur venait de frapper la Côte d’Ivoire. Des coups de fusils par-ci, des canons par-là (…). Comme le messie, arriva un jeune homme avec son bataillon armé de joie et de bonheur. Comment il s’appelle ? Doukouré Stéphane. Qu’est-ce qu’il a créé ? La sagacité ». Au lendemain de la grave crise politico-militaire survenue en septembre 2002, c’est par ce refrain que les Ivoiriens découvrent Doukouré Hamidou Stéphane alias Douk Saga. Cinq années après, en plein dans le succès, le messie retourna auprès du Père, le 12 octobre 2006. Laissant du champ au bataillon jovial. Une grande place est ainsi faite aux membres de la ‘’jet-set du coupé-décalé’’ et aux Discs jockeys abidjanais qui ont épousé le concept. Six autres années après le départ prématuré du créateur, qu’ont-ils fait de l’héritage laissé par le ‘’Sommet des sommets’’ ?
La jet-set en difficulté
Samedi 29 septembre, 1 heure 30 du matin. Le Best-of, dancing-club situé à Cocody, est en ébullition. La piste est remplie. Le disc jockey (dj), fait un mixage des concepts dansants de Serges Beynaud : le ‘’Saper-saper’’ et le ‘’Lôkô-lôkô’’. Ensuite une longue sélection ‘’coupé décalé’’ maintient pendant trois quarts d’heure les noceurs devant les miroirs géants de l’espace. Un titre, ‘’Tuage’’ du Molare (Soumahoro Moriféré), un des fidèles compagnons du créateur de la ‘’Sagacité’’, attire notre attention. Le Molare faisait partie des hérauts de la danse créée à Paris. On se souvient même qu’il avait discuté le leadership à Douk Saga et la place d’héritier musical de ce dernier à Jean Jacques Kouamé, autre compagnon. Aujourd’hui, les deux hommes avec une petite avance pour le Molare maintiennent la flamme au sein de la jet-set. ‘’Tuage’’ du Molare tourne en boucle sur les chaînes télés et radios. Avec une orientation techno, loin de la rythmique d’origine, Moriféré est l’un des rares jets-setters représentant le concept. Pour ce qui concerne Jean Jacques Kouamé, la guerre de succession et la maladie l’avaient éloigné de la scène. Seulement, il annonce un nouvel album (Chapitre IV) pour la fin de l’année avec le clip du titre ‘’Le pas du brave’’ qui cartonne déjà. Outre les deux hommes, le coupé décalé avait aussi révélé, au sein de la bande d’amis venue de Paris, Lino Versace et Boro Sanguy. Le premier cité continue dans la musique, mais est plus porté sur le marché européen, quand le second s’est un peu retiré de la scène. «La jet-set s’est disloquée. C’était un problème de leadership. Chacun a cru bon de prendre son envol après le décès de Douk Saga », relève Claude Bassolé producteur et organisateur de spectacle. Mais, les jets-setters sont un épiphénomène devant le vaste mouvement de Dj abidjanais qui ont accompagné ‘’Le sommet des sommets’’. Et, qui se battent encore pour maintenir la flamme. Pour Don Mike le Gourou, artiste-chanteur créateur du concept ‘’Prudencia’’ et propriétaire de night-club, le mouvement est en perte de vitesse. « Le coupé-décalé est en baisse. Il faut qu’il se réveille », constate-t-il.
De Paris à Abidjan, il y a les Dj
De Douk Saga à Arafat Dj (créateur du Kpangor, Kpankaka…) de nombreux concepteurs avec des créations des plus fantaisistes ont permis à cette musique de résister au temps. On peut citer entre autres, Dj Jacob (Smakpess), Dj Kaloudji (Sentiment môkô), Dj Lewis (Grippe avaire), Dollar Dj (Wolosso), Kédjévara Dj (Nongon-nongon), Dj Mix (Kroubatar), Magicien (Placali dance), Debordeau Dj , etc. «Si on comptait sur la jet-set, le mouvement serait complètement mort. Heureusement qu’il y a des jeunes gens comme Arafat, Debordeau, Bébi Philippe, etc.», renchérit M. Bassolé. Pour Djabo Steck, musicien considéré comme une bibliothèque de la chanson ivoirienne, cette situation de non-suivi n’est pas spécifique à la danse née à Paris. « Douk Saga n’est pas le seul à avoir laissé une telle situation. Quand Ernesto Djédjé est parti, le ‘’Ziglibiti’’ est mort. Quand Gnahoré Jimmy s’en est allé, c’était pareil avec le ‘’Polihet’’», regrette-t-il. Pour les observateurs, le concept tient la route grâce aux Arafat Dj, Debordeau, Bébi Philippe, Serges Beynaud, Kédjévara Dj. A ceux-là, l’ex-batteur d’Ernesto Djédjé demande d’apprendre. «Je demande aux jeunes d’aller à l’école pour apprendre la musique. Parce que leur stratégie est peut -être bonne, mais elle peut être mauvaise aussi. C’est le manque de formation qui fait de cette rythmique une simple musique d’ambiance». Outre cela, Claude Bassolé dénonce une certaine cabale contre le genre musical au plan international. « J’ai peur d’une autre chose qui se passe en ce moment, qui a tout l’air d’un boycott du coupé-décalé. Au niveau de la programmation des chaînes télés telles que Trace Tv qui a une grande force de frappe et même de Couleurs tropicales sur RFI, il y a très peu de coupé-décalé », dénonce-t-il.
Sanou A