C’est une véritable manne financière que Berlin concède aux ‘’cigales du sud’’, nom outre Rhin des autres membres de la zone Euro. L’hypothèque sur l’avenir de l’économie allemande, première puissance européenne paraît astronomique. Mais ce faisant, Angela Merkel repositionne la RFA politique et bouge les lignes de décisions du monde. L’Afrique subsaharienne comme toujours peine à lire les signes des temps.
Décryptage
Juncker, le Premier Ministre luxembourgeois et chef de l’Eurogroup a raison de parler « d’un grand jour pour l’Europe ». La mise en route de l’’ESM’est en effet un énorme pare-feu financier censé faire revenir la stabilité dans la zone Euro dans les eaux troubles depuis quatre ans. L’acronyme ‘ESM’ renvoie à « mécanisme européen de stabilité. » Pour sa mise en route, le traité de Lisbonne a dû être réaménagé. Il se substitue au EFSF, fonds financé à base de budgets européens des différents Etats européens et prendra fin en Juin 2013. L’‘ESM’est une énorme manne financière censée venir en aide aux 17 pays de la zone Euro en panne sèche. Ceux-ci peuvent solliciter et obtenir auprès d’elle des crédits.
Ceci présente un énorme avantage: Les crédits sont octroyés à des délais plus longs et à des taux d’intérêt très bas. En contre partie, l’institution dicte aux Etats débitaires les mesures d’assainissement et les réformes nécessaires en vue d’un budget équilibré. Le pare-feu s’élève à 700 milliards d’Euros dont 200 milliards pour la réassurance du système et les cas dits extrêmes. Le cadre d’intervention effectif se limitant à 500 milliards paraît largement suffisant. Jusque là, pour secourir par exemple la Grèce, le Portugal et l’Irlande, il n’a fallu que 193 milliards du fonds EFSF, dont 103 ont effectivement été versés à ce jour. Olli Rehn, Commissaire européen aux affaires économiques et monétaires voit en l’ESM un puissant instrument de stabilisation de la zone Euro, mais cela exige, dit-il, que les différents Etats assainissent d’abord leur finance. Car la contribution globale des membres en argent frais s’élève à 80 milliards qu’il faudra non seulement réunir mais mettre á la disposition de la zone. Ce qui est loin d’être acquis pour les économies exsangues des pays dont on doute Outre Rhin de la capacité à conduire des rigueurs budgétaires. La part de la RFA de Merkel à elle seule est de près de 22 milliards. Pour couvrir le reste des 700 milliards, chacun des 17 Etats membres devra y aller en garanties selon ses parts. Ici aussi la RFA se taille la part du lion mais retient son souffle. Sa part astronomique de 190,2 milliards dont 27,2 % est loin d’être définitive. Les défections prévisibles de la Grèce, du Portugal, de l’Espagne, de l’Irlande et de bien d’autres devront être comblées… L’Europe et le monde sauvé que reste-t-il pour l’Afrique subsaharienne maintenue jusque là dans une dépendance voulue ?
Les marchés, notamment boursiers étant basés sur la confiance, le calme de la zone Euro mettra probablement fin à leur affolement. Ce qui aura un effet sur le cours Euro - Franc CFA et l’humeur des investisseurs sur le continent. Même si la question essentielle reste ce que l’Afrique subsaharienne gagne à être arrimée à une monnaie aussi forte, le souci principal est ailleurs. « On ne demande pas une chaise à une grenouille à genou, dit le sage. » Après le traité de Berlin (ndlr du 15 Novembre 1884 au 26 Février 1885) la conclusion de l’’ESM’ entraîne une nouvelle distribution des rôles que plus aucun Etat ne peut négliger. Un fait apparemment anodin mérite ici d’être évoqué.
Fin Août 2012. La Chancelière part en visite officielle en Chine où elle rencontre Wen Jiabao, premier Ministre. 3 Boeing transportent l’énorme délégation qu’elle conduit. Elle est reçue avec tous les honneurs. La visite a tout d’une passation de témoin et d’une intronisation. Wen Jiabao après avoir présenté la Chancelière à son potentiel successeur, lui dit devant la délégation allemande médusée. Nous sommes avec toi, patronne de l’Europe, tu as notre soutien pour sauver l’Euro et le monde. Le reste est connu. En Allemagne, les Eurosceptiques et constitutionnalistes de tous bords sont déboutés de leur plainte par la cour constitutionnelle allemande. Et la Chancelière dont le pays, la RFA finance à plus du quart, exactement 27,1% l’’ESM’ peut enfin donner son aval. Le reste est de l’histoire. Pendant que d’autres en tournent la grande roue, un journaliste en marge du sommet dit du 40e anniversaire des accords de coopération monétaire (zone dite Franc CFA) entre Paris et ses partenaires africains (sic) veut savoir du ministre de l’Economie et des Finances de la France ce qu’il pense de la nouvelle hégémonie chinoise. « ...Nous n’avons pas à avoir peur des Chinois…même si la Chine est devenue la première puissance exportatrice vers l’Afrique subsaharienne…»
Desiré-Christophe Oulaï
Décryptage
Juncker, le Premier Ministre luxembourgeois et chef de l’Eurogroup a raison de parler « d’un grand jour pour l’Europe ». La mise en route de l’’ESM’est en effet un énorme pare-feu financier censé faire revenir la stabilité dans la zone Euro dans les eaux troubles depuis quatre ans. L’acronyme ‘ESM’ renvoie à « mécanisme européen de stabilité. » Pour sa mise en route, le traité de Lisbonne a dû être réaménagé. Il se substitue au EFSF, fonds financé à base de budgets européens des différents Etats européens et prendra fin en Juin 2013. L’‘ESM’est une énorme manne financière censée venir en aide aux 17 pays de la zone Euro en panne sèche. Ceux-ci peuvent solliciter et obtenir auprès d’elle des crédits.
Ceci présente un énorme avantage: Les crédits sont octroyés à des délais plus longs et à des taux d’intérêt très bas. En contre partie, l’institution dicte aux Etats débitaires les mesures d’assainissement et les réformes nécessaires en vue d’un budget équilibré. Le pare-feu s’élève à 700 milliards d’Euros dont 200 milliards pour la réassurance du système et les cas dits extrêmes. Le cadre d’intervention effectif se limitant à 500 milliards paraît largement suffisant. Jusque là, pour secourir par exemple la Grèce, le Portugal et l’Irlande, il n’a fallu que 193 milliards du fonds EFSF, dont 103 ont effectivement été versés à ce jour. Olli Rehn, Commissaire européen aux affaires économiques et monétaires voit en l’ESM un puissant instrument de stabilisation de la zone Euro, mais cela exige, dit-il, que les différents Etats assainissent d’abord leur finance. Car la contribution globale des membres en argent frais s’élève à 80 milliards qu’il faudra non seulement réunir mais mettre á la disposition de la zone. Ce qui est loin d’être acquis pour les économies exsangues des pays dont on doute Outre Rhin de la capacité à conduire des rigueurs budgétaires. La part de la RFA de Merkel à elle seule est de près de 22 milliards. Pour couvrir le reste des 700 milliards, chacun des 17 Etats membres devra y aller en garanties selon ses parts. Ici aussi la RFA se taille la part du lion mais retient son souffle. Sa part astronomique de 190,2 milliards dont 27,2 % est loin d’être définitive. Les défections prévisibles de la Grèce, du Portugal, de l’Espagne, de l’Irlande et de bien d’autres devront être comblées… L’Europe et le monde sauvé que reste-t-il pour l’Afrique subsaharienne maintenue jusque là dans une dépendance voulue ?
Les marchés, notamment boursiers étant basés sur la confiance, le calme de la zone Euro mettra probablement fin à leur affolement. Ce qui aura un effet sur le cours Euro - Franc CFA et l’humeur des investisseurs sur le continent. Même si la question essentielle reste ce que l’Afrique subsaharienne gagne à être arrimée à une monnaie aussi forte, le souci principal est ailleurs. « On ne demande pas une chaise à une grenouille à genou, dit le sage. » Après le traité de Berlin (ndlr du 15 Novembre 1884 au 26 Février 1885) la conclusion de l’’ESM’ entraîne une nouvelle distribution des rôles que plus aucun Etat ne peut négliger. Un fait apparemment anodin mérite ici d’être évoqué.
Fin Août 2012. La Chancelière part en visite officielle en Chine où elle rencontre Wen Jiabao, premier Ministre. 3 Boeing transportent l’énorme délégation qu’elle conduit. Elle est reçue avec tous les honneurs. La visite a tout d’une passation de témoin et d’une intronisation. Wen Jiabao après avoir présenté la Chancelière à son potentiel successeur, lui dit devant la délégation allemande médusée. Nous sommes avec toi, patronne de l’Europe, tu as notre soutien pour sauver l’Euro et le monde. Le reste est connu. En Allemagne, les Eurosceptiques et constitutionnalistes de tous bords sont déboutés de leur plainte par la cour constitutionnelle allemande. Et la Chancelière dont le pays, la RFA finance à plus du quart, exactement 27,1% l’’ESM’ peut enfin donner son aval. Le reste est de l’histoire. Pendant que d’autres en tournent la grande roue, un journaliste en marge du sommet dit du 40e anniversaire des accords de coopération monétaire (zone dite Franc CFA) entre Paris et ses partenaires africains (sic) veut savoir du ministre de l’Economie et des Finances de la France ce qu’il pense de la nouvelle hégémonie chinoise. « ...Nous n’avons pas à avoir peur des Chinois…même si la Chine est devenue la première puissance exportatrice vers l’Afrique subsaharienne…»
Desiré-Christophe Oulaï
