Douze mois se sont déjà écoulés mais monsieur Pierre, comme tant d’autres à commencer par ta famille, ne peut se faire à l’idée que les jours précédant ta mort ne seront plus, te ramenant à la vie l’espace d’un matin ! Monsieur Pierre a tout de même jugé utile et indispensable de se rappeler à ton souvenir et surtout te rappeler ce rendez-vous du lundi 17 octobre 2011 que tu as « refusé » d’honorer, toi pourtant si fidèle à tes engagements. Pourquoi a-t-il fallu que ce 15 octobre 2011, tu embarques sur un frêle esquif mu à ton insu par un moteur surpuissant et inadapté ? Pourquoi toi, si observateur, ne t’étais pas rendu compte que tu empruntais une machine infernale qui allait soudainement et brutalement couper la trame de ta vie ? Sans prétendre aucunement te comparer à notre divin Maître, on pouvait sans doute avancer ce jour-là que «tout était accompli.»
Et c’est dans une lagune noire et lugubre que tu as sombré sans pousser un cri comme si on avait attaché à tes pieds une masse énorme de plomb. C’est pourquoi, nous sommes peinés de ce que certaines personnes avides de publicité et de vaine gloriole, voulant absolument se faire mousser aient monté une histoire rocambolesque du preux chevalier volant au secours de la veuve et de l’orphelin. Face à ton agitation hystérique, délirent-elles, elles t’auraient administré deux coups de poing au ventre pour te calmer sans pour autant pouvoir te ramener sur la berge. Qu’il est loin le temps où le mort était sacré et même redouté et où la respectueuse vénération qu’on avait pour nos morts ne permettait aucune indécence, aucun propos mensonger en leur endroit.
Bref, la lagune de Moossou à laquelle tu étais si familier t’a happé ce jour comme le Léviathan emportait les navires antiques. On aurait alors été tenté de citer ce passage de cette poésie de Victor Hugo : "Le corps se perd dans l’eau, le nom dans la mémoire." Tel ne fut heureusement pas le cas et tel ne sera jamais le cas puisque la sinistre lagune a fini par nous restituer ton corps et que ton nom est à jamais gravé dans les mémoires, non seulement de ta famille, de tes proches, de tes amis mais également de tous ceux qui, en grand nombre, t’ont admiré et aimé ! Tu étais parti et il fallait que la vie continuât après toi notamment par l’organisation de tes funérailles. Lorsque je me retrouvais chez toi en ces moments douloureux et de si vive émotion, je me surprenais à rechercher la haute silhouette du métronome perfectionniste indiquant de la voix et du geste que tel objet avait mieux sa place ailleurs ! Vaine recherche et vaine attente puisque Jean-Michel Moulod a résolu d’être définitivement uni à ses pères ! Merci tout de même à toi d’avoir façonné ta progéniture à la poursuite de l’œuvre de tes mains ! C’est toujours avec émoi, avec un serrement du cœur que je franchis le seuil de ta maison. Aller à Moossou dans cette demeure où ton épouse et toi saviez si bien accueillir prend désormais l’allure d’un pénible pèlerinage. Et quand la nécessité nous conduit au cimetière où tu reposes sous la froide pierre aux côtés de ton frère, seul avec ta solitude comme le chantait le poète, c’est un bouleversement qui s’empare de moi. Car la cruelle et dure réalité s’impose à moi et me répète sans se lasser que tu es parti à jamais. Ainsi, vingt minutes à peine après avoir quitté ta maison s’installait le désarroi face à ta disparition soudaine et mystérieuse. Ton épouse qui s’était rendue sur les lieux a dû faire un effort surhumain pour ne pas pousser le même cri que cette héroïne de la pièce de Shakespeare : "horreur, horreur, horreur !" Toutes les supputations, toutes les spéculations ont couru sur ta mort dont chacun de nous recherche vainement une explication rationnelle. Qui peut pourtant pénétrer les desseins du Tout Puissant ? Les esprits battront la campagne mais se rangeront toujours, dans leur impuissance, du côté de la volonté du Maître de l’Univers. Me concernant, plus personne ne m’appelle monsieur Pierre comme pour que je prenne davantage conscience que Jean-Michel Moulod est parti avec une partie de moi-même. Ma consolation se trouve dans le fait que tu sais, là où tu te trouves, que tous ceux que tu as sauvés d’un naufrage certain, et ils sont nombreux, ne t’oublieront jamais ! Pour ces personnes qui te doivent tant, ta mort par noyade est vécue avec une douleur difficilement supportable. Il y a déjà douze mois que «la Parques t’a tué et (qu’aujourd’hui) cendre tu reposes». Les obsèques que je te fais, c’est ton souvenir qui ne disparaitra qu’avec ma propre disparition. Il y a douze mois, une grande colombe blanche, déployant ses larges ailes, s’est envolée au-delà des horizons humains !
Je crois fermement qu’à travers ta soudaine et brutale disparition tu as voulu, avec le grand sermonnaire français du 17ième siècle, nous inviter à la méditation en soulignant d’emblée que "tout l’être qui se mesure n’est rien." "Ecce mensurabiles posuisti dies meos, et substantia mea tanquam nihilum ante te."
"O Eternel roi des siècles, vous êtes toujours à vous-même, toujours en vous-même ; votre être éternellement permanent, ni ne s’écoule, ni ne se change, ni ne se mesure. Et voici que vous avez fait mes jours mesurables, et ma substance n’est rien devant vous. Non, ma substance n’est rien devant vous, et tout l’être qui se mesure n’est rien, parce que ce qui se mesure a son terme, et lorsqu’on est venu à ce terme, un dernier point détruit tout, comme si jamais il n’avait été."
Merci à toi Jean-Michel Moulod, de nous rappeler cette vérité première et de nous y ramener !
MONSIEUR PIERRE
Et c’est dans une lagune noire et lugubre que tu as sombré sans pousser un cri comme si on avait attaché à tes pieds une masse énorme de plomb. C’est pourquoi, nous sommes peinés de ce que certaines personnes avides de publicité et de vaine gloriole, voulant absolument se faire mousser aient monté une histoire rocambolesque du preux chevalier volant au secours de la veuve et de l’orphelin. Face à ton agitation hystérique, délirent-elles, elles t’auraient administré deux coups de poing au ventre pour te calmer sans pour autant pouvoir te ramener sur la berge. Qu’il est loin le temps où le mort était sacré et même redouté et où la respectueuse vénération qu’on avait pour nos morts ne permettait aucune indécence, aucun propos mensonger en leur endroit.
Bref, la lagune de Moossou à laquelle tu étais si familier t’a happé ce jour comme le Léviathan emportait les navires antiques. On aurait alors été tenté de citer ce passage de cette poésie de Victor Hugo : "Le corps se perd dans l’eau, le nom dans la mémoire." Tel ne fut heureusement pas le cas et tel ne sera jamais le cas puisque la sinistre lagune a fini par nous restituer ton corps et que ton nom est à jamais gravé dans les mémoires, non seulement de ta famille, de tes proches, de tes amis mais également de tous ceux qui, en grand nombre, t’ont admiré et aimé ! Tu étais parti et il fallait que la vie continuât après toi notamment par l’organisation de tes funérailles. Lorsque je me retrouvais chez toi en ces moments douloureux et de si vive émotion, je me surprenais à rechercher la haute silhouette du métronome perfectionniste indiquant de la voix et du geste que tel objet avait mieux sa place ailleurs ! Vaine recherche et vaine attente puisque Jean-Michel Moulod a résolu d’être définitivement uni à ses pères ! Merci tout de même à toi d’avoir façonné ta progéniture à la poursuite de l’œuvre de tes mains ! C’est toujours avec émoi, avec un serrement du cœur que je franchis le seuil de ta maison. Aller à Moossou dans cette demeure où ton épouse et toi saviez si bien accueillir prend désormais l’allure d’un pénible pèlerinage. Et quand la nécessité nous conduit au cimetière où tu reposes sous la froide pierre aux côtés de ton frère, seul avec ta solitude comme le chantait le poète, c’est un bouleversement qui s’empare de moi. Car la cruelle et dure réalité s’impose à moi et me répète sans se lasser que tu es parti à jamais. Ainsi, vingt minutes à peine après avoir quitté ta maison s’installait le désarroi face à ta disparition soudaine et mystérieuse. Ton épouse qui s’était rendue sur les lieux a dû faire un effort surhumain pour ne pas pousser le même cri que cette héroïne de la pièce de Shakespeare : "horreur, horreur, horreur !" Toutes les supputations, toutes les spéculations ont couru sur ta mort dont chacun de nous recherche vainement une explication rationnelle. Qui peut pourtant pénétrer les desseins du Tout Puissant ? Les esprits battront la campagne mais se rangeront toujours, dans leur impuissance, du côté de la volonté du Maître de l’Univers. Me concernant, plus personne ne m’appelle monsieur Pierre comme pour que je prenne davantage conscience que Jean-Michel Moulod est parti avec une partie de moi-même. Ma consolation se trouve dans le fait que tu sais, là où tu te trouves, que tous ceux que tu as sauvés d’un naufrage certain, et ils sont nombreux, ne t’oublieront jamais ! Pour ces personnes qui te doivent tant, ta mort par noyade est vécue avec une douleur difficilement supportable. Il y a déjà douze mois que «la Parques t’a tué et (qu’aujourd’hui) cendre tu reposes». Les obsèques que je te fais, c’est ton souvenir qui ne disparaitra qu’avec ma propre disparition. Il y a douze mois, une grande colombe blanche, déployant ses larges ailes, s’est envolée au-delà des horizons humains !
Je crois fermement qu’à travers ta soudaine et brutale disparition tu as voulu, avec le grand sermonnaire français du 17ième siècle, nous inviter à la méditation en soulignant d’emblée que "tout l’être qui se mesure n’est rien." "Ecce mensurabiles posuisti dies meos, et substantia mea tanquam nihilum ante te."
"O Eternel roi des siècles, vous êtes toujours à vous-même, toujours en vous-même ; votre être éternellement permanent, ni ne s’écoule, ni ne se change, ni ne se mesure. Et voici que vous avez fait mes jours mesurables, et ma substance n’est rien devant vous. Non, ma substance n’est rien devant vous, et tout l’être qui se mesure n’est rien, parce que ce qui se mesure a son terme, et lorsqu’on est venu à ce terme, un dernier point détruit tout, comme si jamais il n’avait été."
Merci à toi Jean-Michel Moulod, de nous rappeler cette vérité première et de nous y ramener !
MONSIEUR PIERRE