Secrétaire général du Centre africain d’Expertise en Gouvernance des Organisations (CAGO), M. Traoré Bakary s’exprime ici sur le concept de la Responsabilité Sociétale (RSE), relativement méconnu et ses enjeux pour les entreprises en Côte d’Ivoire.
Qu’est-ce que la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise ?
La Responsabilité Sociétale de l’Entreprise, plus connue sous le terme de la RSE, est une démarche volontaire qui emmène l’entreprise à prendre en compte en plus des préoccupations économiques, les préoccupations sociales et environnementales dans ses activités commerciales et les relations avec les parties prenantes. Entendez par parties prenantes, un groupe de personnes morales ou physiques qui peuvent influencer ou êtres influencées par les actions et décisions de l’entreprise (actionnaires, dirigeants, salariés, riverains, Etat…). En effet, cette démarche appelle une responsabilité de l’entreprise dans ses activités et dans sa zone d’influence. La responsabilité sociale ou sociétale représente la contribution de l’entreprise au développement durable.
Quels sont les enjeux de cette démarche pour l’entreprise ?
La RSE présente de nombreux enjeux pour l’entreprise que nous pouvons repartir en trois catégories, à savoir les enjeux économiques, les enjeux sociaux et les enjeux environnementaux. Pour ce qui est des enjeux économiques, l’entreprise inscrite dans une telle démarche fidélise non seulement ses investisseurs mais en attire de nouveaux qui sont de plus en plus regardants sur les questions de responsabilité sociale de l’entreprise. Aucun investisseur ne voudrait voir son image ternie du fait d’avoir financé les activités d’une entreprise qui ne respecte pas les droits de ses salariés ou qui pollue de façon significative l’environnement…La RSE apporte une crédibilité à l’entreprise auprès de ses clients (qualité des services, respect de l’environnement, hygiène et sécurité…) qui deviennent de plus en plus exigeants. Elle offre également la possibilité à l’entreprise de s’étendre sur de nouveaux marchés tels que les marchés verts par exemple (green business). D’un point de vue social, l’entreprise à travers la démarche RSE prévient les risques sociaux dans la mesure où elle accorde un certain intérêt aux attentes de ses parties prenantes qui sont ici les salariés en termes de conditions de travail, de salaire, de respect des droits de l’Homme, de santé, sécurité et hygiène, de garantie de l’employabilité, de conciliation de la vie professionnelle de ses travailleurs à leur vie personnelle et par la mise sur pied des mesures d’accompagnement de ses travailleurs dans leurs projets de réalisation (logement, assurance santé, retraite…) et aussi la promotion d’autres techniques de motivation outre que le salaire (mérite, distinction…). Autant d’actions qui ont pour but de donner une certaine confiance au travailleur, de lui montrer que ses attentes sont prises en compte et permet in fine de prévenir les conflits sociaux (grève) qui peuvent avoir d’importantes répercussions sur la productivité et la durabilité de l’entreprise. Enfin le troisième volet, comme nous l’avons annoncé, concerne les enjeux environnementaux. La démarche RSE permet à l’entreprise de maîtriser sa consommation en ressources (eau, énergie, papier…), ce qui lui apporterait un gain à gagner sur ses dépenses en électricité, en eau ou en papier par exemple. De plus, celle-ci ferait plus attention à ses émissions de sorte à moins polluer l’environnement pour ne pas encourir des poursuites judiciaires émanant de l’Etat ou d’ONG défenseurs de l’environnement.
Pour un pays comme la Côte d’Ivoire, quelle place accorderiez-vous à ce concept ?
La RSE est le nouveau passeport pour une entreprise qui souhaite accroître ses parts de marché sur l’échiquier national, régional et surtout international. C’est l’un des critères fondamentaux pris en compte par les investisseurs à l’image de la Banque Mondiale (BM), de la Banque Africaine de Développement (BAD), de l’Agence Française de Développement (AFD) et bien d’autres. A ce titre, je me dois de vous rappeler que depuis quelques années, les investisseurs sont régis par ‘‘les principes de l’équateur’’ qui stipulent que tout investissement devra être conditionné du respect de certains principes par l’agent de financement l’Entreprise ou l’Etat à savoir le respect de l’environnement, le respect des droits de l’Homme, la lutte contre la corruption, la bonne gouvernance… A cet effet, il s’avère impérieux, voire judicieux pour les entreprises de Côte d’ivoire d’accorder un intérêt particulier à ce concept. A titre d’illustration, nous avons le cas du boycott du cacao ivoirien, il ya quelques années du fait de l’utilisation d’enfants dans les champs de cacao, pratiques contraires aux droits de l’Homme si chers aux yeux des investisseurs, des consommateurs et des ONG qui représentent sans nulle doute, une force importante dans la communauté internationale. Les entreprises ivoiriennes ont connu les méfaits de la guerre et aujourd’hui, il apparaît plus que jamais capital de les revoir sur de bons rails en vertu de tous les avantages rattachés à leur bonne santé (réduction de chômage, paiement des impôts et taxes, développement local, augmentation des revenus, croissance économique…).
Des entreprises ont-elles déjà mis sur pied cette démarche ?
Oui, bien que le nombre reste encore à désirer, il existe des entreprises qui ont à cœur cette thématique. Toutefois, il est possible de constater qu’il y a des entreprises sur le territoire qui mènent des actions allant dans ce sens sans que celles-ci ne soient formalisées en stratégie. Aujourd’hui, une entreprise engagée dans une telle démarche doit afficher une réelle volonté en définissant une politique RSE, pour en assurer le déploiement, l’analyse des résultats puis les traduire dans un rapport (rapport de développement durable).
Que fait la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) pour promouvoir ce concept ?
La CGECI depuis sa création, s’est définie un ensemble de missions afin de réaliser pleinement l’objectif qu’elle s’est assignée qui est la défense des intérêts de ses entreprises et la promotion de leurs activités. Ces missions portent essentiellement sur :
- L’amélioration de l’environnement des affaires ;
- La compétitivité des entreprises;
- Le développement du secteur privé ;
- La création de richesse par la promotion des initiatives privées et de l’entreprenariat.
C’est dans ce cadre que cette dernière fait une veille continue dans le but de repérer des nouvelles opportunités pour ses entreprises et aussi prévenir celles-ci des nouvelles réglementations du marché. Bien qu’elle ne soit pas encore contraignante sous nos tropiques, la RSE apparaît comme une exigence du marché. Nos entreprises, pour être plus compétitives sur le marché national, régional ou international doivent être sensibilisées sur cette thématique. C’est donc à juste titre que la CGECI a mis sur pied depuis quelques mois, une commission appelée «la commission Gouvernance, Ethique, et Responsabilité Sociétale des Entreprises (GERSE)» pour traiter de ces questions et en assurer leur prise en compte par nos entreprises et par tout le secteur privé ivoirien, d’une manière générale. Cette commission depuis sa création mène plusieurs activités pour sensibiliser les entreprises sur les enjeux de la responsabilité sociétale. Elle a lancé, en collaboration avec le Centre Africain d’expertise en Gouvernance des Organisations (CAGO) le réseau RSE, qui est un réseau d’entreprises accordant un vif intérêt aux questions de responsabilité sociétale. Aussi, envisage-t-elle de mettre en œuvre les recommandations de la déclaration de Paris de juillet 2011 d’ici l’an prochain avec le Mouvement des Entreprises de France (MEDEF). Il faut également rappeler que la Commission Gouvernance, Ethique et Responsabilité Sociétale des Entreprises (GERSE) de la CGECI, organise avec le CAGO et l’Ambassade du Canada le 1er forum international sur la RSE qui se tiendra sous la coprésidence du ministère d’Etat, ministère de l’Industrie, et du ministère de l’Environnement et du Développement durable.
Pouvez-vous nous dire plus sur ce forum ?
C’est le 1er forum international sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Il est organisé par la CGECI, l’Ambassade du Canada et le CAGO et se déroulera les 29, 30 et 31 octobre, à la CCRAE-UNOA au Plateau. Plusieurs personnalités sont attendues à cet évènement à savoir des experts venus d’Europe, d’Amérique et d’Afrique, des autorités ministérielles, des chefs d’entreprises, des représentants de la société civile ainsi que des institutions financières nationales comme internationales.
Quel est le public visé par ce forum ?
Le forum est organisé à l’attention des grandes entreprises (GE), des Petites et Moyennes Entreprises (PME), des Petites et Moyennes Industries (PMI), des représentants de la société civile, des étudiants…
Quel objectif souhaiteriez-vous atteindre à travers ce forum ?
Ce forum constitue la première étape de la campagne de sensibilisation sur les opportunités de la démarche RSE. Nous espérons voir toutes les entreprises en Côte d’Ivoire s’intéresser réellement à ce concept. A la sortie dudit forum, nous devons être à même de recenser un ensemble de bonnes pratiques en matière de responsabilité sociétale pour en faire la vulgarisation auprès du secteur privé ivoirien. Il faut préciser que l’entrée au forum est gratuite.
La rédaction
Qu’est-ce que la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise ?
La Responsabilité Sociétale de l’Entreprise, plus connue sous le terme de la RSE, est une démarche volontaire qui emmène l’entreprise à prendre en compte en plus des préoccupations économiques, les préoccupations sociales et environnementales dans ses activités commerciales et les relations avec les parties prenantes. Entendez par parties prenantes, un groupe de personnes morales ou physiques qui peuvent influencer ou êtres influencées par les actions et décisions de l’entreprise (actionnaires, dirigeants, salariés, riverains, Etat…). En effet, cette démarche appelle une responsabilité de l’entreprise dans ses activités et dans sa zone d’influence. La responsabilité sociale ou sociétale représente la contribution de l’entreprise au développement durable.
Quels sont les enjeux de cette démarche pour l’entreprise ?
La RSE présente de nombreux enjeux pour l’entreprise que nous pouvons repartir en trois catégories, à savoir les enjeux économiques, les enjeux sociaux et les enjeux environnementaux. Pour ce qui est des enjeux économiques, l’entreprise inscrite dans une telle démarche fidélise non seulement ses investisseurs mais en attire de nouveaux qui sont de plus en plus regardants sur les questions de responsabilité sociale de l’entreprise. Aucun investisseur ne voudrait voir son image ternie du fait d’avoir financé les activités d’une entreprise qui ne respecte pas les droits de ses salariés ou qui pollue de façon significative l’environnement…La RSE apporte une crédibilité à l’entreprise auprès de ses clients (qualité des services, respect de l’environnement, hygiène et sécurité…) qui deviennent de plus en plus exigeants. Elle offre également la possibilité à l’entreprise de s’étendre sur de nouveaux marchés tels que les marchés verts par exemple (green business). D’un point de vue social, l’entreprise à travers la démarche RSE prévient les risques sociaux dans la mesure où elle accorde un certain intérêt aux attentes de ses parties prenantes qui sont ici les salariés en termes de conditions de travail, de salaire, de respect des droits de l’Homme, de santé, sécurité et hygiène, de garantie de l’employabilité, de conciliation de la vie professionnelle de ses travailleurs à leur vie personnelle et par la mise sur pied des mesures d’accompagnement de ses travailleurs dans leurs projets de réalisation (logement, assurance santé, retraite…) et aussi la promotion d’autres techniques de motivation outre que le salaire (mérite, distinction…). Autant d’actions qui ont pour but de donner une certaine confiance au travailleur, de lui montrer que ses attentes sont prises en compte et permet in fine de prévenir les conflits sociaux (grève) qui peuvent avoir d’importantes répercussions sur la productivité et la durabilité de l’entreprise. Enfin le troisième volet, comme nous l’avons annoncé, concerne les enjeux environnementaux. La démarche RSE permet à l’entreprise de maîtriser sa consommation en ressources (eau, énergie, papier…), ce qui lui apporterait un gain à gagner sur ses dépenses en électricité, en eau ou en papier par exemple. De plus, celle-ci ferait plus attention à ses émissions de sorte à moins polluer l’environnement pour ne pas encourir des poursuites judiciaires émanant de l’Etat ou d’ONG défenseurs de l’environnement.
Pour un pays comme la Côte d’Ivoire, quelle place accorderiez-vous à ce concept ?
La RSE est le nouveau passeport pour une entreprise qui souhaite accroître ses parts de marché sur l’échiquier national, régional et surtout international. C’est l’un des critères fondamentaux pris en compte par les investisseurs à l’image de la Banque Mondiale (BM), de la Banque Africaine de Développement (BAD), de l’Agence Française de Développement (AFD) et bien d’autres. A ce titre, je me dois de vous rappeler que depuis quelques années, les investisseurs sont régis par ‘‘les principes de l’équateur’’ qui stipulent que tout investissement devra être conditionné du respect de certains principes par l’agent de financement l’Entreprise ou l’Etat à savoir le respect de l’environnement, le respect des droits de l’Homme, la lutte contre la corruption, la bonne gouvernance… A cet effet, il s’avère impérieux, voire judicieux pour les entreprises de Côte d’ivoire d’accorder un intérêt particulier à ce concept. A titre d’illustration, nous avons le cas du boycott du cacao ivoirien, il ya quelques années du fait de l’utilisation d’enfants dans les champs de cacao, pratiques contraires aux droits de l’Homme si chers aux yeux des investisseurs, des consommateurs et des ONG qui représentent sans nulle doute, une force importante dans la communauté internationale. Les entreprises ivoiriennes ont connu les méfaits de la guerre et aujourd’hui, il apparaît plus que jamais capital de les revoir sur de bons rails en vertu de tous les avantages rattachés à leur bonne santé (réduction de chômage, paiement des impôts et taxes, développement local, augmentation des revenus, croissance économique…).
Des entreprises ont-elles déjà mis sur pied cette démarche ?
Oui, bien que le nombre reste encore à désirer, il existe des entreprises qui ont à cœur cette thématique. Toutefois, il est possible de constater qu’il y a des entreprises sur le territoire qui mènent des actions allant dans ce sens sans que celles-ci ne soient formalisées en stratégie. Aujourd’hui, une entreprise engagée dans une telle démarche doit afficher une réelle volonté en définissant une politique RSE, pour en assurer le déploiement, l’analyse des résultats puis les traduire dans un rapport (rapport de développement durable).
Que fait la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) pour promouvoir ce concept ?
La CGECI depuis sa création, s’est définie un ensemble de missions afin de réaliser pleinement l’objectif qu’elle s’est assignée qui est la défense des intérêts de ses entreprises et la promotion de leurs activités. Ces missions portent essentiellement sur :
- L’amélioration de l’environnement des affaires ;
- La compétitivité des entreprises;
- Le développement du secteur privé ;
- La création de richesse par la promotion des initiatives privées et de l’entreprenariat.
C’est dans ce cadre que cette dernière fait une veille continue dans le but de repérer des nouvelles opportunités pour ses entreprises et aussi prévenir celles-ci des nouvelles réglementations du marché. Bien qu’elle ne soit pas encore contraignante sous nos tropiques, la RSE apparaît comme une exigence du marché. Nos entreprises, pour être plus compétitives sur le marché national, régional ou international doivent être sensibilisées sur cette thématique. C’est donc à juste titre que la CGECI a mis sur pied depuis quelques mois, une commission appelée «la commission Gouvernance, Ethique, et Responsabilité Sociétale des Entreprises (GERSE)» pour traiter de ces questions et en assurer leur prise en compte par nos entreprises et par tout le secteur privé ivoirien, d’une manière générale. Cette commission depuis sa création mène plusieurs activités pour sensibiliser les entreprises sur les enjeux de la responsabilité sociétale. Elle a lancé, en collaboration avec le Centre Africain d’expertise en Gouvernance des Organisations (CAGO) le réseau RSE, qui est un réseau d’entreprises accordant un vif intérêt aux questions de responsabilité sociétale. Aussi, envisage-t-elle de mettre en œuvre les recommandations de la déclaration de Paris de juillet 2011 d’ici l’an prochain avec le Mouvement des Entreprises de France (MEDEF). Il faut également rappeler que la Commission Gouvernance, Ethique et Responsabilité Sociétale des Entreprises (GERSE) de la CGECI, organise avec le CAGO et l’Ambassade du Canada le 1er forum international sur la RSE qui se tiendra sous la coprésidence du ministère d’Etat, ministère de l’Industrie, et du ministère de l’Environnement et du Développement durable.
Pouvez-vous nous dire plus sur ce forum ?
C’est le 1er forum international sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Il est organisé par la CGECI, l’Ambassade du Canada et le CAGO et se déroulera les 29, 30 et 31 octobre, à la CCRAE-UNOA au Plateau. Plusieurs personnalités sont attendues à cet évènement à savoir des experts venus d’Europe, d’Amérique et d’Afrique, des autorités ministérielles, des chefs d’entreprises, des représentants de la société civile ainsi que des institutions financières nationales comme internationales.
Quel est le public visé par ce forum ?
Le forum est organisé à l’attention des grandes entreprises (GE), des Petites et Moyennes Entreprises (PME), des Petites et Moyennes Industries (PMI), des représentants de la société civile, des étudiants…
Quel objectif souhaiteriez-vous atteindre à travers ce forum ?
Ce forum constitue la première étape de la campagne de sensibilisation sur les opportunités de la démarche RSE. Nous espérons voir toutes les entreprises en Côte d’Ivoire s’intéresser réellement à ce concept. A la sortie dudit forum, nous devons être à même de recenser un ensemble de bonnes pratiques en matière de responsabilité sociétale pour en faire la vulgarisation auprès du secteur privé ivoirien. Il faut préciser que l’entrée au forum est gratuite.
La rédaction