«L’Afrique de l’Ouest face au terrorisme islamiste». C’est sur ce thème que le quotidien progouvernemental Fraternité Matin a inauguré sa nouvelle tribune de libre expression : ‘’Les grands rendez-vous de Fraternité Matin’’. Il n’y avait pas grand monde (maximum 50 personnes) à la salle San-Pedro de l’Hôtel Ivoire le jeudi 25 octobre 2012 pour ces grands rendez-vous. Mais un public de qualité. Parmi eux, le ministre Hamadoun Touré, conseiller spécial du Premier ministre malien et bien connu des Ivoiriens pour avoir servi comme porte-parole de l’Onuci en Côte d’Ivoire. Il y avait aussi, sous le regard vigilant de Venance Konan, Directeur général de Fratmat, Boubeye Maïga, l’ancien chef de la diplomatie malienne et Ambroise Nyonsamba, le représentant résidant de l’Union africaine. Tous ont exposé sur le péril malien qui guette toute l’Afrique de l’Ouest si rien n’est fait. Les débats qui ont suivi ont rapidement permis de dégager deux tendances. D’un côté, les défenseurs de l’intervention militaire et de l’autre, les partisans d’une solution négociée au regard des risques et de la complexité d’une action militaire. Les défenseurs de la première option sont d’abord les invités maliens de Venance Konan : Hamadoun Touré et Boubeye Maïga. ‘’L’intervention militaire est le dernier recours. Ce ne sera pas une guerre de troupes sur le terrain. Nous devons mutualiser nos efforts. C’est par exemple, l’appui logistique, le soutien médical, le renseignement ou tout autre appui à l’armée malienne. La détermination se cultive, elle n’est pas innée’’, a soutenu Hamdoun Touré. Il répondait ainsi à ceux qui ne croient pas en la détermination des armées maliennes à contrer les islamistes. M. Boubeye, a quant à lui, présenté le territoire occupé, ‘’C’est une zone de trafic entièrement désertique, une zone sous-administrée avec des populations transfrontalières identiques. Vous allez beau faire, je ne vois pas comment le Mali peut retrouver son territoire sans intervention militaire. On ne peut pas ne pas avoir recours à l’intervention militaire. C’est important pour la stabilité de notre pays’’, a plaidé l’ancien ministre. ‘’Je déplore cette attitude guerrière où chacun vient comme un combattant. Quel est le rôle de la Cedeao ou le rôle que la communauté internationale veut lui faire endosser ? est-ce pour reconquérir un territoire ou pour lutter contre le terrorisme ?’’, s’insurgent tour à tour Mory Traoré, enseignant- chercheur en Communication et Art et Dr Mori Tié, Historien. A ces inquiétudes, Abraham Doukouré, Ambassadeur à la Cedeao répond : ‘’il faut vaincre le pessimisme. L’Afrique a déjà fait ses preuves avec les crises libériennes et Sierra Leonaises. Faites confiance à la Cedeao et à l’UA. Comme pour dire que l’Afrique est capable de résoudre ses problèmes, l’ambassadeur du Nigeria en Côte d’Ivoire fera cette confidence : ‘’on avait promis 50 millions de dollars à l’Ecomog au Liberia mais cet argent n’est jamais venu. Cela ne nous a pas découragé’’.
S. Debailly
S. Debailly