La nouvelle est terrible ! Le Nonce Apostolique en Côte d`Ivoire, Mgr Ambrose Madtha, a été tué samedi dans un accident de la route dans l`ouest de la Côte d’Ivoire, précisément à 8 Km de Man, sur l’axe Man-Biankouma à 18 heures 30 Gmt. Le prélat revenait d`Odienné où il a procédé à des ordinations quand son véhicule est violemment entré en collision avec un autre. Il a été tué sur le coup. Selon le porte-parole du diocèse de Man, le père Mathieu Téhan, «son corps est actuellement à la morgue de Man». La rédaction de Lg infos présente ses condoléances les plus attristées à la grande famille du corps diplomatique et à la communauté catholique de Côte d’Ivoire, ainsi qu’à la famille biologique de Mgr Madtha.
Les nombreuses victimes du régime dictatorial d’Alassane Ouattara n’oublieront pas de sitôt l’engament inlassable de l’homme de Dieu au service de la paix, de la démocratie à visage humain ainsi que son combat en faveur des droits de l’homme en Côte d’Ivoire.
Ses positions sur les questions de démocratie, de sécurité et des droits de l’homme
Mgr Madtha a été de tous les combats pour la démocratie et le respect des droits de l’homme en Côte d’Ivoire. L’histoire retiendra entre autres actions, sa sortie du 27 octobre 2012. En effet, ce jour-là, le Nonce Apostolique a demandé publiquement au président Ouattara de renouer le fil du dialogue, un dialogue sincère avec l’opposition afin de donner une chance à la cohésion sociale mise à mal par la main de fer qui pèse sur la Côte d’Ivoire depuis le 11 avril 2011. C’est au doyen Henri Konan Bédié, le binôme d’Alassane au sommet de l’Etat, que l’Ambassadeur du Vatican a confié le message destiné au chef de l’Etat, au cours d’un tête-à-tête. «Je suis venu échanger avec le président du Pdci, Henri Konan Bédié. Nous avons discuté de deux points : le premier est relatif à la situation sociopolitique de la Côte d’Ivoire avec les dernières attaques depuis la célébration du 52e anniversaire de l’indépendance, le 7 aout dernier. On se demande comment arriver à la réconciliation et à la paix. J’ai demandé au président Bédié de prendre attache avec le gouvernement afin que le dialogue redémarre. Un dialogue sincère et efficace avec l’opposition», avait déclaré le Nonce apostolique, à sa sortie d’audience.
Mais déjà le 18 décembre 2011, à l’occasion de la célébration du 100e numéro du mensuel chrétien «Prière africaine», à la paroisse Notre Dame de l’Assomption de Koumassi, Mgr Ambrose Madtha annonçait les couleurs. Il avait invité le pouvoir Ouattara à étudier la question des prisonniers politiques. Notamment, les pro-Gbagbo qui peuplent les goulags du nord de la Côte d’Ivoire, depuis plus d’un an sans jugement. «Les fêtes de fin d’année sont l’occasion de cultiver le pardon mutuellement. C’est pour cette raison que je souhaiterais que les prisonniers politiques soient libérés, pour rester dans la logique de la réconciliation et de la paix. Cette requête, je la soumets au président de la République. La question de la sécurisation des sites religieux est aussi une doléance que nous soumettons à l’Etat», avait exhorté le prélat ; au vu de l’insécurité et la justice des plus forts qui sévissent en Côte d’Ivoire depuis que «l’armée française a fait le travail» pour asseoir Alassane Ouattara dans le fauteuil présidentiel.
Malheureusement, au moment où Monseigneur Ambrose Madtha passe tragiquement de vie à trépas, Alassane Ouattara le président ivoirien, n’a toujours pas renoué le fil d’«un dialogue sincère et efficace avec l’opposition». Pis, aucun prisonnier politique n’a été libéré «pour rester dans la logique de la réconciliation et la paix», comme l’avait souhaité le prélat. Qui précisait à ce propos : «Cette requête, je la soumets au président de la République.» Espérons qu’Alassane Ouattara examinera enfin «cette requête»… pour le repos de l’âme du Nonce Apostolique.
Il était en phase avec Laurent Gbagbo sur plusieurs questions ivoiriennes.
Mgr Ambrose Madtha et le président Laurent Gbagbo avaient une vision commune de la sortie de crise, lors des événements postélectoraux de 2011. A preuve, alors qu’Alassane Ouattara retranché au Golf hôtel demandait à la communauté internationale de larguer ses bombes sur Gbagbo pour le chasser du pouvoir, le représentant du Pape en Côte d’Ivoire prônait le dialogue. Comme Laurent Gbagbo qui demandait un recomptage des voix, comme cela est de coutume dans une démocratie qui se respecte. Au sortir d’une audience avec le président Gbagbo le dimanche 27 mars 2011, le Nonce Apostolique déclarait : «Je viens de rencontrer le président Gbagbo. Nous avons parlé de la situation actuelle. Tout le monde est d’accord que nous souffrons beaucoup. Il n’y a pas d’école, il y a l’embargo sur les médicaments, les banques sont fermées. Il faut résoudre tous ces problèmes. Chaque jour qui passe est difficile.
Nous avons donc demandé au président Gbagbo de trouver une solution pacifique, de faire un pas pour appeler par téléphone M. Ouattara. Le président nous a assurés de le faire. Il est d’accord pour faire le pas vers Ouattara. Ils doivent s’asseoir pour discuter et trouver une solution pour résoudre la crise.» Trouver une solution pacifique. S’asseoir pour discuter. Des voies de sortie de crise proposées en sont temps par le président Gbagbo, mais que Ouattara a balayées du revers de la main en demandant aux troupes de la Cedeao et à la coalition Licorne-Onuci de bombarder plutôt la résidence de Gbagbo. Sur les questions humanitaires liées à l’embargo de l’Union européenne sur les médicaments, l’Ambassadeur du Vatican était formel : «La vie humaine est un droit sacré. Dieu a dit tu ne tueras point. Nous condamnons cet embargo. Nous devons faire quelque chose pour arrêter cette situation.» Ouattara avait fait la sourde oreille en son temps. Comme il l’a fait jusqu’à la mort du prélat. Hélas ! Mille fois hélas ! Rien n’a changé en matière de violation des droits humains. En témoignent les différents rapports des Ong humanitaires qui dénoncent une dégradation croissante des droits de l’homme depuis que Ouattara est au pouvoir. Et le bout du tunnel semble encore bien loin.
Barthélemy Téhin
Les nombreuses victimes du régime dictatorial d’Alassane Ouattara n’oublieront pas de sitôt l’engament inlassable de l’homme de Dieu au service de la paix, de la démocratie à visage humain ainsi que son combat en faveur des droits de l’homme en Côte d’Ivoire.
Ses positions sur les questions de démocratie, de sécurité et des droits de l’homme
Mgr Madtha a été de tous les combats pour la démocratie et le respect des droits de l’homme en Côte d’Ivoire. L’histoire retiendra entre autres actions, sa sortie du 27 octobre 2012. En effet, ce jour-là, le Nonce Apostolique a demandé publiquement au président Ouattara de renouer le fil du dialogue, un dialogue sincère avec l’opposition afin de donner une chance à la cohésion sociale mise à mal par la main de fer qui pèse sur la Côte d’Ivoire depuis le 11 avril 2011. C’est au doyen Henri Konan Bédié, le binôme d’Alassane au sommet de l’Etat, que l’Ambassadeur du Vatican a confié le message destiné au chef de l’Etat, au cours d’un tête-à-tête. «Je suis venu échanger avec le président du Pdci, Henri Konan Bédié. Nous avons discuté de deux points : le premier est relatif à la situation sociopolitique de la Côte d’Ivoire avec les dernières attaques depuis la célébration du 52e anniversaire de l’indépendance, le 7 aout dernier. On se demande comment arriver à la réconciliation et à la paix. J’ai demandé au président Bédié de prendre attache avec le gouvernement afin que le dialogue redémarre. Un dialogue sincère et efficace avec l’opposition», avait déclaré le Nonce apostolique, à sa sortie d’audience.
Mais déjà le 18 décembre 2011, à l’occasion de la célébration du 100e numéro du mensuel chrétien «Prière africaine», à la paroisse Notre Dame de l’Assomption de Koumassi, Mgr Ambrose Madtha annonçait les couleurs. Il avait invité le pouvoir Ouattara à étudier la question des prisonniers politiques. Notamment, les pro-Gbagbo qui peuplent les goulags du nord de la Côte d’Ivoire, depuis plus d’un an sans jugement. «Les fêtes de fin d’année sont l’occasion de cultiver le pardon mutuellement. C’est pour cette raison que je souhaiterais que les prisonniers politiques soient libérés, pour rester dans la logique de la réconciliation et de la paix. Cette requête, je la soumets au président de la République. La question de la sécurisation des sites religieux est aussi une doléance que nous soumettons à l’Etat», avait exhorté le prélat ; au vu de l’insécurité et la justice des plus forts qui sévissent en Côte d’Ivoire depuis que «l’armée française a fait le travail» pour asseoir Alassane Ouattara dans le fauteuil présidentiel.
Malheureusement, au moment où Monseigneur Ambrose Madtha passe tragiquement de vie à trépas, Alassane Ouattara le président ivoirien, n’a toujours pas renoué le fil d’«un dialogue sincère et efficace avec l’opposition». Pis, aucun prisonnier politique n’a été libéré «pour rester dans la logique de la réconciliation et la paix», comme l’avait souhaité le prélat. Qui précisait à ce propos : «Cette requête, je la soumets au président de la République.» Espérons qu’Alassane Ouattara examinera enfin «cette requête»… pour le repos de l’âme du Nonce Apostolique.
Il était en phase avec Laurent Gbagbo sur plusieurs questions ivoiriennes.
Mgr Ambrose Madtha et le président Laurent Gbagbo avaient une vision commune de la sortie de crise, lors des événements postélectoraux de 2011. A preuve, alors qu’Alassane Ouattara retranché au Golf hôtel demandait à la communauté internationale de larguer ses bombes sur Gbagbo pour le chasser du pouvoir, le représentant du Pape en Côte d’Ivoire prônait le dialogue. Comme Laurent Gbagbo qui demandait un recomptage des voix, comme cela est de coutume dans une démocratie qui se respecte. Au sortir d’une audience avec le président Gbagbo le dimanche 27 mars 2011, le Nonce Apostolique déclarait : «Je viens de rencontrer le président Gbagbo. Nous avons parlé de la situation actuelle. Tout le monde est d’accord que nous souffrons beaucoup. Il n’y a pas d’école, il y a l’embargo sur les médicaments, les banques sont fermées. Il faut résoudre tous ces problèmes. Chaque jour qui passe est difficile.
Nous avons donc demandé au président Gbagbo de trouver une solution pacifique, de faire un pas pour appeler par téléphone M. Ouattara. Le président nous a assurés de le faire. Il est d’accord pour faire le pas vers Ouattara. Ils doivent s’asseoir pour discuter et trouver une solution pour résoudre la crise.» Trouver une solution pacifique. S’asseoir pour discuter. Des voies de sortie de crise proposées en sont temps par le président Gbagbo, mais que Ouattara a balayées du revers de la main en demandant aux troupes de la Cedeao et à la coalition Licorne-Onuci de bombarder plutôt la résidence de Gbagbo. Sur les questions humanitaires liées à l’embargo de l’Union européenne sur les médicaments, l’Ambassadeur du Vatican était formel : «La vie humaine est un droit sacré. Dieu a dit tu ne tueras point. Nous condamnons cet embargo. Nous devons faire quelque chose pour arrêter cette situation.» Ouattara avait fait la sourde oreille en son temps. Comme il l’a fait jusqu’à la mort du prélat. Hélas ! Mille fois hélas ! Rien n’a changé en matière de violation des droits humains. En témoignent les différents rapports des Ong humanitaires qui dénoncent une dégradation croissante des droits de l’homme depuis que Ouattara est au pouvoir. Et le bout du tunnel semble encore bien loin.
Barthélemy Téhin