Le marché « Amangou Victor », sis au quartier Sicogi dans la commune de Marcory était en ébullition, le mardi 11 décembre 2012. Les commerçantes ont bruyamment manifesté contre le paiement des taxes pour l’occupation des domaines publics (CDP). Mais le maire de la commune n’a pas cédé. Reportage.
« SERVICE MARCHE : fermeture du magasin jusqu’à nouvel ordre. ODP marché ». Cette inscription signée du responsable du grand marché « Amangou Victor » de Marcory-Sicogi, imprimée sur papier format A4 et collée aux portails d’entrée des magasins concernés, a crée de vives tentions des commerçantes dudit marché, le mardi 11 décembre 2012.
Tôt le matin de ce mardi, une fois sur les lieux, alors qu’elles s’apprêtent à ouvrir leurs business, comme c’est le cas depuis toujours, les commerçantes du marché de Marcory-Sicogi sont surprises de constater que leurs magasins sont hermétiquement fermés.
La mairie de leur commune (Marcory), que dirige le maire intérimaire, Lamine Diabagaté, par les services de ses agents en poste à l’intérieur ledit marché, est tenue pour responsable cette fermeture systématique de leurs magasins. Raison avancée : « les propriétaires de ces magasins refusent de payer les frais des Occupations des domaines publics (ODP) », révèle notre première interlocutrice, Coulibaly Awa, une vendeuse.
Seulement, les acquéreurs des magasins concernés par cette mesure de la mairie, comme elle, n’y comprennent rien. « Nous ne comprenons rien dans cette affaire. Le maire nous demande payer des taxes sur pour l’ODP. Alors que nous payons déjà des taxes dans le marché. Si c’est l’argent qu’il veut pour aller battre campagne, qu’il nous le dise », grogne Coulibaly Awa, sur un ton de colère.
Le décor est planté. Celles qui sont dans son cas sont toutes aussi nombreuses, qu’elles veulent toutes s’exprimer à la fois. « Depuis que le marché est construit, sous le mandat du maire Amangou Victor, on n’a jamais payé de taxes pour l’ODP. L’actuel maire non plus, ne nous a jamais demandé de cela avant. Aujourd’hui, les papiers qu’on nous présente ne semblent pas venir de la mairie. Ils sont produits au niveau du marché ici. Or, le maire a dit que ce n’est pas les occupants des tables dans le marché qui doivent payer l’ODP, mais c’est plutôt ceux qui sont en dehors du marché et qui occupent ses alentours ». Informe Mme Ouattara Awa Bamba, présidente des commerçantes du marché.
Mme Niamké, elle, ne partage pas cet avis. Elle estime, pour sa part, que tout ce qui se fait dans le marché est su du maire. « Ceux qu’ils envoie faire ce boulot sont des gens qu’il a nommé à des postes précis. Ce ne sont pas des vagabonds Sinon nous ne serions pas dans les rues actuellement».
Mais en face, elles ne trouvent pas d’oreilles attentives, pouvant leur expliquer la justesse de cette « surprenante » mesure. D’un côté, les agents de la mairie -qui croient savoir le bien fondé de cette décision municipale-, n’arrivent pas à convaincre celles à qui elle est adressée. Nous non plus, n’y pouvons rien. Et pourtant, tout le monde veut comprendre ce qui se passe.
Pour en avoir le cœur net et être en phase avec leur maire, ces femmes disent avoir tenté une première rencontre avec le maire, Lamine Diabagaté. « C’était le mois passé. Il nous a dit qu’il partait à Bondoukou. Mais depuis qu’il est là, il ne nous reçoit pas. Et ce matin à notre grande surprise, ils ont collé des papiers sur nos magasins, au nom de la mairie. Nous interdisant l’ouverture jusqu’à nouvel ordre. Voilà pourquoi nous les femmes, sommes dans les rues ».
L’acte de trop
Dans le marché, Mme Affoué Kouamé, une des femmes contestatrices tente de résister à la fermeture de son lieu de vente. Au bout du compte, elle est battue par quatre (4) gaillards, se réclament des agents de ladite mairie. « Le maire a envoyé des bandits et loubards pour nous agresser », accuse Mme Niamkey. Qui craint que demain soit le tour d’une autre parmi elle. « Aujourd’hui, ils ont frappé Affoué. Ça faisait pitié. Demain sera peut-être mon tour. C’est pour cela que nous crions pour nous faire entendre ».
Comme il fallait s’y attendre, l’acte des agents de la mairie en est de trop. Il n’est pas apprécié des autres commerçants, composés majoritairement de femmes. Elles prennent alors d’assaut les voix d’accès au grand marché de Marcory-Sicogi. Elles dressent des barrages de fortunes constitués de tables, bancs, pneus, balais et sacs de riz, pour bloquer le passage aux véhicules. En guise de protestation contre ce qu’ils qualifient d’« injuste ». Aucun véhicule ne s’y aventure. Les courageux conducteurs qui tentent difficilement de se frayer un passage, s’en sortent avec des jets de pierres. Le boulevard du Gabon, ainsi que la voix menant au grand carrefour du boulevard Valery Giscard Destin (VDG) sont bondés de ces femmes très excitées. Sifflets à la bouche, elles vont assez de bruits. Mme Ouattara Awa Bamba, la présidente dudit marché et ses camarades crient et chantent leur mécontentement. Ces hurlements alertent tous les autres commerçantes. Ils sortent par petit groupe du marché, pour rejoindre leurs collègues du dehors qui occupent déjà les voix. L’ambiance monte d’un cran. Impossible de maîtriser les femmes agitées.
La promptitude la Police
C’est dans cette atmosphère de cris de colère et de bruitages qu’intervient le Commissaire du 26e arrondissement. Il est accompagné de deux (2) agents. Craignant sans doute une action vigoureuse de la part de ces éléments des Forces de l’ordre, les femmes redoublent d’ardeur à la vue des Policiers. Les bruits (de sifflets, casseroles etc.) gagnent en intensité. Mais contre toute attente, l’Officier de police et ses hommes passent le dialogue avent tout. Il engage aussitôt une discussion, en vue de mieux cerner les contours de cette bruyante manifestation en ce lieu qui est sous sa protection. Au milieu des femmes, qui parlent toutes à la fois, le Commissaire ne lâche pas prise, cependant. Tranquillement, il réussi à imposer la parole à la présidente Ouattara Awa Bamba. Cette dame n’en revient pas.
« C’est la Société ivoirienne de construction et de gestion (CICG) qui a construit le marché. C’est donc elle qui doit payer l’ODP. Nous les commerçantes, nous avons quoi, pour payer 23 000f pour certaines et 50 000f, pour d’autres ? Pourquoi ? On nous dit également de payer une place à 13 000f. Si quelqu’un en a quatre (4), cela lui revient à 46 000f par an. On n’a jamais payé de telles sommes ici», s’indigne-t-elle.
« Nous souhaitons qu’il annule ces taxes ODP. Déjà, le Président à interdit cela, jusqu’à nouvel ordre. Le gouvernement a dit de ne plus délivrer les ODP dans les marchés. La presse en a parlé. Tout le monde le sait. Mais alors, pourquoi il attend en décembre pour fermer nos magasins ? On ne peut pas faire deux jours sans vendre. Cela ne nous arrange pas. On demande alors au maire de nous laisser tranquille », suggère encore une autre dame, qui a requis l’anonymat.
Cependant, ces commerçantes qui ne comprennent pas pourquoi c’est seulement le marché de Marcory qui est visé par cette mesure, se disent prêtes à céder. « Si l’Etat décide qu’à partir d’aujourd’hui, tout le monde paie les taxes pour l’ODP », précisent-elles.
Chose après quoi, le Commissaire propose aux responsables des femmes de le suivre à la mairie. Où il est convaincu qu’une solution pourra être trouvée à leurs préoccupations.
En début d’après-midi, la délégation des femmes qu’accompagne deux hommes (commerçants eux aussi), est reçue pat le maire, Lamine Diabagaté. Laissant derrière eux, plusieurs autres femmes pour maintenir la pression contre cette décision inattendue qui les révolte tant. S’en suit alors de vives échanges à propos des frais des ODP entre les envoyés et le maire.
C’est finalement aux environs de 17h, que les manifestantes ont décidé de libérer les voix bloqués. Ce, après avoir entendu le compte rendu de ceux qu’elles ont commis à la discussion avec le maire de Marcory.
Yohann Rachel Céphas
« SERVICE MARCHE : fermeture du magasin jusqu’à nouvel ordre. ODP marché ». Cette inscription signée du responsable du grand marché « Amangou Victor » de Marcory-Sicogi, imprimée sur papier format A4 et collée aux portails d’entrée des magasins concernés, a crée de vives tentions des commerçantes dudit marché, le mardi 11 décembre 2012.
Tôt le matin de ce mardi, une fois sur les lieux, alors qu’elles s’apprêtent à ouvrir leurs business, comme c’est le cas depuis toujours, les commerçantes du marché de Marcory-Sicogi sont surprises de constater que leurs magasins sont hermétiquement fermés.
La mairie de leur commune (Marcory), que dirige le maire intérimaire, Lamine Diabagaté, par les services de ses agents en poste à l’intérieur ledit marché, est tenue pour responsable cette fermeture systématique de leurs magasins. Raison avancée : « les propriétaires de ces magasins refusent de payer les frais des Occupations des domaines publics (ODP) », révèle notre première interlocutrice, Coulibaly Awa, une vendeuse.
Seulement, les acquéreurs des magasins concernés par cette mesure de la mairie, comme elle, n’y comprennent rien. « Nous ne comprenons rien dans cette affaire. Le maire nous demande payer des taxes sur pour l’ODP. Alors que nous payons déjà des taxes dans le marché. Si c’est l’argent qu’il veut pour aller battre campagne, qu’il nous le dise », grogne Coulibaly Awa, sur un ton de colère.
Le décor est planté. Celles qui sont dans son cas sont toutes aussi nombreuses, qu’elles veulent toutes s’exprimer à la fois. « Depuis que le marché est construit, sous le mandat du maire Amangou Victor, on n’a jamais payé de taxes pour l’ODP. L’actuel maire non plus, ne nous a jamais demandé de cela avant. Aujourd’hui, les papiers qu’on nous présente ne semblent pas venir de la mairie. Ils sont produits au niveau du marché ici. Or, le maire a dit que ce n’est pas les occupants des tables dans le marché qui doivent payer l’ODP, mais c’est plutôt ceux qui sont en dehors du marché et qui occupent ses alentours ». Informe Mme Ouattara Awa Bamba, présidente des commerçantes du marché.
Mme Niamké, elle, ne partage pas cet avis. Elle estime, pour sa part, que tout ce qui se fait dans le marché est su du maire. « Ceux qu’ils envoie faire ce boulot sont des gens qu’il a nommé à des postes précis. Ce ne sont pas des vagabonds Sinon nous ne serions pas dans les rues actuellement».
Mais en face, elles ne trouvent pas d’oreilles attentives, pouvant leur expliquer la justesse de cette « surprenante » mesure. D’un côté, les agents de la mairie -qui croient savoir le bien fondé de cette décision municipale-, n’arrivent pas à convaincre celles à qui elle est adressée. Nous non plus, n’y pouvons rien. Et pourtant, tout le monde veut comprendre ce qui se passe.
Pour en avoir le cœur net et être en phase avec leur maire, ces femmes disent avoir tenté une première rencontre avec le maire, Lamine Diabagaté. « C’était le mois passé. Il nous a dit qu’il partait à Bondoukou. Mais depuis qu’il est là, il ne nous reçoit pas. Et ce matin à notre grande surprise, ils ont collé des papiers sur nos magasins, au nom de la mairie. Nous interdisant l’ouverture jusqu’à nouvel ordre. Voilà pourquoi nous les femmes, sommes dans les rues ».
L’acte de trop
Dans le marché, Mme Affoué Kouamé, une des femmes contestatrices tente de résister à la fermeture de son lieu de vente. Au bout du compte, elle est battue par quatre (4) gaillards, se réclament des agents de ladite mairie. « Le maire a envoyé des bandits et loubards pour nous agresser », accuse Mme Niamkey. Qui craint que demain soit le tour d’une autre parmi elle. « Aujourd’hui, ils ont frappé Affoué. Ça faisait pitié. Demain sera peut-être mon tour. C’est pour cela que nous crions pour nous faire entendre ».
Comme il fallait s’y attendre, l’acte des agents de la mairie en est de trop. Il n’est pas apprécié des autres commerçants, composés majoritairement de femmes. Elles prennent alors d’assaut les voix d’accès au grand marché de Marcory-Sicogi. Elles dressent des barrages de fortunes constitués de tables, bancs, pneus, balais et sacs de riz, pour bloquer le passage aux véhicules. En guise de protestation contre ce qu’ils qualifient d’« injuste ». Aucun véhicule ne s’y aventure. Les courageux conducteurs qui tentent difficilement de se frayer un passage, s’en sortent avec des jets de pierres. Le boulevard du Gabon, ainsi que la voix menant au grand carrefour du boulevard Valery Giscard Destin (VDG) sont bondés de ces femmes très excitées. Sifflets à la bouche, elles vont assez de bruits. Mme Ouattara Awa Bamba, la présidente dudit marché et ses camarades crient et chantent leur mécontentement. Ces hurlements alertent tous les autres commerçantes. Ils sortent par petit groupe du marché, pour rejoindre leurs collègues du dehors qui occupent déjà les voix. L’ambiance monte d’un cran. Impossible de maîtriser les femmes agitées.
La promptitude la Police
C’est dans cette atmosphère de cris de colère et de bruitages qu’intervient le Commissaire du 26e arrondissement. Il est accompagné de deux (2) agents. Craignant sans doute une action vigoureuse de la part de ces éléments des Forces de l’ordre, les femmes redoublent d’ardeur à la vue des Policiers. Les bruits (de sifflets, casseroles etc.) gagnent en intensité. Mais contre toute attente, l’Officier de police et ses hommes passent le dialogue avent tout. Il engage aussitôt une discussion, en vue de mieux cerner les contours de cette bruyante manifestation en ce lieu qui est sous sa protection. Au milieu des femmes, qui parlent toutes à la fois, le Commissaire ne lâche pas prise, cependant. Tranquillement, il réussi à imposer la parole à la présidente Ouattara Awa Bamba. Cette dame n’en revient pas.
« C’est la Société ivoirienne de construction et de gestion (CICG) qui a construit le marché. C’est donc elle qui doit payer l’ODP. Nous les commerçantes, nous avons quoi, pour payer 23 000f pour certaines et 50 000f, pour d’autres ? Pourquoi ? On nous dit également de payer une place à 13 000f. Si quelqu’un en a quatre (4), cela lui revient à 46 000f par an. On n’a jamais payé de telles sommes ici», s’indigne-t-elle.
« Nous souhaitons qu’il annule ces taxes ODP. Déjà, le Président à interdit cela, jusqu’à nouvel ordre. Le gouvernement a dit de ne plus délivrer les ODP dans les marchés. La presse en a parlé. Tout le monde le sait. Mais alors, pourquoi il attend en décembre pour fermer nos magasins ? On ne peut pas faire deux jours sans vendre. Cela ne nous arrange pas. On demande alors au maire de nous laisser tranquille », suggère encore une autre dame, qui a requis l’anonymat.
Cependant, ces commerçantes qui ne comprennent pas pourquoi c’est seulement le marché de Marcory qui est visé par cette mesure, se disent prêtes à céder. « Si l’Etat décide qu’à partir d’aujourd’hui, tout le monde paie les taxes pour l’ODP », précisent-elles.
Chose après quoi, le Commissaire propose aux responsables des femmes de le suivre à la mairie. Où il est convaincu qu’une solution pourra être trouvée à leurs préoccupations.
En début d’après-midi, la délégation des femmes qu’accompagne deux hommes (commerçants eux aussi), est reçue pat le maire, Lamine Diabagaté. Laissant derrière eux, plusieurs autres femmes pour maintenir la pression contre cette décision inattendue qui les révolte tant. S’en suit alors de vives échanges à propos des frais des ODP entre les envoyés et le maire.
C’est finalement aux environs de 17h, que les manifestantes ont décidé de libérer les voix bloqués. Ce, après avoir entendu le compte rendu de ceux qu’elles ont commis à la discussion avec le maire de Marcory.
Yohann Rachel Céphas