Accra se réveille comme d’habitude. Le soleil n’est pas encore sorti de son lit que l’embouteillage pointe le nez. Les grandes artères de la capitale ghanéenne, ce jeudi matin, grouillent déjà de monde. Et au fur et à mesure que l’aube fait place au jour le «go slow» se densifie. C’est dans cette ambiance quasi ordinaire, que le Ghana s’apprête à accueillir son quatrième Glo-Caf Awards. Pourtant, rien ou peu de chose indique que ce soir sera célébré le football africain dans toute sa splendeur. Oui, la cérémonie de récompense des meilleurs joueurs, équipes, entraineurs, arbitres, espoirs … de cette année 2012. Dans le quartier chic du State, la CAF a pris ses quartiers. La délégation de la fédération ivoirienne de football aussi. Dans le hall, les regards indiscrets croisent celui de Sidy Diallo qui échange tranquillement avec Berthe Adou sous le regard de Malick Tohé. Des hommes en grands boubous défilent. Ce sont les hommes d’Issa Hayatou, informe un travailleur de ce grand palace. Le patron du football africain ne tarde pas à retrouver les siens au restaurant quelques heures plus tard pour le déjeuner. En ville, c’est le train qui arrive à l’heure. Accra n’a rien de spécial. Sauf sur l’artère qui mène au State House. Le lieu où, dans la soirée, sera désigné le meilleur footballeur du continent. Des drapeaux à l’effigie du sponsor officiel de ce gala orne la voie jusqu’au somptueux State House qui s’est paré aux couleurs de l’évènement. En fin d’après-midi, les plus prévoyants précèdent les embouteillages pour vite se retrouver sous le préau où les attend un cocktail d’accueil. Le démarrage de la cérémonie est prévu à 19 heures. Entre quelques gorgées, les convives devisent. Les journalistes sont de la partie. Mais tous n’ont pas le même sourire. Si les confrères ghanéens ont reçu badges et bracelets pour avoir accès à la salle, les autres confrères venus d’ailleurs doivent patienter. Le temps qui file vers le début de la cérémonie est tout sauf leur allié. Mais cela n’empêche les autres qui ont eu le précieux sésame de prendre place sous le préau. Soudain, les regards se tournent vers un couple. C’est Yaya Touré et son épouse. C’est l’émeute. Dirigeants et journalistes jouent des coudes pour soit serrer la main du Citizen soit poser avec lui. Surtout qu’il est accueilli par Rigobert Song qui remplace son neveu Alexandre qui n’a pas fait le déplacement. Les caméras n’ont pas fini d’immortaliser le milieu de terrain des Eléphants, que son capitaine débarque. Didier Drogba est dans la place. C’est le branle-bas. Les invités ont l’embarras du choix. Pas pour longtemps. Car le jeune frère va à la rencontre de son illustre aîné. Les preneurs de vues ne pouvaient espérer mieux. Les deux nominés embrassent Sidy Diallo et sa délégation. Quelques interviews et photos, ils s’engouffrent dans la superbe salle du State House. Les organisateurs sont un peu débordés et le cafouillage, qui s’en suit, vient rappeler les réalités de notre Afrique. Celle qui continue de donner dans un certain amateurisme qui ternit les cérémonies même les plus nobles. Heureusement, ce remue-ménage ne dure pas longtemps. L’ordre reprend sa place et la fête à proprement parlée peut commencer. Chorale, gospel, humour, chants et chansons… Tout est réuni pour transformer cette soirée en une véritable fête. La Zambie, sous le regard de son sélectionneur Hervé Renard, championne d’Afrique, ouvre le bal des lauriers. Les Chipolopolo sont élus meilleure équipe 2012. Al Ahly est sacré meilleur club. Mais cela n’effrite en rien la bonne ambiance qui règne sur la table au bas du podium. Yaya, Drogba, Song, Malick Tohé, Thierno, Sidy Diallo et Mme Touré Yaya continuent de diner dans la bonne humeur. Au fur et à mesurer que la cérémonie s’étire dans le temps, les artistes rivalisent de talent pour tenir cette distinguée assemblée en haleine. Mais bien avant, Issa Hayatou s’est acquitté du devoir sacro-saint de remercier les invités et tous ceux qui ont participé à la réussite de la fête. Parlant des nominés, il a dit «chaque fois qu’ils réussissent un exploit, c’est notre cœur d’Africain qui bat la chamade». Ce beau discours n’a pas suffi pour mettre fin aux supputations. Qui de Yaya ou de Didier Drogba sera sacré ? Jusqu’à l’annonce du nom du vainqueur, personne ne pouvait affirmer avec certitude le nom de celui qui est le nouveau roi d’Afrique. Un ivoirien résident à Accra se veut logique : «Si Didier est venu avec cette grande délégation c’est qu’il sait que c’est lui le vainqueur». Il n’a pas fini sa démonstration qu’il est repris par un journaliste malien. «Mais Yaya est venu avec son épouse et ça peut également dire qu’il est sûr de gagner», analyse-t-il. C’est dans cette réflexion que de la suave voix de Salif Kéita est venue la note finale d’une soirée réussie. Finalement, c’est Yaya qui sera sacré Ballon d’Or Africain 2012 (voir encadré).
Koné Lassiné, envoyé spécial
Koné Lassiné, envoyé spécial
