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Politique Publié le jeudi 27 décembre 2012 | Boigny Express

Contribution : Le président Henri Konan Bédié faiseur de paix ?

J’ai lu avec beaucoup de plaisir et de satisfaction l’éditorial de monsieur Georges Amani paru dans le numéro 94 de BOIGNY Express du jeudi 29 novembre au vendredi 06 décembre 2012, relatif à l’engagement éventuel du Président BEDIE pour un retour de la paix en Côte-d’Ivoire.


La tradition en pays Baoulé dont a fait état monsieur Amani pour indiquer qu’il y a d’abord un aveu, une confession à faire quant aux humiliations qu’un coup d’Etat stupide et le comportement indigne et mesquin que nombre d’hommes politiques ont fait subir si injustement à cet homme m’a mis un véritable baume au cœur.
C’est en effet à partir des souffrances qu’il a endurées sans jamais se plaindre que le Président BEDIE qui a démontré son amour sans pareil pour son pays et son nationalisme hors du commun lors du coup d’Etat du 24 décembre 1999 pourrait être l’homme de la situation dans la mesure où c’est après avoir surmonté ses propres frustrations et sa propre douleur qu’il pourrait demander à ceux des Ivoiriens meurtris d’oublier les leurs et de pardonner pour que se fasse enfin cette réconciliation nationale après laquelle nous courons à en perdre le souffle. Les Anciens disaient avec raison que ne peut vraiment avoir peur de la foudre que celui qui a échappé à la foudre. Tout simplement parce que celui qui a échappé à la foudre ne parle pas de façon théorique mais se fonde sur son expérience, sur son vécu. Concernant les souffrances et les misères subies par tant d’Ivoiriens, qui, mieux que le Président BEDIE, partant de sa propre expérience, peut trouver les mots justes pour apaiser les cœurs et ramener chacun à la raison ? Le moment parait particulièrement indiqué après le dépôt du rapport d’étape de la CDVR. Pour qu’une telle démarche puisse être engagée avec des chances de succès, il me parait utile de remonter un peu le temps pour rappeler le rôle capital joué par le Président BEDIE dans le développement de notre pays et l’ampleur des injustices qui lui ont été causées afin que tous nous prenions conscience de la nécessité d’un mea culpa collectif à l’endroit de cet homme. Certains avancent que « l’ingratitude envers les grands hommes est la marque des peuples forts. » Malgré cet aphorisme, il ne viendrait jamais à l’esprit des Ivoiriens censés de vouer le Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY aux gémonies car nous imaginons aisément dans quel état serait la Côte-d’Ivoire si nous n’avions pas eu la chance d’avoir ce grand homme à sa tête au moment des indépendances. L’éloge fait par le Général de Gaulle au Président HOUPHOUET- BOIGNY disant de lui qu’il était un cerveau politique de premier ordre n’est nullement un propos flatteur pour caresser le premier Président de notre pays dans le sens du poil, quand on sait que le général de Gaulle n’était pas l’homme des dithyrambes ridicules à l’endroit de ses pairs. Nous savons tous en effet quelle était la situation de notre pays à l’aube des indépendances. Notre pays n’était-il pas parmi les derniers de l’ancien empire colonial africain de la France ? Nous savons tous en effet où était située la capitale de l’ancienne AOF et où se trouvait le quartier latin de l’Afrique noire coloniale française. Il fallait que le Président HOUPHOUET-BOIGNY fût là pour que grâce à son exceptionnelle clairvoyance, à sa rare expérience et à son sens particulièrement élevé de l’intérêt général et de l’intérêt supérieur de la nation, ce pays arriéré devînt rapidement ce pays moderne, envié et jalousé par un grand nombre.
Il ne pouvait en être autrement de la part de cet homme qui a très vite compris que la formation était le préalable à tout développement, choisissant d’envoyer des Ivoiriens de tous les horizons en France pour qu’ils acquièrent ce savoir si indispensable à l’essor de leur pays. Peut- on alors s’étonner que celui qui se déclarait son pire adversaire voire son ennemi ait désespérément tenté, une fois au pouvoir de lui ressembler en faisant croire que c’est le grand homme qui lui avait révélé sans témoin qu’il lui ressemblait ? Aujourd’hui, nous sommes tous et toujours fiers de relever que la plupart des réalisations de notre pays datent de l’époque où le Président HOUPHOUET était au pouvoir. Nous découvrons un peu tard que le Président HOUPHOUET-BOIGNY était un grand et vrai nationaliste, un grand et vrai patriote dont l’ambition pour son pays était concret, fuyant donc les idéologies et les dogmes à la phraséologie envahissante et sans consistance. Tous les anciens se souviennent de ce pari avec cet autre président dont le pays a accédé à l’indépendance en 1957. Vingt ans après, la Côte-d’Ivoire était aux premières loges tandis que l’autre pays connaissait la déconfiture. Cependant, sans rien ôter au mérite de ce grand homme, il faut relever qu’il a su, au moment où il le fallait s’entourer d’une équipe à la compétence avérée.
L’un des traits du génie du Président HOUPHOUET-BOIGNY n’a-t-il pas été d’avoir su détecter les hommes qu’il lui fallait et de les avoir placés aux places qu’il fallait ?
On peut ainsi relever que si toute l’équipe qu’il avait sous la main était de qualité, quatre de ses collaborateurs crevaient le plafond, dont le rayonnement était universel :
Arsène Usher ASSOUAN aux Affaires Etrangères. Abdoulaye SAWADOGO à l’Agriculture. Mohamed Tiécoura DIAWARA au Plan. Henri Konan BEDIE à l’Economie et aux Finances. Contrairement à certains chefs d’Etat ou même tout simplement à certains patrons, le Président HOUPHOUET-BOIGNY ne se faisait pas un complexe de la valeur de ses collaborateurs, tirant plutôt profit de cette valeur pour réaliser ses desseins. Les quatre ministres que nous venons de citer plus haut ont été d’un apport décisif dans la politique de développement du Président HOUPHOUET-BOIGNY. Ainsi, nous savons tous que le ministre de l’Economie et des Finances de 1966 à 1977 a été la cheville ouvrière du fameux miracle ivoirien :

- La création des sociétés d’Etat est son œuvre, qui ont boosté le développement de notre pays en en faisant un pays à l’économie florissante.
Si l’on a déploré ici et là certains dérapages, notre pays n’aurait jamais atteint le niveau de développement qu’il a eu sans l’existence prépondérante des sociétés d’Etat.

- Le ministre BEDIE s’est employé à donner le sens du commerce à ses compatriotes en créant la chaîne PAC pour que les Ivoiriens aient en main le commerce de distribution.
Il était heureux de voir dans des lieux reculés un magasin PAC servant les produits de base et bien d’autres produits aux Ivoiriens. Hélas, le départ du ministre BEDIE du gouvernement allait sonner le glas d’une initiative ambitieuse qui aurait garanti l’indépendance de notre pays dans ce domaine. Nous savons aujourd’hui ce qu’il est advenu du commerce de distribution avec la disparition de la chaîne PAC.

- Le carnet d’adresse particulièrement fourni du ministre BEDIE lui a permis de réunir des ressources colossales permettant les investissements les plus variés.

- Un code des investissements judicieux entrainait chez nous des investissements massifs et diversifiés faisant de notre pays la Suisse africaine. Toutes les grandes réalisations de la Côte-d’Ivoire de 1966 à 1977 portent l’empreinte du Ministre BEDIE. Il avait raison lorsqu’il décriait l’attitude des « Ivoiro-pessimistes » qui annonçaient sans se lasser la déconfiture de la Côte-d’Ivoire à brève échéance ! Ce qui ne se produit point. Seule la crise du cacao des années 1980 allait freiner l’élan de notre pays. « Les éternels Cassandre, prophètes d’apocalypses toujours différés » se sont livrés à des prophéties de malheur qui n’arrivèrent jamais !
C’est un matelas financier confortable qu’il laissa à notre pays en 1977 lorsqu’il quittait le gouvernement. On parle de mille (1000) milliards de FCFA !

- Le ministre BEDIE est à l’origine du départ massif d’étudiants à l’étranger, Etats-Unis surtout, qui ont été si utiles pour la croissance de notre pays. Le ministre BEDIE a été pour tout dire le catalyseur de toutes les actions de développement de notre pays ^pendant cette luxuriante période de 1966 à 1977. L’on attendait donc de voir ce qu’il ferait lorsqu’il aurait en main les destinées de la Côte-d’Ivoire. Car cela était inéluctable dans la mesure où il était le dauphin constitutionnel du Père de la nation. Les choses allaient se précipiter quelque peu après le décès du Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY.
Malheureusement accédant au pouvoir, ce n’est pas “le pays où coulait le lait et le miel‘’ qu’il avait laissé en 1977 qu’il retrouvait, mais une Côte d’Ivoire en cessation de paiement, c’est-à-dire en faillite !
Nombre d’analystes et d’observateurs pronostiquaient donc son échec à brève échéance à la tête du pays et naturellement le chaos pour la Côte d’Ivoire ! C’était oublier trop vite que celui-là qui a réalisé tant de prouesses de 1966 à 1977 n’était nullement un novice quant à la maîtrise des rouages de l’économie et de la haute finance ! C’est donc très rapidement que les Ivoiriens allaient (re) découvrir que les grandes et exceptionnelles qualités dont il a fait la preuve lorsqu’il était ministre de l’Economie et des Finances n’étaient nullement volées ! Avec le concours d’un premier ministre qui n’était pas non plus tombé de la dernière pluie en matière économique et de gestion, le président BEDIE rétablissait très vite la confiance en notre pays, cette confiance qui semblait déjà s’éloigner sur la plante des pieds ! Le président BEDIE se permettait même de faire une surprise aux fonctionnaires et agents de l’Etat non seulement en faisant payer leur salaire le 18 décembre mais encore et surtout en leur offrant pour la première fois dans l’histoire de notre pays une gratification !!!
Tout le monde s’accorde à dire que le Président BEDIE ne dit jamais un mot de trop, lui qui a en horreur les slogans creux et les vacarmes inutiles faits autour de la plus infime des réalisations. Le Président BEDIE était “cette force qui va” comme l’écrivait Victor HUGO dans l’une de ses pièces. Il avançait tranquillement et sereinement remportant à chaque étape succès sur succès, victoires sur victoires. Et cela malgré le mot d’ordre de l’opposition d’alors :“rendre le pays ingouvernable.” Tous les actes de sabotage de son action par ses adversaires politiques le laissaient de marbre, sa seule préoccupation étant de faire avancer la Côte d’Ivoire.
Les réalisations furent alors nombreuses et diversifiées :

- L’indépendance énergétique de notre pays devint rapidement une réalité, la Côte d’Ivoire vendant désormais de l’énergie à des pays voisins.

-La formation et l’emploi étant des préoccupations majeures, de grandes écoles professionnelles virent le jour afin que l’étudiant finissant ses études trouve un emploi le plus rapidement possible.

-Il fallait également permettre aux jeunes de se prendre en charge en en faisant de “petits” entrepreneurs. Les fonds sociaux furent mis en place pour ce faire.

-Les soins prodigués aux populations laissant à désirer, de nouveaux centres de santé furent construits en grand nombre pendant qu’on réhabilitait les CHU et CHR. Notons que la refondation passa la première partie de son mandat à inaugurer ces infrastructures qu’elle s’est ensuite abstenue d’entretenir !

-Il n’était un secret pour personne que l’école, du primaire au supérieur, souffrait de mille maux notamment en ce qui concerne les infrastructures.
C’est pourquoi le gouvernement engagea une politique volontariste pour la réhabilitation de l’école. Qui ne se souvient du plan BAD ?

Les salles de classe comme les salles de TD et les amphithéâtres connurent donc un accroissement spectaculaire !
Le dynamisme du régime du président BEDIE de même que le foisonnement des réalisations donnaient à penser qu’on retrouvait la belle époque du miracle ivoirien !
Poursuivant sur sa lancée, le Président BEDIE allait annoncer les douze chantiers de L’Eléphant d’Afrique programme dont on pouvait aisément imaginer que la réalisation était à notre portée, le Président BEDIE étant, comme souligné plus haut, de ceux qui ne parlent jamais de ce qu’ils ne sont pas en mesure de faire. La cerise sur le gâteau a été l’obtention promise en 2001 du PPTE qui permettait au Président BEDIE de dire qu’à partir de 2001, les avancements des fonctionnaires et agents de l’Etat seraient suivis d’effets financiers. Ces déclarations du Président BEDIE signaient l’arrêt de mort de son régime.
Car ses adversaires politiques sachant qu’ils ne pouvaient pas offrir au peuple ivoirien un programme meilleur que celui du Président BEDIE et pouvoir ainsi le battre au cours d’élections régulières n’avaient plus qu’une solution : le coup d’Etat ! Il survint pour notre malheur le 24 décembre 1999, triste cadeau de noël dont la Côte d’Ivoire aurait pu et du se passer tant le désastre pour le pays a été si grand que nous continuons et continuerons encore longtemps de porter les déchirures et les stigmates ! On ne peut qu’être ahuri de noter que certaines personnes, déclarant détenir la vérité absolue, imputent ce sinistre, lugubre et stupide coup d’Etat à huit militaires.
C’est là nous faire prendre les vessies pour des lanternes car le fait d’avoir utilisé quelqu’un pour exécuter un acte n’en fait pas l’auteur réel de cet acte. Et tout le monde sait que ce coup d’Etat de 1999 est l’œuvre de civils qui, ayant échoué partout et en tout n’ont jamais eu le courage d’avouer ce forfait ignoble, a fortiori d’en donner une justification plausible. Et depuis lors les régimes qui se succèdent n’ont plus qu’un seul souci : dissimuler, cacher le régime du Président BEDIE et faire comme s’il n’a jamais existé. Le régime de la refondation s’y est employé avec un acharnement diabolique, le régime du Président BEDIE étant pour les refondateurs l’œil de Caïn qui les poursuivait jusque dans leur tombe.
Et pourtant, c’est grâce au régime du Président BEDIE qu’ils ont trouvé une Côte d’Ivoire prospère qu’ils ont pu piller à volonté pendant 10 ans sans faire un seul investissement. On peut cependant les comprendre car dire du bien du régime du Président BEDIE serait non seulement souligner leurs propres lacunes et leur incurie, mais surtout faire prendre conscience que le changement de régime ne s’imposait aucunement. Ce qui est troublant, c’est de voir certains responsables politiques actuels emprunter la même voie comme si rappeler les six ans de pouvoir du Président BEDIE était un crime de lèse majesté voire un péché mortel. Est-il si difficile de rétablir la vérité des faits et reconnaître qu’après la période du miracle ivoirien, ces six années ont été sans conteste parmi les plus heureuses de la Côte d’Ivoire ? On se délecte en déclarant que le coup d’Etat de 1999 a été réalisé sans effusion de sang en oubliant de dire que c’est parce que le Président BEDIE l’en a voulu ainsi. Il lui suffisait de refuser de quitter le pouvoir et la rébellion aurait été matée dans le sang et cette effusion de sang tant redoutée aurait eu lieu. Admettre que le Président BEDIE a été un grand Président ne jette aucune ombre sur les mérites réels ou supposés de personne. On se grandirait au contraire en le faisant. Dans tous les cas, le Président BEDIE est de ceux qui savent laisser du temps au temps car cet homme sait que même si “la coupe de nos vicissitudes se remplit d’une liqueur changeante”, l’histoire vraie et véritable de notre pays lui rendra justice.
Il est d’ailleurs heureux que certaines voix s’élèvent aujourd’hui pour souligner que le prix Félix HOUPHOUET-BOIGNY pour la recherche de la paix devrait revenir au Président BEDIE. Car aucun responsable politique n’a consenti autant de sacrifices pour que son pays ne sombre pas et cela sans aucun esprit de revanche ou de vengeance. Le président BEDIE aime profondément et passionnément son pays. Il l’a démontré à l’envie en ne posant aucun acte qui pouvait mettre à mal la Côte-d’Ivoire, mettant toujours l’intérêt général et l’intérêt supérieur de la nation au dessus de ses intérêts personnels. Il a ainsi subi toutes les humiliations sans broncher se sacrifiant toujours pour sauver son pays comme on a pu le constater après le premier tour de l’élection présidentielle en 2010. Le président BEDIE est l’archétype du nationaliste et du patriote au sens sain de ces termes. Elever des stèles pour lui rendre hommage pour le rôle déterminant qu’il a joué pratiquement à toutes les époques et même avant l’indépendance de notre pays et dans tous les secteurs ne serait aucunement un acte inutile ni de l’argent jeté par la fenêtre.
Nous avons souligné comment il a remis l’école et la santé en selle dès son accession au pouvoir. Etait-ce trop demander que son nom figurât au fronton de l’une de ces structures. La volonté d’oblitérer son action est toujours présente et si le chef de l’Etat n’avait pas dit publiquement que le troisième pont porterait son nom, certains auraient choisi le nom d’un des génies de nos brousses et de nos forêts ou celui d’un martien plutôt que le nom du président BEDIE. Il est temps pour nous tous de reconnaître les torts que nous avons causés à cet homme, de lui demander pardon et d’obtenir de lui qu’il nous aide à ramener la paix et la réconciliation dans notre pays. Le faiseur de roi serait alors un faiseur de paix !

Maximus Léo
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