La Côte d’Ivoire vient d’être endeuillée par la disparition tragique d’une soixantaine de
citoyens partis assister à des feux d’artifice dans la nuit de la St-Sylvestre. Le
gouvernement ivoirien a confié l’enquête à la police judiciaire. Une décision logique et
qui va de soi, mais qui peut être perçue comme un faux-fuyant. Si une enquête est
nécessaire pour établir les circonstances exactes du drame et les coupables qui y ont
contribué, les responsables, eux sont connus et se connaissent. Mais ils ne semblent pas
prêts à assumer une quelconque responsabilité, ce qui équivaudrait dans leur esprit à un
aveu de culpabilité. Or, tel n’est pas le cas. Le samedi 17 novembre dernier, une collision
entre un autocar scolaire et un train a fait 49 morts, dont 47 enfants à Manfalout, dans le
centre de l’Égypte. Ce drame a entrainé non seulement la démission du ministre des
Transports, mais aussi celle du chef de l’Autorité des chemins de fer. En Chine, dès le
lendemain de la collision entre deux TGV, trois responsables du bureau des chemins de
fer de Shanghaï, dont dépend Wenzhou, ont été limogés. Enfin l’affaire du sang
contaminé en France est un cas d’école en matière de responsabilité. On se souviendra
que pour sa défense, Georgina Dufoix, qui était ministre des Affaires sociales au moment
des faits, employa sur TF1 la désormais célèbre formule « responsable, mais pas
coupable ». C’est justement au nom de ce principe que le ministre égyptien des
Transports démissionna. C’est également au nom de ce principe que Barak Obama, lors
du débat télévisé durant la compagne présidentielle, annonça qu’il assumait l’entière
responsabilité des incidents qui avaient causé la mort de l’ambassadeur américain à
Benghazi. Il s’agit d’une responsabilité qui n’est ni pénale, ni synonyme de culpabilité. Il
s’agit d’une responsabilité morale. Elle n’implique pas forcément une faute directe
même si cela peut parfois être le cas. Assumer cette responsabilité morale en cas d’échec
ou de déconvenue nécessite une force et une grandeur d’âme. Après le drame de la St-
Sylvestre, l’impression générale chez les Ivoiriens est que personne ne se sentira
suffisamment humble pour assumer ce type de responsabilité qui d’ailleurs semble
inconnue chez nous. Car comme le dit un internaute sur Twitter «les dirigeants aiment
le miel, mais ne connaissent pas les abeilles». Pour sûr, nos dirigeants manqueront de
courage moral pour assumer leurs responsabilités. C'est le District d’Abidjan qui a
organisé ce spectacle de feux d’artifice. De toute évidence, il y a eu des manquements
graves au niveau de l’organisation. L’enquête livrera sans doute ses conclusions dans
quelques jours. Quelques subalternes recevront des blâmes ou pire. Une prise en charge
sera offerte aux victimes. La vie continuera comme avant. Comme elle a continué après
l’accident du bus de la Sotra le 5 aout 2011 et dont l’enquête n’a encore livré aucune
conclusion. En attendant qu’un jour nos responsables acceptent d’être responsables.
Jacques Nagnin.T
citoyens partis assister à des feux d’artifice dans la nuit de la St-Sylvestre. Le
gouvernement ivoirien a confié l’enquête à la police judiciaire. Une décision logique et
qui va de soi, mais qui peut être perçue comme un faux-fuyant. Si une enquête est
nécessaire pour établir les circonstances exactes du drame et les coupables qui y ont
contribué, les responsables, eux sont connus et se connaissent. Mais ils ne semblent pas
prêts à assumer une quelconque responsabilité, ce qui équivaudrait dans leur esprit à un
aveu de culpabilité. Or, tel n’est pas le cas. Le samedi 17 novembre dernier, une collision
entre un autocar scolaire et un train a fait 49 morts, dont 47 enfants à Manfalout, dans le
centre de l’Égypte. Ce drame a entrainé non seulement la démission du ministre des
Transports, mais aussi celle du chef de l’Autorité des chemins de fer. En Chine, dès le
lendemain de la collision entre deux TGV, trois responsables du bureau des chemins de
fer de Shanghaï, dont dépend Wenzhou, ont été limogés. Enfin l’affaire du sang
contaminé en France est un cas d’école en matière de responsabilité. On se souviendra
que pour sa défense, Georgina Dufoix, qui était ministre des Affaires sociales au moment
des faits, employa sur TF1 la désormais célèbre formule « responsable, mais pas
coupable ». C’est justement au nom de ce principe que le ministre égyptien des
Transports démissionna. C’est également au nom de ce principe que Barak Obama, lors
du débat télévisé durant la compagne présidentielle, annonça qu’il assumait l’entière
responsabilité des incidents qui avaient causé la mort de l’ambassadeur américain à
Benghazi. Il s’agit d’une responsabilité qui n’est ni pénale, ni synonyme de culpabilité. Il
s’agit d’une responsabilité morale. Elle n’implique pas forcément une faute directe
même si cela peut parfois être le cas. Assumer cette responsabilité morale en cas d’échec
ou de déconvenue nécessite une force et une grandeur d’âme. Après le drame de la St-
Sylvestre, l’impression générale chez les Ivoiriens est que personne ne se sentira
suffisamment humble pour assumer ce type de responsabilité qui d’ailleurs semble
inconnue chez nous. Car comme le dit un internaute sur Twitter «les dirigeants aiment
le miel, mais ne connaissent pas les abeilles». Pour sûr, nos dirigeants manqueront de
courage moral pour assumer leurs responsabilités. C'est le District d’Abidjan qui a
organisé ce spectacle de feux d’artifice. De toute évidence, il y a eu des manquements
graves au niveau de l’organisation. L’enquête livrera sans doute ses conclusions dans
quelques jours. Quelques subalternes recevront des blâmes ou pire. Une prise en charge
sera offerte aux victimes. La vie continuera comme avant. Comme elle a continué après
l’accident du bus de la Sotra le 5 aout 2011 et dont l’enquête n’a encore livré aucune
conclusion. En attendant qu’un jour nos responsables acceptent d’être responsables.
Jacques Nagnin.T