Après un petit moment de repli médiatique, Guillaume Kigbafori Soro, très actif sur la toile se prononce enfin sur la guéguerre entre lui et le ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko. Dans cet entretien publié sur son site internet, le président de l’Assemblée nationale lève un coin du voile sur ses ambitions politiques.
Depuis la clôture de la deuxième session ordinaire, l’on ne vous a plus entendu du tout.
Je me suis interdit de parler pour ne rien dire. Quand ce que l’on a à dire n’est pas plus beau que le silence, alors on se tait. Du reste, j’ai accepté cet échange parce que vous m’avez assuré qu’on ne parlerait que des T.I.C.
Au mois d’octobre 2012, lors d’un déjeuner avec la presse diplomatique à Paris, vous affirmiez que dans le conflit malien, la supériorité militaire viendrait de l’aviation. En saviez-vous déjà quelque chose ?
Avec vous les journalistes, il faut toujours réfléchir par deux fois. Pour vous répondre, je dirai que le Mali, ce pays frère et ami de la Côte d’Ivoire, traverse des moments difficiles et douloureux. Personne ne pouvait accepter la remise en cause de son intégrité territoriale. Aussi, une intervention militaire s’avérait-elle incontournable. Les informations en ma possession faisaient état de ce que les Jihadistes étaient bien armés et avaient une parfaite connaissance du terrain. Et plus les jours passaient, plus ils consolidaient leurs positions militaires et leurs assises sociologiques. Il apparaissait dès lors inévitable que l’option militaire pour endiguer leur progression et les faire replier devait être sérieusement envisagée. Et dans ce cas de figure, l’avantage décisif dans ce type de confrontation repose principalement sur une vraie capacité militaire aérienne. En résumé, dans un territoire grand comme deux fois la France et peut-être quatre fois la Côte d’Ivoire, avec une armée caractérisée par son extrême mobilité, seule la maîtrise du ciel pouvait les déstabiliser. Prions pour que les choses s’arrangent au plus vite dans ce pays.
Au cours de ce même déjeuner, l’on s’étonnait d’une étonnante apathie de la partie ghanéenne en matière de lutte contre la criminalité transfrontalière, notamment de la part de cellules de déstabilisation dirigées par des exilés ivoiriens. Vous affirmiez que les choses pourraient s’accélérer au Ghana après l’élection présidentielle. Moins d’un mois après l’élection ghanéenne, Blé Goudé Charles est arrêté et extradé en Côte d’Ivoire!
Je n’aime pas beaucoup commenter les arrestations car j’ai moi-même été arrêté à cinq reprises dans mon pays pendant mes années de militantisme estudiantin. Toutefois, je peux dire que je préférais la prison dans mon pays où je pourrais faire face à la justice qu’une vie de fugitif car je sais aussi ce que c’est que d’avoir des montées d’adrénaline en permanence et de devoir se cacher tous les jours. C’est pire que la prison, croyez-moi. Quant aux relations entre le Ghana et la Côte d’Ivoire, c’est une évidence, nous sommes condamnés à les améliorer et à nous entendre. Ceux des Ivoiriens qui y sont refugiés ont tort de penser qu’il pourrait en être autrement. Je vous le dis, les Etats n’ont pas d’amis ; ils ont des intérêts. Quelque soit le Président qui y serait élu, il deviendrait forcément l’homologue du président Ouattara.
Que vous inspire la situation en République centrafricaine ? On a l’impression que certaines rebellions veulent s’inspirer de vous. On a lu que la rébellion du Seleka vous a contacté, que le M23 vous a cité en exemple et que même le capitaine Sanogo tenterait d’entrer en contact avec vous…
Tout ce que vous dites ne peut pas être vrai ! Toujours est il que mon expérience personnelle m’a enseignée que quelque soit les raisons qui fondent la prise des armes, il faut aller rapidement au dialogue et à la négociation. Le monde a changé. On ne peut plus accéder au pouvoir par les armes. L’éveil des consciences des peuples est tel qu’il n’y a pas d’autres alternatives. J’encourage les uns et les autres à maintenir le cap du dialogue. D’ailleurs, je connais bien le président Bozizé depuis belle lurette, notamment à Lomé où nous avons longuement discuté en 2002 avant sa prise de pouvoir. Je salue les chefs d’Etat de la Ceeac (Ndlr : Communauté économique des états de l’Afrique centrale) qui ont fait preuve de réactivité dans la résolution pacifique de la crise centrafricaine. J’ai aussi connu le Président Kabila quand j’étais Premier ministre. Il m’avait invité à venir à Kinshasa. Je vais m’organiser pour honorer ce rendez-vous auquel je tiens.
Vous êtes très présent sur les réseaux sociaux. Et à en croire certains sites Internet, une guerre de succession vous opposerait à votre ami et frère le ministre Hamed Bakayoko ?
Ça alors ! Vous ne trouvez pas qu’il est indécent de parler de succession alors que le président Alassane Ouattara n’est même pas encore à la moitié de son mandat présidentiel ? Vous nous croyez à ce point idiot pour nourrir des ambitions farfelues ? En tout cas, pour ce qui me concerne, je ne m’inscrirai jamais dans une guerre de succession. Je sais qui je suis et d’où je viens. Mon père m’a enseigné que quelque soit le succès, il ne faut jamais prendre la grosse tête. Je l’ai déjà dit au cours d’une interview à la Rti, je le répète et je vous prie de bien le noter : Ce n’est pas parce que la foule vous a applaudi à quelques meetings que vous allez vous découvrir un destin présidentiel.
Mais Jeune Afrique et La Lettre du Continent évoquent une guerre larvée de succession.
Je vous invite à sortir de la désinformation. Je vous le demande : Quelle est donc cette fameuse guerre où l’on ne compte ni mort ni blessé ? Dites-moi, en avez-vous dénombré ? Il ne peut y avoir de guerre de succession puisque je l’ai déjà dit dans une interview à Jeune Afrique en Mars 2012, je n’ai d’autre ambition que de travailler à la réélection du président Alassane Ouattara, dès le premier tour, en 2015. Je sais que le président n’aime pas que j’en parle trop tôt mais c’est ma conviction propre et je ne peux m’empêcher de la déclarer. Tenez, je vais même vous révéler mon agenda caché. Il y a des points inscrits. En premier lieu, c’est le rayonnement de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire et secundo, la réélection du président Ouattara au premier tour en 2015. Il faut que ce soit clair pour tous. Je suis jeune, pourquoi me précipiterai-je ? L’ancien séminariste que je suis, sait que les Ecritures saintes enseignent que la précipitation est du diable, Dieu agit lentement.
Quels sont Aujourd’hui les rapports entre Hamed Bakayoko et vous ?
Hamed Bakayoko demeure mon ami et mon frère. Nous sommes tous deux surpris et ahuris qu’un pavé jeté dans la mare ait pu emballer les journalistes et déclencher cette ire médiatique. Hamed et moi, nous nous sommes retrouvés pour recouper nos informations et nous avons compris que tout ceci était l’œuvre d’une officine basée dans un pays voisin qui a usé d’une tactique classique, désormais bien connue des services de Police. Créer la rumeur, l’alimenter en la nourrissant d’intoxication et la propager. En sachant qu’une fois la rumeur créée et distillée dans le corps social, elle laissera forcément des traces et il faudrait un temps bien long pour qu’elle meurt. Donc rassurez-vous, nous savons exactement d’où vient ce lynchage médiatique et nous connaissons les commanditaires et les acteurs. Tout le reste n’est qu’affabulation et chimère. L’objectif de l’officine est de semer la zizanie dans l’équipe du président Alassane Ouattara. Grâce à Dieu, ils ne réussiront pas. Le président Ouattara doit être réélu en 2015. Nous ne sommes pas dans une fin de règne, loin de là ! J’ai l’intelligence des ambitions mesurées ; Ne tombez pas dans la désinformation manigancée par l’officine que vous savez. Pas plus tard qu’hier samedi (Ndlr : 19 janvier 2013) le ministre Hamed Bakayoko m’a appelé pour me prévenir que des articles plus coriaces en provenance de l’officine que je vous ai décrite, paraitraient tout au long de cette semaine. Je suis donc averti et je saurai les prendre à leur juste dimension. Gouverner, c’est prévoir ne dit-on pas. A bon entendeur salut.
Source : www.guillaumesoro.com
Depuis la clôture de la deuxième session ordinaire, l’on ne vous a plus entendu du tout.
Je me suis interdit de parler pour ne rien dire. Quand ce que l’on a à dire n’est pas plus beau que le silence, alors on se tait. Du reste, j’ai accepté cet échange parce que vous m’avez assuré qu’on ne parlerait que des T.I.C.
Au mois d’octobre 2012, lors d’un déjeuner avec la presse diplomatique à Paris, vous affirmiez que dans le conflit malien, la supériorité militaire viendrait de l’aviation. En saviez-vous déjà quelque chose ?
Avec vous les journalistes, il faut toujours réfléchir par deux fois. Pour vous répondre, je dirai que le Mali, ce pays frère et ami de la Côte d’Ivoire, traverse des moments difficiles et douloureux. Personne ne pouvait accepter la remise en cause de son intégrité territoriale. Aussi, une intervention militaire s’avérait-elle incontournable. Les informations en ma possession faisaient état de ce que les Jihadistes étaient bien armés et avaient une parfaite connaissance du terrain. Et plus les jours passaient, plus ils consolidaient leurs positions militaires et leurs assises sociologiques. Il apparaissait dès lors inévitable que l’option militaire pour endiguer leur progression et les faire replier devait être sérieusement envisagée. Et dans ce cas de figure, l’avantage décisif dans ce type de confrontation repose principalement sur une vraie capacité militaire aérienne. En résumé, dans un territoire grand comme deux fois la France et peut-être quatre fois la Côte d’Ivoire, avec une armée caractérisée par son extrême mobilité, seule la maîtrise du ciel pouvait les déstabiliser. Prions pour que les choses s’arrangent au plus vite dans ce pays.
Au cours de ce même déjeuner, l’on s’étonnait d’une étonnante apathie de la partie ghanéenne en matière de lutte contre la criminalité transfrontalière, notamment de la part de cellules de déstabilisation dirigées par des exilés ivoiriens. Vous affirmiez que les choses pourraient s’accélérer au Ghana après l’élection présidentielle. Moins d’un mois après l’élection ghanéenne, Blé Goudé Charles est arrêté et extradé en Côte d’Ivoire!
Je n’aime pas beaucoup commenter les arrestations car j’ai moi-même été arrêté à cinq reprises dans mon pays pendant mes années de militantisme estudiantin. Toutefois, je peux dire que je préférais la prison dans mon pays où je pourrais faire face à la justice qu’une vie de fugitif car je sais aussi ce que c’est que d’avoir des montées d’adrénaline en permanence et de devoir se cacher tous les jours. C’est pire que la prison, croyez-moi. Quant aux relations entre le Ghana et la Côte d’Ivoire, c’est une évidence, nous sommes condamnés à les améliorer et à nous entendre. Ceux des Ivoiriens qui y sont refugiés ont tort de penser qu’il pourrait en être autrement. Je vous le dis, les Etats n’ont pas d’amis ; ils ont des intérêts. Quelque soit le Président qui y serait élu, il deviendrait forcément l’homologue du président Ouattara.
Que vous inspire la situation en République centrafricaine ? On a l’impression que certaines rebellions veulent s’inspirer de vous. On a lu que la rébellion du Seleka vous a contacté, que le M23 vous a cité en exemple et que même le capitaine Sanogo tenterait d’entrer en contact avec vous…
Tout ce que vous dites ne peut pas être vrai ! Toujours est il que mon expérience personnelle m’a enseignée que quelque soit les raisons qui fondent la prise des armes, il faut aller rapidement au dialogue et à la négociation. Le monde a changé. On ne peut plus accéder au pouvoir par les armes. L’éveil des consciences des peuples est tel qu’il n’y a pas d’autres alternatives. J’encourage les uns et les autres à maintenir le cap du dialogue. D’ailleurs, je connais bien le président Bozizé depuis belle lurette, notamment à Lomé où nous avons longuement discuté en 2002 avant sa prise de pouvoir. Je salue les chefs d’Etat de la Ceeac (Ndlr : Communauté économique des états de l’Afrique centrale) qui ont fait preuve de réactivité dans la résolution pacifique de la crise centrafricaine. J’ai aussi connu le Président Kabila quand j’étais Premier ministre. Il m’avait invité à venir à Kinshasa. Je vais m’organiser pour honorer ce rendez-vous auquel je tiens.
Vous êtes très présent sur les réseaux sociaux. Et à en croire certains sites Internet, une guerre de succession vous opposerait à votre ami et frère le ministre Hamed Bakayoko ?
Ça alors ! Vous ne trouvez pas qu’il est indécent de parler de succession alors que le président Alassane Ouattara n’est même pas encore à la moitié de son mandat présidentiel ? Vous nous croyez à ce point idiot pour nourrir des ambitions farfelues ? En tout cas, pour ce qui me concerne, je ne m’inscrirai jamais dans une guerre de succession. Je sais qui je suis et d’où je viens. Mon père m’a enseigné que quelque soit le succès, il ne faut jamais prendre la grosse tête. Je l’ai déjà dit au cours d’une interview à la Rti, je le répète et je vous prie de bien le noter : Ce n’est pas parce que la foule vous a applaudi à quelques meetings que vous allez vous découvrir un destin présidentiel.
Mais Jeune Afrique et La Lettre du Continent évoquent une guerre larvée de succession.
Je vous invite à sortir de la désinformation. Je vous le demande : Quelle est donc cette fameuse guerre où l’on ne compte ni mort ni blessé ? Dites-moi, en avez-vous dénombré ? Il ne peut y avoir de guerre de succession puisque je l’ai déjà dit dans une interview à Jeune Afrique en Mars 2012, je n’ai d’autre ambition que de travailler à la réélection du président Alassane Ouattara, dès le premier tour, en 2015. Je sais que le président n’aime pas que j’en parle trop tôt mais c’est ma conviction propre et je ne peux m’empêcher de la déclarer. Tenez, je vais même vous révéler mon agenda caché. Il y a des points inscrits. En premier lieu, c’est le rayonnement de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire et secundo, la réélection du président Ouattara au premier tour en 2015. Il faut que ce soit clair pour tous. Je suis jeune, pourquoi me précipiterai-je ? L’ancien séminariste que je suis, sait que les Ecritures saintes enseignent que la précipitation est du diable, Dieu agit lentement.
Quels sont Aujourd’hui les rapports entre Hamed Bakayoko et vous ?
Hamed Bakayoko demeure mon ami et mon frère. Nous sommes tous deux surpris et ahuris qu’un pavé jeté dans la mare ait pu emballer les journalistes et déclencher cette ire médiatique. Hamed et moi, nous nous sommes retrouvés pour recouper nos informations et nous avons compris que tout ceci était l’œuvre d’une officine basée dans un pays voisin qui a usé d’une tactique classique, désormais bien connue des services de Police. Créer la rumeur, l’alimenter en la nourrissant d’intoxication et la propager. En sachant qu’une fois la rumeur créée et distillée dans le corps social, elle laissera forcément des traces et il faudrait un temps bien long pour qu’elle meurt. Donc rassurez-vous, nous savons exactement d’où vient ce lynchage médiatique et nous connaissons les commanditaires et les acteurs. Tout le reste n’est qu’affabulation et chimère. L’objectif de l’officine est de semer la zizanie dans l’équipe du président Alassane Ouattara. Grâce à Dieu, ils ne réussiront pas. Le président Ouattara doit être réélu en 2015. Nous ne sommes pas dans une fin de règne, loin de là ! J’ai l’intelligence des ambitions mesurées ; Ne tombez pas dans la désinformation manigancée par l’officine que vous savez. Pas plus tard qu’hier samedi (Ndlr : 19 janvier 2013) le ministre Hamed Bakayoko m’a appelé pour me prévenir que des articles plus coriaces en provenance de l’officine que je vous ai décrite, paraitraient tout au long de cette semaine. Je suis donc averti et je saurai les prendre à leur juste dimension. Gouverner, c’est prévoir ne dit-on pas. A bon entendeur salut.
Source : www.guillaumesoro.com