La consommation de poisson braisé, poulet braisé, banane, igname et taro braisé, a des répercutions sur la santé de l’homme, pouvant entrainer sa mort. Les repas dont les cuissons se font en contact direct avec le feu de bois ou le charbon, peuvent donner du cancer aux consommateurs, si certaines règles ne sont pas respectées. Le cas le plus grave est celui du bois frais utilisé pour fumer le poisson. Or, en Côte d’Ivoire, le charbon de bois constitue la première source d’énergie domestique. Dans la plupart des ménages, le charbon de bois vient en supplément au gaz. Environ 400.000 tonnes de charbon de bois sont produits chaque année dont 200 à 250.000 tonnes sont consommées uniquement par la seule ville d’Abidjan. La tendance à la coupe du bois vert pour la carbonisation se répand de plus en plus.
L’ignorance qui conduit à une mort silencieuse
Tous les charbons sont cancérigènes à cause du carbone qui se dépose sur les aliments lors du fumage et/ou des grillades. La fumée dégagée provoque des difficultés respiratoires et des baisses de la vue au niveau des ménagères selon le rapport de l’Agence nationale de sécurité alimentaire. Qu’il soit électrique, à gaz ou à charbon de bois, une cuisson trop forte entraîne la carbonisation du matériel et des aliments. Ces éléments tout comme les Hydrocarbures aromatiques polycycliques sont reconnus comme cancérigènes par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) et de l’Organisation mondiale de la santé (Oms). L’ensemble des données scientifiques actuellement disponibles montre que le risque de surexposition alimentaire à ces composés par l’utilisation de grillage est réel. L’Anses, (Agence nationale de sécurité sanitaire) et la Commission de la sécurité des consommateurs ont réalisé un rapport sur le sujet. Le rapport précise que «la cuisson d’aliments à des températures élevées, en particulier en contact direct avec la flamme, conduit à la formation en surface de composés chimiques dont certains comme les Hydrocarbures aromatiques polycycliques (Hap), ont des propriétés cancérigènes. La source majeure de contamination des denrées alimentaires par les Hap est liée aux procédés de traitement thermique des aliments. En l’état actuel, il n’existe pas de lignes directrices définissant des limites maximales ou des niveaux tolérables en Hap. A Abidjan comme à l’intérieur du pays, nombreux sont les Ivoiriens qui apprécient le poisson braisé, le poulet braisé, l’igname, la banane, le taro. Tous ces aliments cuits en contact direct avec le charbon contiennent des éléments cancérigènes. Malheureusement, ces populations en savent peu. Les populations ont besoin du charbon de bois pour cuire les aliments surtout avec nos différentes méthodes culinaires.
Un véritable poison
Cependant, certains bois utilisés sont très toxiques. Selon Laurent Aké-Assi, Ethnobotaniste, éminent Professeur à l’Université de Cocody, «Le bois bété, le tali de forêt et de savane, sont des bois très toxiques qui agissent sur le cœur de l’homme, pouvant entrainer sa mort». M. Ballé Pity, ex-Directeur général du Centre technique forestier tropical de Côte d’Ivoire (Ctft-ci), structure intégrée aujourd’hui au Centre national de la recherche agronomique, abonde dans le même sens. «Le bois vert de l’hévéa est toxique, au même titre que le bois bété, dont le nom scientifique est (Mansonia altissima). Il s’agit principalement au niveau des substances chimiques contenues dans le caoutchouc (pour l’hévéa) et de la mansoïne contenue dans le bois bété. Cette substance a été isolée par feu Professeur Frédéric Guédé Guina. C’est un poison dangereux que les Bété utilisaient pour empoisonner leurs flèches», révèle l’ancien patron du Ctft-ci. Le tali est une essence que l’on retrouve principalement en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Congo-Brazzaville et au Gabon. Son écorce fournit un poison mortel. Il faut retenir que les aliments les plus nocifs sont ceux qui sont directement fumés et braisés (poissons fumés et divers poulets et poissons dits «piqués» avec du bois d’hévéa coupés verts (la pyrolyse). Mais, une fois carbonisé, son charbon est-il toujours toxique ? Le charbon végétal est un produit économique et très accessible. Il est efficace et reconnu pour avoir de puissantes capacités de désintoxication de l’organisme. Ces propretés ont été médicalement testées. Il attire les résidus des stupéfiants de l’alcool, des produits chimiques, et est très efficace contre l’empoisonnement alimentaires, et neutralise les piqures d’insectes (Source Neuwith medical products). Le charbon en tant qu’entité est un très bon médicament. Mais c’est sa mauvaise utilisation dans la confession des plats, qui pose problème. Notons que les aliments les plus nocifs sont ceux qui sont directement fumés et braisés (poissons fumés et divers poulets et poissons dits «piqués») avec du bois d’hévéa coupés verts (la pyrolyse, c’est-à-dire la carbonisation réduisant la nocivité avec possibilité d’évaporation de certaines composantes chimiques).
Les vendeuses de poissons braisés : «On s’en fout de la fumée et du cancer»
Koffi Akissi Virginie, 35 ans environs. Elle est vendeuse de poisson braisé depuis 3 ans, dans les environs de la mairie de Yopougon. Elle pense que plus le feu est intense, vite le poisson cuit et elle peut faire beaucoup de bénéfices. «On souffle le feu comme ça quand il y a un peu de flamme, le poisson cuit vite. Les clients attendent, donc on doit faire vite. Quand tu dis on peut tomber malade, c’est vrai mais, nous on ne sait pas tout ça. Des fois, quand je suis couchée, ma tête me fait très mal. Mais après ça passe. Cette affaire de cancer fait peur. Mais, si on ne fait pas ça on va manger quoi et comment allons-nous mettre nos enfants à l’école ?», s’interroge la jeune dame. Les clients s’impatientent et elle prend congé de nous. Terminus 40, toujours dans la commune de Yopougon, un épais nuage de fumée dans l’air. Les flammes sous les poissons, les femmes s’activent. Certaines nettoient le poisson, tandis que, d’autres les passent au feu. Des jeunes filles soufflent le feu sans arrêt. Il faut faire vite. Les clients attendent. La flamme fait monter la fumée. Commerçantes comme clients, tout le monde inhale la fumée. Akissi, c’est tout le nom qu’elle a donné, reconnait que le métier est difficile. Mais, elle refuse d’admettre que plus le feu est fort, cela peut transmettre le cancer. Cette révélation la met hors d’elle et nous invite à quitter son box. Tous les regards sont tournés vers nous. Inutile pour nous de demander à fixer des images. «Quittez devant mon poisson. C’est ce que je fais pour nourrir mes enfants. Allez-y là-bas avec vos mensonges», nous lance dame Akissi très en colère. Le cap est mis sur Abobodoumé, un quartier de la même commune, véritable fumoir de poisson. Des barriques coupées sur lesquelles sont posées des grillages qui servent à fumer le poisson, sont posées au sol, avec une entrée d’un côté. Des morceaux de bois y sont disposés, ainsi que de la peau de manioc séchée, et la coque de coco. Tout ce qui peut augmenter la fumée est utile. Elles sont noyées au milieu de la fumée, les yeux rouges. Les morceaux de pagnes noués autour de la taille leur servent à nettoyer les larmes qui coulent des yeux. Elles nous font savoir que ce procédé qui consiste à utiliser les débris de manioc et de coque de coco, permet de bien fumer le poison, et le rend plus dur. Chez les femmes fumeuses de poisson, c’est la fumée qui permet d’avoir du très bon poisson séché.
Les producteurs de charbon ne respectent aucune norme
Les charbonniers utilisent plusieurs essences de bois dans la même meule et/ou dans le même four sans tenir compte de la qualité du bois pour faire le charbon. Tout y passe, pourvu qu’ils soient carbonisés et mis en vente sur le marché pour se faire de l’argent. Selon Aboya Ahoué Roger, jeune producteur de charbon originaire du village de Bodo, carrefour de Tiassalé, sur l’autoroute du Nord, plusieurs espèces de bois sont utilisées pour la production du charbon. Compte tenu de la rareté des essences, due à la disparition de la forêt, il est difficile, à l’en croire, d’utiliser une seule espèce pour faire un four. «Le Cassia siaméa, le Kroma, le teck, le colatier, le fraké, le framiré, le tali, l’hévéa, le bois bété, tout ce qu’on trouve comme bois dans les jachères, on les prend pour faire du charbon. On peut retrouver quinze espèces dans une meule ou dans un four», affirme-t-il. Dans la zone d’Abidjan, l’essence utilisée est l’hévéa. Guéi Tapé Franck, Chef du cantonnement forestier de Dabou indique que les propriétaires mettent les anciennes plantations à la disposition des producteurs de charbon pour renouveler leur exploitation.
L’Etat de Côte d’Ivoire a failli à son devoir
L’Etat de Côte d’Ivoire doit prendre ses responsabilités, pour sensibiliser les populations sur les risques qu’elles courent, et leur montrer la voie à suivre par des gestes simples qui peuvent permettre de sauver de nombreuses personnes qui s’exposent au cancer, par ignorance. Il faut que les recherches plus poussées soient menées par tous les laboratoires susceptibles de jeter les bases d’une normalisation sur la qualité du charbon (nature des essences utilisées et modes de fabrication et d’utilisation). Ce projet pourrait être financé par les Districts autonomes, les Agences de coopération bilatérale et multilatérale, car il s’agit d’un problème de santé publique.
Dossier réalisé par : Fatime Souamée
L’ignorance qui conduit à une mort silencieuse
Tous les charbons sont cancérigènes à cause du carbone qui se dépose sur les aliments lors du fumage et/ou des grillades. La fumée dégagée provoque des difficultés respiratoires et des baisses de la vue au niveau des ménagères selon le rapport de l’Agence nationale de sécurité alimentaire. Qu’il soit électrique, à gaz ou à charbon de bois, une cuisson trop forte entraîne la carbonisation du matériel et des aliments. Ces éléments tout comme les Hydrocarbures aromatiques polycycliques sont reconnus comme cancérigènes par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) et de l’Organisation mondiale de la santé (Oms). L’ensemble des données scientifiques actuellement disponibles montre que le risque de surexposition alimentaire à ces composés par l’utilisation de grillage est réel. L’Anses, (Agence nationale de sécurité sanitaire) et la Commission de la sécurité des consommateurs ont réalisé un rapport sur le sujet. Le rapport précise que «la cuisson d’aliments à des températures élevées, en particulier en contact direct avec la flamme, conduit à la formation en surface de composés chimiques dont certains comme les Hydrocarbures aromatiques polycycliques (Hap), ont des propriétés cancérigènes. La source majeure de contamination des denrées alimentaires par les Hap est liée aux procédés de traitement thermique des aliments. En l’état actuel, il n’existe pas de lignes directrices définissant des limites maximales ou des niveaux tolérables en Hap. A Abidjan comme à l’intérieur du pays, nombreux sont les Ivoiriens qui apprécient le poisson braisé, le poulet braisé, l’igname, la banane, le taro. Tous ces aliments cuits en contact direct avec le charbon contiennent des éléments cancérigènes. Malheureusement, ces populations en savent peu. Les populations ont besoin du charbon de bois pour cuire les aliments surtout avec nos différentes méthodes culinaires.
Un véritable poison
Cependant, certains bois utilisés sont très toxiques. Selon Laurent Aké-Assi, Ethnobotaniste, éminent Professeur à l’Université de Cocody, «Le bois bété, le tali de forêt et de savane, sont des bois très toxiques qui agissent sur le cœur de l’homme, pouvant entrainer sa mort». M. Ballé Pity, ex-Directeur général du Centre technique forestier tropical de Côte d’Ivoire (Ctft-ci), structure intégrée aujourd’hui au Centre national de la recherche agronomique, abonde dans le même sens. «Le bois vert de l’hévéa est toxique, au même titre que le bois bété, dont le nom scientifique est (Mansonia altissima). Il s’agit principalement au niveau des substances chimiques contenues dans le caoutchouc (pour l’hévéa) et de la mansoïne contenue dans le bois bété. Cette substance a été isolée par feu Professeur Frédéric Guédé Guina. C’est un poison dangereux que les Bété utilisaient pour empoisonner leurs flèches», révèle l’ancien patron du Ctft-ci. Le tali est une essence que l’on retrouve principalement en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Congo-Brazzaville et au Gabon. Son écorce fournit un poison mortel. Il faut retenir que les aliments les plus nocifs sont ceux qui sont directement fumés et braisés (poissons fumés et divers poulets et poissons dits «piqués» avec du bois d’hévéa coupés verts (la pyrolyse). Mais, une fois carbonisé, son charbon est-il toujours toxique ? Le charbon végétal est un produit économique et très accessible. Il est efficace et reconnu pour avoir de puissantes capacités de désintoxication de l’organisme. Ces propretés ont été médicalement testées. Il attire les résidus des stupéfiants de l’alcool, des produits chimiques, et est très efficace contre l’empoisonnement alimentaires, et neutralise les piqures d’insectes (Source Neuwith medical products). Le charbon en tant qu’entité est un très bon médicament. Mais c’est sa mauvaise utilisation dans la confession des plats, qui pose problème. Notons que les aliments les plus nocifs sont ceux qui sont directement fumés et braisés (poissons fumés et divers poulets et poissons dits «piqués») avec du bois d’hévéa coupés verts (la pyrolyse, c’est-à-dire la carbonisation réduisant la nocivité avec possibilité d’évaporation de certaines composantes chimiques).
Les vendeuses de poissons braisés : «On s’en fout de la fumée et du cancer»
Koffi Akissi Virginie, 35 ans environs. Elle est vendeuse de poisson braisé depuis 3 ans, dans les environs de la mairie de Yopougon. Elle pense que plus le feu est intense, vite le poisson cuit et elle peut faire beaucoup de bénéfices. «On souffle le feu comme ça quand il y a un peu de flamme, le poisson cuit vite. Les clients attendent, donc on doit faire vite. Quand tu dis on peut tomber malade, c’est vrai mais, nous on ne sait pas tout ça. Des fois, quand je suis couchée, ma tête me fait très mal. Mais après ça passe. Cette affaire de cancer fait peur. Mais, si on ne fait pas ça on va manger quoi et comment allons-nous mettre nos enfants à l’école ?», s’interroge la jeune dame. Les clients s’impatientent et elle prend congé de nous. Terminus 40, toujours dans la commune de Yopougon, un épais nuage de fumée dans l’air. Les flammes sous les poissons, les femmes s’activent. Certaines nettoient le poisson, tandis que, d’autres les passent au feu. Des jeunes filles soufflent le feu sans arrêt. Il faut faire vite. Les clients attendent. La flamme fait monter la fumée. Commerçantes comme clients, tout le monde inhale la fumée. Akissi, c’est tout le nom qu’elle a donné, reconnait que le métier est difficile. Mais, elle refuse d’admettre que plus le feu est fort, cela peut transmettre le cancer. Cette révélation la met hors d’elle et nous invite à quitter son box. Tous les regards sont tournés vers nous. Inutile pour nous de demander à fixer des images. «Quittez devant mon poisson. C’est ce que je fais pour nourrir mes enfants. Allez-y là-bas avec vos mensonges», nous lance dame Akissi très en colère. Le cap est mis sur Abobodoumé, un quartier de la même commune, véritable fumoir de poisson. Des barriques coupées sur lesquelles sont posées des grillages qui servent à fumer le poisson, sont posées au sol, avec une entrée d’un côté. Des morceaux de bois y sont disposés, ainsi que de la peau de manioc séchée, et la coque de coco. Tout ce qui peut augmenter la fumée est utile. Elles sont noyées au milieu de la fumée, les yeux rouges. Les morceaux de pagnes noués autour de la taille leur servent à nettoyer les larmes qui coulent des yeux. Elles nous font savoir que ce procédé qui consiste à utiliser les débris de manioc et de coque de coco, permet de bien fumer le poison, et le rend plus dur. Chez les femmes fumeuses de poisson, c’est la fumée qui permet d’avoir du très bon poisson séché.
Les producteurs de charbon ne respectent aucune norme
Les charbonniers utilisent plusieurs essences de bois dans la même meule et/ou dans le même four sans tenir compte de la qualité du bois pour faire le charbon. Tout y passe, pourvu qu’ils soient carbonisés et mis en vente sur le marché pour se faire de l’argent. Selon Aboya Ahoué Roger, jeune producteur de charbon originaire du village de Bodo, carrefour de Tiassalé, sur l’autoroute du Nord, plusieurs espèces de bois sont utilisées pour la production du charbon. Compte tenu de la rareté des essences, due à la disparition de la forêt, il est difficile, à l’en croire, d’utiliser une seule espèce pour faire un four. «Le Cassia siaméa, le Kroma, le teck, le colatier, le fraké, le framiré, le tali, l’hévéa, le bois bété, tout ce qu’on trouve comme bois dans les jachères, on les prend pour faire du charbon. On peut retrouver quinze espèces dans une meule ou dans un four», affirme-t-il. Dans la zone d’Abidjan, l’essence utilisée est l’hévéa. Guéi Tapé Franck, Chef du cantonnement forestier de Dabou indique que les propriétaires mettent les anciennes plantations à la disposition des producteurs de charbon pour renouveler leur exploitation.
L’Etat de Côte d’Ivoire a failli à son devoir
L’Etat de Côte d’Ivoire doit prendre ses responsabilités, pour sensibiliser les populations sur les risques qu’elles courent, et leur montrer la voie à suivre par des gestes simples qui peuvent permettre de sauver de nombreuses personnes qui s’exposent au cancer, par ignorance. Il faut que les recherches plus poussées soient menées par tous les laboratoires susceptibles de jeter les bases d’une normalisation sur la qualité du charbon (nature des essences utilisées et modes de fabrication et d’utilisation). Ce projet pourrait être financé par les Districts autonomes, les Agences de coopération bilatérale et multilatérale, car il s’agit d’un problème de santé publique.
Dossier réalisé par : Fatime Souamée