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Société Publié le mercredi 13 février 2013 | L’Inter

Eglise catholique / Le Père Abekan parle de la démission de Benoît XVI : Ce qu’il recommande pour le carême

© L’Inter Par Prisca
Ramadan : l`abbé Abékan offre du sucre aux Musulmans de la Riviera
Jeudi 02 septembre 2010. Abidjan, Grande mosquée de la Riviera Golf. L`abbé Norbert Abékan et les fidèles de sa paroisse offrent du sucre aux voisins Musulmans qui observent le traditionnel mois de jeûne
Le carême 2013 débute aujourd’hui avec l’imposition des cendres. A la veille de ce temps fort que vont vivre les chrétiens catholiques du monde entier, le Pape Benoît XVI a décidé de déposer la soutane. Quelle sera donc la boussole des fidèles catholiques et comment vivre le mois de carême sans ce guide spirituel. Autant de questions auxquelles répondt le curé de la paroisse Notre Dame de la Tendresse de la Riviéra Golf, le Père Norbert Abekan.

Père Abekan, pouvez-vous nous dire ce que c’est que le temps de carême ?

Le temps de carême, pour mieux le comprendre, il faut le situer dans l’histoire de l’Eglise. On voit comment le peuple d’Israël a quitté la terre d’esclavage d’Egypte pour se rendre en terre promise où le lait et le miel étaient de liberté, et qui est passé au désert pendant 40 jours. La racine du temps de carême, c’est aussi le fait que Jésus-Christ a passé 40 jours, 40 nuits dans le désert, à prier. Et, nous les chrétiens, nous voulons suivre Jésus qui est le chemin, en pensant à ce peuple qui quitte le pays d’esclavage pour aller vers le pays de liberté. Ce temps de carême va être l’occasion pour nous de quitter tout ce qui constitue une vie d’esclave, pour être beaucoup plus libre à la suite du Christ dans la prière. Donc, il y aura des moyens pour atteindre cet objectif. Des moyens qui sont la prière, l’aumône qui permet de s’ouvrir aux autres, et un temps de conversion permanente. Ça va être un temps où nous serons invités à prendre le chemin des confessions.

Pourquoi la cérémonie des cendres pour le débuter ?

Nous sommes des pécheurs, c’est pour cela qu’on commence toujours le carême par l’imposition des cendres. Souviens-toi Homme que tu es poussière et que tu retourneras dans la poussière. Donc, convertis-toi. Le carême va être pour nous, l’occasion qui nous rappelle notre finitude. Donc, nous sommes appelés à nous convertir chaque jour. Ça va être un temps de redoublement d’effort, de jeûne. On va choisir une journée où on ne mange pas, où on prie et chacun choisira personnellement quelque chose à changer. Je peux dire que pendant ce temps-là, je vais faire jeûner ma langue. Moi qui insulte beaucoup, moi qui ne veux pas pardonner, je vais prendre ce temps pour pardonner. Donc, ça dépendra aussi de chacun.

Quelles sont les dispositions à prendre pour bien vivre ce moment ?

D’une manière générale, l’Eglise nous dit de multiplier les prières en communauté et en famille. Il y a donc l’effort communautaire, mais aussi individuel où chacun sera amené à choisir un effort à faire pour plaire à Dieu et pour mieux vivre sa vie de sainteté pendant ce temps de carême.

Cette période recommande beaucoup d’abstinence. A quel moment doit-on se priver de certaines choses ; et quelles sont-elles ?

Nous sommes invités à faire un effort sur quelque chose qui nous coûte. Avant, on disait la viande. Maintenant, on a dépassé ça. Une année, les Évêques avaient mis l’accent sur l’alcool. Parce que les Ivoiriens dépensaient trop d’argent sur l’alcool. Donc, ça dépend de l’Évêque et des moments ou situations qui décident à mettre l’accent sur le plan de la chasteté du sexe, de la nourriture, sur le plan de la piété. Une année, à Saint Jean que je dirigeais, j’ai fait jeûner la langue. Parce que j’ai remarqué qu’entre nous, il y avait trop de méchanceté. Par rapport à la langue, on se blessait trop. Et, j’ai fais jeûner en lien avec ce que les Évêques ont demandé, qui ont dit : ’’cette année, on met l’accent sur l’alcool, on ne boit pas’’.

Quel sera l’effort de carême cette année à Notre Dame de la tendresse ?

Une année, j’ai prévu qu’on fasse des efforts pendant tout ce temps de carême, pour à la fin poser un geste de solidarité pour trois villages qui n’avaient pas grand-chose. Cette année, ce que je vais faire avec les paroissiens, tous les efforts de carême qui seront faits, l’argent qui sera mis de côté sera reversé à l’hôpital psychiatrique de Bingerville. Tous les efforts de carême, c’est pour pouvoir aider les pauvres.


Benoît XVI vient d’annoncer sa démission. En tant que prêtre, qu’est-ce que cela vous inspire ?

J’ai été surpris comme tout le monde. Même les cardinaux qu’il a convoqués, certains ne savaient pas ce qu’il allait leur dire. Il avait son secret qu’il a sorti. Nous avons été surpris. Moi, j’ai quitté ce sentiment d’un peu de découragement, vers quelque chose qui m’a amené à me dire que cet homme est fort. C’est l’occasion de saluer cet homme moralement fort, qui donne un bel exemple du courage et nous dit que nul n’est indispensable sur cette terre. Nous devons faire ce que nous avons à faire, le faire bien là où nous sommes. Il a pris une décision grave, mais qui dénote quoi ? D’abord sa force, son caractère. Ça m’inspire quoi ? Que personne n’est indispensable sur cette terre. Il faut savoir partir. On voit des gens qui occupent des postes, par exemple dans des ministères, ils sont vieux, et ils sont là. Ils ne peuvent même pas signer des documents ; ils sont là. Benoît XVI nous montre comment il faut savoir partir. Nous saluons tout ce qu’il a pu apporter en si peu de temps. On espère que Dieu, à travers les cardinaux, va choisir un nouveau Pape pour nous. On nous dit que d’ici Pâques, il y aura un nouveau Pape.


La démission d’un pape est-elle prévue par les dispositions de l’Eglise catholique ?

Exactement, c’est rare. Il y a eu en 1294, un Pape qu’on appelle Célestin V (il est devenu Saint maintenant), c’est lui qui est parti après 4 mois de papauté. Il a démissionné. C’est pour cela que les gens sont choqués. Or, en plein exercice, Benoît XVI démissionne. Il l’a dit lui-même. Voici ses phrases : ‘’J’ai prié, et sentant que mes forces sont en train de décliner, et que je vois que je ne vais pas être capable de jouer pleinement mon rôle dans ma mission de Pape, je préfère partir’’. Il est un peu malade, lui-même il sent ça. Il ne veut pas qu’on revive un peu ce qu’on a vécu avec le Pape Jean Paul II, où, lui, il est parti jusqu’au bout de sa mission. Lui, il a dit dès le départ que quand il va voir que ses forces vont décliner, il va partir. C’est un homme de parole.


Comment l’élection du nouveau Pape va-t-elle se faire ?

Comme toujours, les cardinaux éligibles (parce que parmi les cardinaux, il y en a qui ont dépassé 80 ans, donc ils ne peuvent plus être éligibles), vont se retrouver en conclave dans le secret et on va voir la fumée blanche sortir. Les cardinaux du monde entier, Blancs comme Africains venant du Sénégal, du Ghana, du Nigéria, vont se rassembler pour élire un Pape.


Après cette renonciation, que va devenir Benoît XVI?

Il va rester un peu au Vatican, et après il ira dans un monastère. Il va rester dans un monastère pour écrire et pour prier. Dans la démission du Pape, je veux inviter les chrétiens à garder la foi et dire qu’ils n’ont pas à se décourager ; de saluer la bravoure de ce grand Pape qu’est Benoît XVI. Nous allons marcher vers Pâques, attendant un nouveau Pape. C’est Dieu lui-même qui dirige son Eglise ; il nous donnera un Pape selon son cœur pour continuer le travail de Benoît XVI qui a continué le travail de Jean Paul II, qui lui-même a continué le travail de Jean Paul I ; ainsi de suite, jusqu’à Pierre.


Entretien réalisé par Irène BATH

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