L’aventure des Eléphants à la Can 2013 en Afrique du Sud a pris fin brusquement (…) avec leur élimination en quart de finale par le Nigeria. Une grosse désillusion que Gadji Céli Saint Joseph, ex-capitaine des Eléphants victorieux à Sénégal 92, tente d’expliquer en situant les responsabilités et se projette sur l’avenir de l’Equipe nationale.
Les Eléphants sont sortis de la Can en quart de finale, c’est une vraie désillusion ?
(Il soupire). Il n’y a pas d’autres mots pour exprimer mon amertume, ma déception. On pensait avoir enfin un deuxième trophée, après Sénégal 92. Surtout avec cette génération. Hélas, mille fois hélas!
C’est une surprise pour toi ?
Si on tient compte de notre classement de première Nation africaine au niveau de la Fifa, du talent individuel de nos joueurs et qu’à l’arrivée, on ne passe pas les quarts de finale face à ce Nigeria-là, il y a de quoi être désagréablement surpris ! Oui, je suis très surpris !
Pourquoi on a perdu face au Nigeria alors que les Eléphants étaient favoris ?
On a perdu tout simplement parce que l’équipe n’a pas joué. On a eu une absence coupable qui nous a été fatale. On ne joue pas un match de quart de finale de cette façon-là ! Le milieu était lourd à l’image de Yaya Touré, avec un repli défensif inexistant de l’ensemble. Ce qui, au finish, a pesé sur la défense qui a craqué. Gervinho a été muselé et il a été transparent. L’attaque n’a pas fonctionné. En gros, les Eléphants ont déjoué. Ils ont laissé les initiatives au Nigeria qui a pris le match à son compte et on l’a payé cash. Pouvait-on prétendre à une demi-finale ou une finale avec une équipe amorphe, attentiste, pas du tout agressive, face à une équipe du Nigeria déterminée ? Sincèrement, non. !
Pourtant l’équipe a flambé face à la Tunisie (3-0). Le problème n’est-il pas ailleurs?
Face à la Tunisie, c’était une illusion, l’arbre qui cache la forêt. Il faut avoir l’honnêteté de dire que l’état d’esprit n’est pas bon dans ce groupe. Il n’y a pas de vraie solidarité, si ce n’est de façade. Il y a des conflits de leadership latents. Il n’y a pas de vrai patron pour porter, conduire tout le monde. Souvenez-vous d’une action au cours de laquelle Didier Drogba a tiré, sans le faire exprès, sur Yaya Touré. Ce dernier s’est énervé et a passé un long moment sur le terrain à se plaindre, pendant que Didier, lui, s’évertuait à lui présenter ses excuses. Pour des coéquipiers engagés pour la même cause, il y a de quoi s’interroger. On se demande même si certains n’étaient pas mécontents que l’entraîneur ait redonné le brassard à Drogba.
C’est l’encadrement technique et les dirigeants qui doivent favoriser la cohésion et éviter les conflits et les égos dans le groupe, non ?
Malheureusement, les dirigeants des Eléphants ne jouent pas ce rôle-là. La Fif, le ministère des Sports, les politiques qui se sont succédés après le Président Houphouët et notre victoire à Sénégal 92, ne font que créer une atmosphère malsaine au sein des Eléphants et autour de l’équipe. C’est la chasse gardée de certaines personnes. J’accuse tous ces gens d’être à la base de l’échec répété des Eléphants. Vous avez vu tous les anciens joueurs nigérians, Kanu, Amokachi, Okocha et autres autour de leur équipe ? Chez nous, c’est impossible, par la volonté de certaines personnes à la Fif, au ministère et au niveau politique. Combien de joueurs de Sénégal 92 avez-vous vus autour des Eléphants en Afrique du Sud pour les encadrer et leur donner des conseils ? Les uns et les autres font tout pour que la mémoire collective oublie qu’on a remporté la première coupe d’Afrique des Nations de l’histoire de la Côte d’Ivoire. Et font croire qu’on ne peut rien apporter aux Eléphants, parce que nous étions des tôliers. Malheureusement pour eux, ce sont ces tôliers qui ont gagné à Sénégal 92 et fait plaisir et honneur à la Côte d’Ivoire.
Mais Alain Gouaméné et Abdoulaye Traoré qui étaient à Sénégal 92 ont des responsabilités au niveau des équipes de jeunes…
C’est tout ? Vous les avez d’ailleurs vus au niveau du staff technique sur le banc en Afrique du Sud ? Et les autres aussi ? Nous sommes des parias. On a servi le pays, nous ne sommes plus bons à rien. En 2008 au Ghana, on m’a appelé pour faire de la figuration dans l’environnement des Eléphants. En m’interdisant de parler aux joueurs et aux encadreurs. Pour me demander ensuite de m’éloigner complètement, tout comme Alain Gouaméné. Parce qu’ils ont peur qu’on dise ce qui se passe en réalité au sein du groupe. Regardez le nombre de joueurs de Sénégal 92 qui sont à la rue, abandonnés, laissés-pour compte. Certains meurent dans la misère sans que les autorités ne réagissent, parce qu’elles n’ont aucune considération pour ces anciens joueurs. Si ces glorieux Eléphants ne sont pas montrés aux plus jeunes comme des modèles, sur qui vont-ils copier pour grandir et remporter une coupe d’Afrique ? On fait tout pour qu’ils n’aient pas de modèles, par jalousie et par malhonnêteté intellectuelle. Conséquence, ils manquent de cœur, de hargne, de solidarité, d’esprit d’équipe, d’amour du drapeau pour se «tuer» sur un stade, malgré leurs talents individuels. Et même là encore, contrairement à ce que des gens soutiennent, je ne suis pas sûr que les joueurs qui composent les Eléphants aujourd’hui soient plus talentueux que Aka Kouamé, Serge Maguy Alain, Tiéhi Joël, Lué Biagné Ruffin, Diaby Sékana, Sam Abouo, Ben Salah, Hobou Arsène, Abdoulaye Traoré, Lignon Nagueu, Youssouf Fofana, Sié Donald Olivier, Alain Gouaméné, Kassy Kouadio Lucien, Didier Otokoré et bien d’au-tres. Qui ont remporté Sénégal 92 et brillé à Tunisie 94 où on a terminé 3e.
Tu es vraiment remonté ! N’y a-t-il pas un peu d’aigreur derrière tout cela ?
Moi, aigri ? Non, pas du tout ! C’est la vérité que je dis. Il y a de l’injustice autour des Eléphants. Il y a des comportements malsains qui ne favorisent pas leur réussite et la consécration du groupe. Dieu n’aime pas l’injustice et l’ingratitude. Quand vous combattez Me Roger Ouegnin qui est à la base de l’éclosion de la plupart des Eléphants d’aujourd’hui, à travers l’Académie, que voulez-vous récolter comme laurier ? Il faut arrêter ces mauvais coups cautionnés par des gens à la Fif et des politiques. Espérons que cela changera un jour pour que notre équipe connaisse une autre gloire que tout le pays attend.
Après l’Afrique de Sud, est-ce que tu vois Lamouchi à la barre, pour les éliminatoires de la coupe du Monde 2014 au Brésil et la prochaine Can?
Le sélectionneur Sabri Lamouchi doit-il rester ou partir ? C’est ceux qui l’ont fait venir qui peuvent répondre à cette question. Ils ont dû lui fixer des objectifs. Ce que je peux dire cependant, c’est qu’on a demandé à François Zahoui de remporter la Can en Guinée Equatoriale. Il a échoué en finale, il a été viré. Lamouchi n’avait pas de Cv comme entraîneur. Il n’a pas passé les quarts de finale. Ceux qui l’ont choisi doivent tirer les leçons qui s’imposent. J’attends de voir la réaction de certains cadres de l’équipe qui, pour leurs intérêts personnels, ont comploté à l’époque pour faire chasser François Zahoui. C’est malheureux. En 1992, nous avons fait corps avec Yéo Martial menacé et on a gagné au Sénégal. Ils n’ont pas soutenu Zahoui, mais il y a une justice pour tous.
Et l’avenir de la génération Drogba ?
Il y a la relève avec des jeunes comme Gervinho, Bony Wilfried, Razack, Cheick Tioté, Copa, Traoré Lacina, Max Gradel, Boka Arthur et bien d’autres, à qui les anciens doivent laisser la place. Il doit y avoir aujourd’hui un passage de témoin mais en douceur, pas de façon brusque. Il y a de la bonne graine parmi les jeunes joueurs qui étaient en Afrique du Sud. Il y a encore des talents au pays et dans de nombreux clubs en Europe. Il n’y a pas de souci à se faire à ce niveau, pour remplacer les anciens.
Source: Abidjandirect.net
Les Eléphants sont sortis de la Can en quart de finale, c’est une vraie désillusion ?
(Il soupire). Il n’y a pas d’autres mots pour exprimer mon amertume, ma déception. On pensait avoir enfin un deuxième trophée, après Sénégal 92. Surtout avec cette génération. Hélas, mille fois hélas!
C’est une surprise pour toi ?
Si on tient compte de notre classement de première Nation africaine au niveau de la Fifa, du talent individuel de nos joueurs et qu’à l’arrivée, on ne passe pas les quarts de finale face à ce Nigeria-là, il y a de quoi être désagréablement surpris ! Oui, je suis très surpris !
Pourquoi on a perdu face au Nigeria alors que les Eléphants étaient favoris ?
On a perdu tout simplement parce que l’équipe n’a pas joué. On a eu une absence coupable qui nous a été fatale. On ne joue pas un match de quart de finale de cette façon-là ! Le milieu était lourd à l’image de Yaya Touré, avec un repli défensif inexistant de l’ensemble. Ce qui, au finish, a pesé sur la défense qui a craqué. Gervinho a été muselé et il a été transparent. L’attaque n’a pas fonctionné. En gros, les Eléphants ont déjoué. Ils ont laissé les initiatives au Nigeria qui a pris le match à son compte et on l’a payé cash. Pouvait-on prétendre à une demi-finale ou une finale avec une équipe amorphe, attentiste, pas du tout agressive, face à une équipe du Nigeria déterminée ? Sincèrement, non. !
Pourtant l’équipe a flambé face à la Tunisie (3-0). Le problème n’est-il pas ailleurs?
Face à la Tunisie, c’était une illusion, l’arbre qui cache la forêt. Il faut avoir l’honnêteté de dire que l’état d’esprit n’est pas bon dans ce groupe. Il n’y a pas de vraie solidarité, si ce n’est de façade. Il y a des conflits de leadership latents. Il n’y a pas de vrai patron pour porter, conduire tout le monde. Souvenez-vous d’une action au cours de laquelle Didier Drogba a tiré, sans le faire exprès, sur Yaya Touré. Ce dernier s’est énervé et a passé un long moment sur le terrain à se plaindre, pendant que Didier, lui, s’évertuait à lui présenter ses excuses. Pour des coéquipiers engagés pour la même cause, il y a de quoi s’interroger. On se demande même si certains n’étaient pas mécontents que l’entraîneur ait redonné le brassard à Drogba.
C’est l’encadrement technique et les dirigeants qui doivent favoriser la cohésion et éviter les conflits et les égos dans le groupe, non ?
Malheureusement, les dirigeants des Eléphants ne jouent pas ce rôle-là. La Fif, le ministère des Sports, les politiques qui se sont succédés après le Président Houphouët et notre victoire à Sénégal 92, ne font que créer une atmosphère malsaine au sein des Eléphants et autour de l’équipe. C’est la chasse gardée de certaines personnes. J’accuse tous ces gens d’être à la base de l’échec répété des Eléphants. Vous avez vu tous les anciens joueurs nigérians, Kanu, Amokachi, Okocha et autres autour de leur équipe ? Chez nous, c’est impossible, par la volonté de certaines personnes à la Fif, au ministère et au niveau politique. Combien de joueurs de Sénégal 92 avez-vous vus autour des Eléphants en Afrique du Sud pour les encadrer et leur donner des conseils ? Les uns et les autres font tout pour que la mémoire collective oublie qu’on a remporté la première coupe d’Afrique des Nations de l’histoire de la Côte d’Ivoire. Et font croire qu’on ne peut rien apporter aux Eléphants, parce que nous étions des tôliers. Malheureusement pour eux, ce sont ces tôliers qui ont gagné à Sénégal 92 et fait plaisir et honneur à la Côte d’Ivoire.
Mais Alain Gouaméné et Abdoulaye Traoré qui étaient à Sénégal 92 ont des responsabilités au niveau des équipes de jeunes…
C’est tout ? Vous les avez d’ailleurs vus au niveau du staff technique sur le banc en Afrique du Sud ? Et les autres aussi ? Nous sommes des parias. On a servi le pays, nous ne sommes plus bons à rien. En 2008 au Ghana, on m’a appelé pour faire de la figuration dans l’environnement des Eléphants. En m’interdisant de parler aux joueurs et aux encadreurs. Pour me demander ensuite de m’éloigner complètement, tout comme Alain Gouaméné. Parce qu’ils ont peur qu’on dise ce qui se passe en réalité au sein du groupe. Regardez le nombre de joueurs de Sénégal 92 qui sont à la rue, abandonnés, laissés-pour compte. Certains meurent dans la misère sans que les autorités ne réagissent, parce qu’elles n’ont aucune considération pour ces anciens joueurs. Si ces glorieux Eléphants ne sont pas montrés aux plus jeunes comme des modèles, sur qui vont-ils copier pour grandir et remporter une coupe d’Afrique ? On fait tout pour qu’ils n’aient pas de modèles, par jalousie et par malhonnêteté intellectuelle. Conséquence, ils manquent de cœur, de hargne, de solidarité, d’esprit d’équipe, d’amour du drapeau pour se «tuer» sur un stade, malgré leurs talents individuels. Et même là encore, contrairement à ce que des gens soutiennent, je ne suis pas sûr que les joueurs qui composent les Eléphants aujourd’hui soient plus talentueux que Aka Kouamé, Serge Maguy Alain, Tiéhi Joël, Lué Biagné Ruffin, Diaby Sékana, Sam Abouo, Ben Salah, Hobou Arsène, Abdoulaye Traoré, Lignon Nagueu, Youssouf Fofana, Sié Donald Olivier, Alain Gouaméné, Kassy Kouadio Lucien, Didier Otokoré et bien d’au-tres. Qui ont remporté Sénégal 92 et brillé à Tunisie 94 où on a terminé 3e.
Tu es vraiment remonté ! N’y a-t-il pas un peu d’aigreur derrière tout cela ?
Moi, aigri ? Non, pas du tout ! C’est la vérité que je dis. Il y a de l’injustice autour des Eléphants. Il y a des comportements malsains qui ne favorisent pas leur réussite et la consécration du groupe. Dieu n’aime pas l’injustice et l’ingratitude. Quand vous combattez Me Roger Ouegnin qui est à la base de l’éclosion de la plupart des Eléphants d’aujourd’hui, à travers l’Académie, que voulez-vous récolter comme laurier ? Il faut arrêter ces mauvais coups cautionnés par des gens à la Fif et des politiques. Espérons que cela changera un jour pour que notre équipe connaisse une autre gloire que tout le pays attend.
Après l’Afrique de Sud, est-ce que tu vois Lamouchi à la barre, pour les éliminatoires de la coupe du Monde 2014 au Brésil et la prochaine Can?
Le sélectionneur Sabri Lamouchi doit-il rester ou partir ? C’est ceux qui l’ont fait venir qui peuvent répondre à cette question. Ils ont dû lui fixer des objectifs. Ce que je peux dire cependant, c’est qu’on a demandé à François Zahoui de remporter la Can en Guinée Equatoriale. Il a échoué en finale, il a été viré. Lamouchi n’avait pas de Cv comme entraîneur. Il n’a pas passé les quarts de finale. Ceux qui l’ont choisi doivent tirer les leçons qui s’imposent. J’attends de voir la réaction de certains cadres de l’équipe qui, pour leurs intérêts personnels, ont comploté à l’époque pour faire chasser François Zahoui. C’est malheureux. En 1992, nous avons fait corps avec Yéo Martial menacé et on a gagné au Sénégal. Ils n’ont pas soutenu Zahoui, mais il y a une justice pour tous.
Et l’avenir de la génération Drogba ?
Il y a la relève avec des jeunes comme Gervinho, Bony Wilfried, Razack, Cheick Tioté, Copa, Traoré Lacina, Max Gradel, Boka Arthur et bien d’autres, à qui les anciens doivent laisser la place. Il doit y avoir aujourd’hui un passage de témoin mais en douceur, pas de façon brusque. Il y a de la bonne graine parmi les jeunes joueurs qui étaient en Afrique du Sud. Il y a encore des talents au pays et dans de nombreux clubs en Europe. Il n’y a pas de souci à se faire à ce niveau, pour remplacer les anciens.
Source: Abidjandirect.net