Les deux grands clubs de la Côte d’Ivoire s’affrontent le dimanche 24 février 2013. Et ce, pour le compte de la 14ème journée de la ligue 1 de football. Avant cette opposition Asec-Africa, regard sur ces deux équipes qui depuis un moment ne font plus rêver . Pourquoi Actionnaires et Membres associés ne sont plus trop motivés pour soutenir leur équipe ? Que faire pour retrouver ces grands moments où les rencontres de l’Asec ou de l’Africa attiraient les populations ? Au-delà des commentaires ça et là sur la question, L’Intelligent d’Abidjan a voulu comprendre, en profondeur, la situation. Voici ce qui ressort.
Aujourd’hui, c’est quasi impossible de voir le stade Félix Houphouët Boigny refuser du monde pour un match de ces deux clubs ou pour un derby Asec-Africa. De l’époque de Laurent Pokou à celui de la génération des Académiciens en passant par l’ère d’Abdoulaye Traoré dit Ben Badi, il y avait une forte mobilisation, de la passion, autour des matches de l’Asec ou de l’Africa. Les derbies entre ces deux équipes n’avaient rien à envier à ceux livrés en occident. Depuis plus d’une décennie, peu d’Ivoiriens s’intéressent aux rencontres de ces formations phares de la Côte d’Ivoire. C’est devant des gradins presque vides que ces deux clubs évoluent. « Plus de 20 ans en arrière, même la nuit, le stade Houphouët-Boigny était rempli pendant un match de l’Asec ou de l’Africa. Aujourd’hui, on est obligé de jouer une rencontre Asec-Africa au Stade Robert Champroux parce que les gens ne vont plus au terrain », affirme Zadi François, enseignant à la retraite. Boua Jérôme, cadre dans une structure d’assurance, pour mieux exprimer à sa façon le manque d’engouement des Ivoiriens envers ces deux clubs, fait savoir ceci : « Ils sont nombreux comme moi ces supporters de l’Asec ou de l’Africa qui ne connaissent même pas le nom d’un seul joueur de leur équipe ». Puis de renchérir : « A l’époque, l’on pouvait donner la liste des joueurs de l’Asec ou de l’Africa qui devraient débuter une rencontre».
L’Etat et les dirigeants interpellés
Pour Kanga Rovia, secrétaire exécutif de l’Africa Sports, cette situation est due au fait que l’instance fédérale ne mène aucune politique qui puisse mobiliser les populations pour un match de l’Asec, de l’Africa ou pour un derby entre ces deux clubs. « Les spots publicitaires à la télévision et faire l’entrée au stade gratuite, ne suffisent pas », a-t-il ajouté. Kanga Rovia souligne également que les clubs ne font rien pour amener les supporters autour d’eux. « On ne recrute plus de joueurs de génie », dira-t-il. Avant d’appuyer que la situation s’est aggravée avec la facilité que les uns et les autres ont aujourd’hui de suivre les matches occidentaux. « On préfère rester devant son écran pour suivre un match européen de qualité que d’aller regarder une rencontre de bas niveau au stade Robert Champroux », fait-t-il savoir. Kassy Kouadio Lucien, ancien sociétaire de l’Asec (dans les 1980 et 1990) et de l’Africa (à la fin de sa carrière dans les années 1990), situe le problème à deux niveaux : il n’y a plus de grands dirigeants et de joueurs talentueux au plan local. Le chargé de recrutement à l’Asec poursuit en pointant également le désordre qui règne actuellement dans le football ivoirien. « N’importe qui vient aujourd’hui au football. Et la plupart des présidents de clubs viennent pour faire des affaires », a-t-il fustigé. Beugré Yago Eugène, ex-sociétaire de l’Africa Sports dans les années 1990 et responsable d’un centre de formation de football, tient le même discours : « Il n’y a plus de grands joueurs et de grands dirigeants de la trempe de Simplice Zinsou ». Puis d’ajouter que la passion a disparu dans le football national. « M. Simplice Zinsou faisait venir en Côte d’Ivoire de grands joueurs africains pour animer le championnat », a-t-il affirmé. Au-delà de l’Asec et de l’Africa qui sont en perte de vitesse, Kassy Kouadio Lucien estime qu’il faut une volonté politique pour redynamiser le football local. « Il faut un apport de l’Etat aux clubs suivi d’un cahier de charges que chaque formation devra respecter. Une façon de professionnaliser notre football », propose-t-il. L’ancien milieu offensif de l’Asec soutient son argument en s’appuyant sur l’exemple du Gabon : « Dans ce pays, l’Etat donne par saison 750 millions de FCFA à chaque club. Ne soyons pas surpris que, dans un ou deux ans, la plupart des joueurs ivoiriens aillent jouer au Gabon ». Dans la même veine, Kanga Rovia appelle la Fédération à mener une politique de promotion et de développement du football national. « On ne doit pas s’arrêter qu’au discours. Il faut donner les moyens aux clubs afin d’avoir de grandes équipes », a-t-il conclu.
Raymond Dibi
Aujourd’hui, c’est quasi impossible de voir le stade Félix Houphouët Boigny refuser du monde pour un match de ces deux clubs ou pour un derby Asec-Africa. De l’époque de Laurent Pokou à celui de la génération des Académiciens en passant par l’ère d’Abdoulaye Traoré dit Ben Badi, il y avait une forte mobilisation, de la passion, autour des matches de l’Asec ou de l’Africa. Les derbies entre ces deux équipes n’avaient rien à envier à ceux livrés en occident. Depuis plus d’une décennie, peu d’Ivoiriens s’intéressent aux rencontres de ces formations phares de la Côte d’Ivoire. C’est devant des gradins presque vides que ces deux clubs évoluent. « Plus de 20 ans en arrière, même la nuit, le stade Houphouët-Boigny était rempli pendant un match de l’Asec ou de l’Africa. Aujourd’hui, on est obligé de jouer une rencontre Asec-Africa au Stade Robert Champroux parce que les gens ne vont plus au terrain », affirme Zadi François, enseignant à la retraite. Boua Jérôme, cadre dans une structure d’assurance, pour mieux exprimer à sa façon le manque d’engouement des Ivoiriens envers ces deux clubs, fait savoir ceci : « Ils sont nombreux comme moi ces supporters de l’Asec ou de l’Africa qui ne connaissent même pas le nom d’un seul joueur de leur équipe ». Puis de renchérir : « A l’époque, l’on pouvait donner la liste des joueurs de l’Asec ou de l’Africa qui devraient débuter une rencontre».
L’Etat et les dirigeants interpellés
Pour Kanga Rovia, secrétaire exécutif de l’Africa Sports, cette situation est due au fait que l’instance fédérale ne mène aucune politique qui puisse mobiliser les populations pour un match de l’Asec, de l’Africa ou pour un derby entre ces deux clubs. « Les spots publicitaires à la télévision et faire l’entrée au stade gratuite, ne suffisent pas », a-t-il ajouté. Kanga Rovia souligne également que les clubs ne font rien pour amener les supporters autour d’eux. « On ne recrute plus de joueurs de génie », dira-t-il. Avant d’appuyer que la situation s’est aggravée avec la facilité que les uns et les autres ont aujourd’hui de suivre les matches occidentaux. « On préfère rester devant son écran pour suivre un match européen de qualité que d’aller regarder une rencontre de bas niveau au stade Robert Champroux », fait-t-il savoir. Kassy Kouadio Lucien, ancien sociétaire de l’Asec (dans les 1980 et 1990) et de l’Africa (à la fin de sa carrière dans les années 1990), situe le problème à deux niveaux : il n’y a plus de grands dirigeants et de joueurs talentueux au plan local. Le chargé de recrutement à l’Asec poursuit en pointant également le désordre qui règne actuellement dans le football ivoirien. « N’importe qui vient aujourd’hui au football. Et la plupart des présidents de clubs viennent pour faire des affaires », a-t-il fustigé. Beugré Yago Eugène, ex-sociétaire de l’Africa Sports dans les années 1990 et responsable d’un centre de formation de football, tient le même discours : « Il n’y a plus de grands joueurs et de grands dirigeants de la trempe de Simplice Zinsou ». Puis d’ajouter que la passion a disparu dans le football national. « M. Simplice Zinsou faisait venir en Côte d’Ivoire de grands joueurs africains pour animer le championnat », a-t-il affirmé. Au-delà de l’Asec et de l’Africa qui sont en perte de vitesse, Kassy Kouadio Lucien estime qu’il faut une volonté politique pour redynamiser le football local. « Il faut un apport de l’Etat aux clubs suivi d’un cahier de charges que chaque formation devra respecter. Une façon de professionnaliser notre football », propose-t-il. L’ancien milieu offensif de l’Asec soutient son argument en s’appuyant sur l’exemple du Gabon : « Dans ce pays, l’Etat donne par saison 750 millions de FCFA à chaque club. Ne soyons pas surpris que, dans un ou deux ans, la plupart des joueurs ivoiriens aillent jouer au Gabon ». Dans la même veine, Kanga Rovia appelle la Fédération à mener une politique de promotion et de développement du football national. « On ne doit pas s’arrêter qu’au discours. Il faut donner les moyens aux clubs afin d’avoir de grandes équipes », a-t-il conclu.
Raymond Dibi